Djénabou Touré prend fonction à la DGE : “les élections sont des compétitions saines entre adversaires, non entre ennemis”

Nommée récemment par décret présidentiel, Mme Camara Djenabou Touré a été officiellement installée dans ses fonctions de Directrice générale de la Direction Générale des Élections (DGE) lors d’une cérémonie tenue ce jeudi à Conakry.

La cérémonie s’est déroulée en présence des membres du gouvernement, des forces de défense et de sécurité, du personnel du MATD (Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation), ainsi que de proches de la promue.

Dans son discours de circonstance, la nouvelle promue, Mme Camara Djenabou Touré, a d’abord exprimé sa gratitude au Chef de l’État, au Premier ministre, Chef du Gouvernement, et au Ministre de l’Administration du Territoire présent à la cérémonie. Elle a ensuite souligné que prendre la tête d’un organe gouvernemental chargé de la gestion des élections en période de transition est un défi immense, un défi, a-t-elle dit, qui appelle à l’aide divine.

Consciente de l’ampleur des responsabilités liées à ses fonctions, la Directrice Générale des Élections s’est engagée à accomplir sa mission en se remettant à Dieu, son Créateur, et en gardant la foi en Lui.

« J’ai pleinement conscience de la responsabilité qui nous incombe : celle de contribuer au retour à l’ordre constitutionnel de notre pays. Et soyez assurés que nous ne ménagerons aucun effort pour atteindre cet objectif.

Je travaillerai main dans la main avec tous les cadres de la Direction Générale des Élections, les cadres du MATD, les personnes-ressources et les acteurs de bonne volonté, comme une équipe soudée, afin de faire rayonner la démocratie par l’organisation de scrutins transparents, libres et inclusifs », a-t-elle assuré.

La Directrice Générale des Élections a rappelé que « La République de Guinée se trouve à un tournant décisif de son histoire électorale depuis l’adoption du multipartisme intégral en 1992. Cela fait suite au scrutin référendaire du 23 décembre 1990, qui avait mobilisé 3 004 961 électeurs inscrits, avec une adoption massive de la Loi fondamentale par 98,68 % des votants ».

« Ce vote historique, poursuit-elle, à l’instar de celui du 28 septembre 1958, démontre que notre pays s’est engagé de longue date dans la voie électorale et démocratique. La Guinée est considérée, à juste titre, comme le berceau de la démocratie en Afrique, à travers son vote historique de 1958, mais aussi comme un précurseur des droits humains, notamment grâce à la Charte de Kouroukanfouga, qui consacre les droits des femmes, des jeunes, des enfants et de la communauté tout entière. »

Et d’ajouter : « Depuis plus de 60 ans, la marche politique de la Guinée est balisée, avec ses hauts et ses bas, ses périodes d’espoir et de crise. Des tensions électorales ont existé, mais elles ne doivent pas devenir des fatalités. Mon équipe et moi avons pour rôle de transcender les clivages ethniques, communautaires et régionalistes afin de redonner espoir à chaque citoyen guinéen, et hisser notre pays au rang des grandes démocraties. Si cette marche politique est ancienne, elle est aussi jalonnée de crises, de contestations politiques, de manifestations violentes, de destructions de biens publics et privés, et malheureusement, de pertes en vies humaines. À cela s’ajoutent des contentieux électoraux récurrents. Trop souvent, les accords politiques ont supplanté les lois de la République, sans pour autant satisfaire pleinement leurs signataires. Ces situations ont failli faire basculer notre pays, mais la grâce d’Allah, depuis toujours, veille sur la Guinée. »

Selon la Directrice Générale des Affaires Politiques et de l’Administration Électorale au MATD, «l’avènement du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), le 5 septembre 2021, a marqué un tournant décisif. Il a ouvert la voie à une rectification institutionnelle courageuse, centrée sur le renforcement de la démocratie. Cette rectification place l’organe de gestion des élections au cœur de l’action, face à sa responsabilité technique, sans exclure aucun acteur du processus, mais en assignant à chacun son rôle et ses devoirs. »

Plus loin, Mme Camara Djenabou Touré a saisi l’occasion pour tendre la main aux acteurs politiques et à la société civile, les invitant à œuvrer ensemble pour le bien du pays.

« Les acteurs sociopolitiques et nous, administrateurs électoraux, devons dorénavant œuvrer ensemble dans le respect mutuel, dans les limites claires de nos rôles respectifs. La République de Guinée est notre bien commun, notre patrimoine collectif. Chacun doit jouer sa partition avec loyauté, sans abîmer ni écorcher notre édifice national. Les élections sont des compétitions saines, entre adversaires, non entre ennemis. Les candidats sont tous des Guinéens, des frères et sœurs. Ces moments doivent servir à renforcer notre cohésion, et non à la déchirer. Nous avons le devoir collectif d’éduquer et de bâtir un pays uni et prospère. Je reste convaincue que les défis qui nous attendent seront relevés grâce à la conjugaison des efforts de tous. »

L’experte électorale de conclure en ces termes : « C’est dans cet esprit que je tends une main fraternelle à tous les cadres du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, aux autres cadres concernés, aux plateformes de la société civile, aux partis politiques, aux hommes et femmes de la presse, aux forces de défense et de sécurité, aux leaders d’opinion, aux religieux et à toutes les bonnes volontés, afin de nous accompagner dans cette noble mission. Aux cadres de la Direction Générale des Élections, je le dis : le chemin ne sera pas aisé. Mais ensemble, dans le respect, la rigueur, le professionnalisme et le patriotisme, nous réussirons. Ensemble, nous redonnerons espoir au peuple de Guinée. »

Mamadou Yaya BARRY

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