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Abdoul Gadiri Fofana, ancien directeur comptable au ministère du Budget sous le régime d’Alpha Condé, a comparu ce mercredi z7 novembre 2024, devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) dans une affaire de détournement de deniers publics, enrichissement illicite, corruption d’agents publics et blanchiment de capitaux. Il est poursuivi avec Ousmane Bangoura sous mandat de dépôt depuis mars 2024, par le parquet spécial et l’agent judiciaire de l’État pour des malversations portant sur un montant de 125 milliards 991 millions de francs guinéens.
Les accusations remontent à 2020, dans le cadre d’un mouvement de grève mené par le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) alors dirigé par Aboubacar Soumah. Suite à ce conflit, un accord aurait été signé le 28 janvier 2020 entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation, visant à verser des primes d’incitation aux enseignants, variant de 450 000 à 1 300 000 francs guinéens en fonction des zones géographiques. Une commission spéciale, dont Abdoul Gadiri Fofana était le comptable, a été mise en place pour gérer et effectuer ces paiements.
À la barre, le prévenu Abdoul Gadiri Fofana a nié les faits qui lui sont reprochés. Il a expliqué que le montant de 125 milliards de francs guinéens mentionné dans l’accusation ne correspondait pas aux fonds qu’il avait gérés. Selon lui, il n’a perçu que 37 milliards de francs guinéens, destinés aux primes des enseignants, ainsi que 4 milliards pour les perdièmes des membres des différentes commissions. Il a précisé que les paiements des primes étaient effectués sous la supervision des commissions spécialisées, dont il était le comptable.
Il a ajouté que tous les enseignants avaient été payés par bulletin, et non par billetage, en janvier 2021, une méthode qu’il affirme avoir adoptée pour une gestion plus transparente.
En ce qui concerne les accusations relatives à des achats de matériel, Fofana a indiqué que la somme de 515 millions de francs guinéens mentionnée par l’accusation correspondait aux coûts des équipements nécessaires pour la mise en place de la commission, mais que ce montant n’avait pas été décaissé de manière simultanée. « Je ne reconnais pas les 125 milliards GNF. Ce montant ne correspond à aucune réalité dans ma gestion », a-t-il ajouté.
Abdoul Gadiri Fofana a aussi répondu aux interrogations de ses avocats sur ses biens personnels, expliquant qu’il possédait deux parcelles à Coyah, où des boutiques étaient en construction, ainsi que deux comptes bancaires à Vista Gui et à la Société Générale, mais qu’ils ne contenaient que son salaire mensuel de 5 millions GNF. Il a également insisté sur le fait que ses biens avaient été acquis de manière légale, et qu’il n’avait jamais détourné de fonds.
Lors de son témoignage, Fofana a également souligné qu’aucun enseignant ne s’était plaint de ne pas avoir reçu sa prime. Selon lui, il aurait dû être remercié pour avoir permis à tous les enseignants de recevoir leurs primes en temps voulu, au lieu d’être poursuivi.
Le président de la cour, Yaghouba Conté, après avoir entendu les arguments de la défense, a décidé de renvoyer l’affaire au 11 décembre 2024 pour la comparution de la partie civile, représentée par l’agent judiciaire de l’État, absent à l’audience d’aujourd’hui.