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Le port artisanal de Lambanyi situé dans la commune de Ratoma a été le théâtre d’un déguerpissement la semaine dernière. Environ 150 familles de pêcheurs dont des femmes fumeuses de poissons travaillant sur le site de débarquement ont été expulsées de force de la zone qu’elles occupaient depuis plus d’un demi-siècle et où elles gagnent leur vie.
Après qu’elles aient été sommées de quitter les lieux dans un délai de 72 heures, des gendarmes agissant au nom de l’État ont fait irruption un matin aux environs de 9h avec une dizaine de pick-up et des machines pour démolir le site. Les responsables du port affirment avoir essayé en vain de rentrer en contact avec le Ministère de la Pêches et de l’Économie maritime. Ensuite avec le maire de la commune qui aurait répondu qu’il n’était pas au courant de la situation et que par conséquent il ne pouvait rien faire.
Les familles affectées par l’expulsion se retrouvent aujourd’hui sans abri. Certains parmi eux passent la nuit à la belle étoile. Les femmes parfois des nourrices, pour offrir un peu de sécurité aux enfants, dorment dans leurs pirogues ou sous des hangars qui leur servent de foyers. Les enfants dans un état de vulnérabilité sont exposés à toutes les maladies. Sous le soleil toute la journée et la nuit ils se retrouvent à combattre les insectes et le vent.
« C’est un traitement inhumain que nos femmes et nos enfants subissent. Beaucoup de régimes nous ont trouvés ici sans jamais nous embêter. Plusieurs communautés gagnent leur vie ici. On a perdu plus de 21 baraques, des filets de pêches, des habits, des maisons et même notre mosquée n’a pas été épargnée. Le ministre de la Sécurité était tout près au niveau de la station, il observait la scène. J’ai demandé aux femmes d’aller pleurer sur ses pieds en me disant peut-être qu’il serait touché par leurs larmes mais sa garde a interdit à nos femmes de s’approcher après il est parti. Le chef de quartier nous dit qu’il n’est pas au courant et qu’il ne peut rien faire. Nous sommes traités comme des non guinéens pourtant on paye régulièrement nos taxes. Nous sommes conscients que ce port appartient à l’État, nous demandons juste au président d’aider nos femmes qui souffrent énormément », implore David Bangoura, le chef de port adjoint.
Se trouvant dans des lieux insalubres, sans aucune condition d’hygiène appropriée, les femmes crient à l’aide. C’est le cas de Mabinty Camara (image en avant) souffrant de diabète et d’hypertension qui a vu son foyer s’envoler tout d’un coup.
« Je souffre du diabète et de la tension depuis la mort de mon mari mais c’est là que je gagne la survie de ma famille. Malgré mon état de santé, si seulement nous étions avertis, nous aurions quitter au lieu de subir toutes ses pertes mais nous n’avons jamais été avertis. Toutes les femmes que vous voyez élèvent leurs enfants grâce à ce travail de pêche, moi personnellement depuis le régime de Sékou Touré je suis ici. J’ai élevé tous mes enfants ici. C’est notre foyer. Ils nous ont fait pleurer et j’espère que cela ne se répercutera pas sur leur régime. Ils ont été brutaux envers nous les femmes et nos enfants. Nous avons tout perdu, nos matériaux de pêche, nos objets de valeurs tout s’est envolé et depuis ce jour c’est le silence total. Nous demandons avec les larmes aux yeux au président Mamady Doumbouya de nous venir en aide ».
Mamadama Soumah, poissonnière et mère de quatre enfants regrette les moyens employés par les forces de l’ordre et interpelle le président à intervenir afin que ses enfants puissent reprendre le chemin de l’école.
« Nous avons été chassés comme des animaux. Mes enfants et moi n’avons plus aucun endroit pour dormir et c’est sous ce soleil brûlant que nous passons nos journées. Mes enfants ne partent plus à l’école. Nos foyers ont été complètement détruits et l’avenir de nos enfants est affecté. Aucun de mes enfants ne part à l’école en ce moment. Après notre expulsion de force, ils ont perdu tous leurs documents scolaires y compris les tenues, nous devons tout reprendre et c’est dur pour eux », se désole-t-elle.
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