Décès tragique d’Abdoulaye Camara au port de Dapilon (Boké) : « Nous voulons que justice soit faite »

Comme annoncé dans une de nos précédentes dépêches, un grave accident s’est produit dans la nuit du 29 au 30 octobre 2025 au port de Dapilon, dans la préfecture de Boké. Abdoulaye Camara, un ouvrier travaillant au compte de la société minière WAP a succombé après qu’un conteneur lui est tombé dessus. L’incident s’est produit aux environs de 3 heures. La victime, en service sur le 3ᵉ poste, était en train de faire le classement des conteneurs, en compagnie d’un conducteur chinois, quand un drame s’est produit. Sa famille accuse les responsables chinois de la société WAP et réclame justice.

Au téléphone de Guineematin.com ce vendredi, 31 octobre 2025, Aly Camara a accusé les Chinois d’avoir laissé son frère se vider de son sang, plusieurs heures après l’accident.

Aly Camara, frère de la victime

« Le petit (Abdoulaye Camara) est décédé par négligence de l’entreprise. Sinon, cet accident ne devait pas arriver. L’accident s’est produit vers trois heures du matin. C’est un Chinois qui conduisait leur grue. Le petit était en train de travailler : il avait accroché un côté du conteneur, mais il n’avait pas encore fini d’accrocher le deuxième. C’est à ce moment-là que le conteneur a glissé et est tombé sur son pied. Maintenant, imaginez quelqu’un qui fait une hémorragie. Tout le monde connaît le poids d’un conteneur. Le petit a eu l’accident à trois heures et il est resté là jusqu’à sept heures. C’est énorme ! Personne ne peut résister à cela. Après tout ça, le matin, ces gens-là ont cherché à effacer toutes les traces avant l’arrivée des autorités. Ce sont les Chinois qui l’ont fait. Mais moi, je ne condamne pas les Chinois. Le vrai problème, ce n’est pas eux, c’est nous, les Guinéens. Ce sont nos autorités, celles qui sont censées défendre les travailleurs guinéens, qui refusent de jouer leur rôle. Il faut qu’on arrête d’accuser les Chinois. Ils ne sont pas chez eux, ils sont chez nous. Ils sont obligés de suivre les lois et les principes de notre pays. Mais si nous-mêmes, Guinéens, refusons de défendre nos propres frères, dans ces conditions, nos travailleurs continueront à mourir dans ces entreprises. Ce n’est pas la première fois : il y a à peine quelques jours, il y a encore eu un autre accident mortel au port », a-t-il dit.

Poursuivant, Aly Camara a réclamé justice pour ce décès survenu à cause de l’indifférence des responsables de la société WAP.

Abdoulaye Camara, victime

« Mon frère travaillait avec WAP, au port. Là-bas, ils s’occupent du classement des colis, de l’orientation. Chez les Chinois, il n’y a même pas d’organisation claire : on peut prendre un maçon et l’envoyer faire un travail qu’il ne connaît pas du tout. Si un accident arrive, à qui la faute ? Tu viens le matin, on te dit : vas là-bas, tu vas faire de la maçonnerie. Et pourtant, dans ton contrat, c’est écrit que tu es électricien ! Que fait alors l’inspection du travail ? C’est à elle de faire respecter les lois du pays. Les travailleurs ont leurs contrats, tout est écrit noir sur blanc. Il y en a même qui sont menacés à cause de ces situations. Tu viens, tu es recruté comme électricien, on te dit de faire la maçonnerie, sinon tu seras licencié. Pourtant, ton contrat stipule bien ta fonction. Le contrat, c’est ce qui lie l’employeur et l’employé. Mon frère avait fait une école professionnelle. Il n’a jamais travaillé dans le domaine des grues ou des conteneurs. Il a étudié la maçonnerie. Et toi, tu prends quelqu’un qui ne connaît rien à ce domaine, tu l’envoies manipuler une grue et des conteneurs… C’est comme le sacrifier. L’accident s’est produit dans la nuit du mercredi au jeudi. Il était au troisième poste, de 23 h à 7 h. Il n’a pas survécu à la douleur : il a succombé après avoir perdu beaucoup de sang. Pour le moment, il n’y a eu aucune réparation. La famille est en deuil. Les autorités sont venues le matin, elles ont vu le corps, mais entre-temps, les responsables avaient déjà déplacé les conteneurs et effacé toutes les traces. Nous, nous attendons la fin du deuil. Ensuite, nous voulons que justice soit faite. On ne peut pas laisser passer ça comme ça. La mort, c’est la mort, mais il y a aussi la manière. Les circonstances comptent. Quand la mort arrive, on l’accepte, mais il faut aussi que la vie humaine soit respectée », a-t-il déclaré.

Drame au port de Dapilon (Boké) : un employé de la société minière WAP, écrasé par un conteneur, meurt faute de secours

Ismael Diallo pour Guineematin.com 

Tél : 624 69 33 33

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