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Inspecteur des services financiers et comptable de profession, Mamadou Saidou Baldé a comparu ce lundi, 11 mars 2024, devant la chambre de jugement de la Cour de répression des informations économiques et financières (CRIEF). Cet ancien receveur communal, aujourd’hui à la retraite, est poursuivi devant cette juridiction pour détournement de deniers publics, faux et usage de faux en écritures publiques et corruption portant sur plus de 46 milliards de francs guinéens au préjudice de l’Etat et des pensionnés civils et militaires de la commune de Matoto. A la barre, devant le président Yaghouba Conté assisté de Mohamed Samoura et de Fodé Kadjaly Keita, le prévenu a nié les accusations portées à son encontre, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Après avoir recueilli l’identité du prévenu, le président de la Cour Yaghouba Conté a exposé les faits mis à sa charge, selon l’ordonnance de renvoi. « Monsieur Mamadou Saïdou Baldé, vous êtes poursuivi devant cette Cour, pour avoir, à Conakry, courant année 2021, détourné ou tenté de détourner des fonds, notamment la somme de 46 milliards 888 millions 085 milles 473 francs guinéens au préjudice de l’Etat et des pensionnaires civils et militaires de la commune de Matoto ; d’avoir ensuite altéré frauduleusement la vérité de nature à causer des préjudices et accompli par quelques moyens que ce soit, dans un dossier public ou tout autre support d’expression de la pensée, ayant pour objet ou peut avoir pour effet la preuve d’endroit d’un fait ayant les conséquences juridiques ; d’avoir enfin, dans les mêmes circonstances de temps et de lieux, accepté directement ou indirectement un avantage indu pour vous-même en vue d’accomplir un acte dans l’exercice de vos fonctions de receveur communal de Matoto. Est-ce que vous reconnaissez les faits ? », a interrogé le juge.
Des accusations que Mamadou Saïdou Baldé va rejeter d’un revers de main avant de s’expliquer. « Non ! Non ! Non ! Je ne reconnais pas les faits. Je vois déjà que les déclarations faites ici, dans cette ordonnance, sont nettement différentes de celles que j’ai faites lors de l’établissement de l’ordonnance du 23 juillet 2023. C’est-à-dire tout ce que j’ai dit devant le président n’a pas été pris en compte dans l’ordonnance signée par le président d’alors. Ça, c’est la première des choses. Je vous disais, par rapport aux questions que vous m’avez posées de savoir si je reconnais les faits, je vous ai dit non. Je suis comptable de formation. J’ai été receveur communal de Matoto. Un receveur d’une commune ne peut pas se permettre de prendre la pension, le salaire, sans que cela ne crie. Moi, en tant que receveur communal de Matoto, mes attributions étaient de recevoir des fonds du trésorier de la ville de Conakry pour payer la pension civile et militaire et les salaires. C’est impossible de détourner un seul franc. Ce n’est pas du tout possible. Les montants qui viennent sont connus d’avance de tout le monde. Ensuite, quand un franc manque sur une pension, qu’elle soit civile ou militaire ou bien sur un salaire, ça ne restera pas comme ça. Ça va crier. Et personne ne s’est plaint de n’avoir pas reçu son argent. Je ne comprends pas comment est-ce que ce détournement a pu avoir lieu. Cela n’est pas du tout possible. Quand je reçois le chèque avec le trésorier de la ville de Conakry, je fais la remise sur mon compte logé à la BCRG. Aussitôt, je donne à chacun des payeurs son chèque pour aller payer les bénéficiaires. Au Camp Alpha Yaya par exemple, ce sont les militaires eux-mêmes qui payent ; après, ils ramènent les coupons de paiement. C’est la caissière qui représente la caisse de prévoyance à mon niveau qui paie les pensions civiles sur la demande des ayant-droit ; et ça, c’est avec les bulletins de paie », a expliqué Mamadou Saïdou Baldé.
Cependant, parmi les chèques qu’il a signés, le prévenu reconnaît en avoir signé un avec erreur. « Ça arrive à l’homme. A ce moment, j’étais dans un état où cela allait m’arriver. Je ne m’en suis pas rendu compte. Ça a été vraiment une erreur. Mais, ça a été également réglé. Sinon, ça allait forcément crier, si c’est au préjudice de quelqu’un. C’est moi-même qui ai signé, mais ce n’est pas moi qui remplis les chèques. On m’envoie les chèques remplis pour que je les signe. Alors, c’est dans ça que j’ai signé le chèque qui avait des erreurs. Et je n’avais pas nullement cette intention », a-t-il déclaré.
L’avocat du prévenu, maître Rafi Razza, qui s’interroge sur les vrais motifs de la poursuite contre son client, estime que les infractions articulées ne tiennent pas.
« Mon client a expliqué qu’il a signé un chèque qui a été rempli parce que ce n’est pas lui qui remplit les chèques. On les lui porte pour signer. Il a signé un chèque rempli par erreur sur le budget national en faveur du budget communal. Et quand ils s’en sont rendu compte, 3 jours après, il a interpellé le maire pour faire la correction en émettant un chèque du budget communal pour le budget national. Voilà le problème… Parce que, c’est ça que le ministère public, l’agent judiciaire ou l’Etat a dû voir pour croire qu’il y a eu détournement. Or, la correction avait été déjà faite. C’est pour cela que vous voyez qu’il y a des difficultés même à lui poser des questions. C’est parce que toutes les preuves ont été fournies que la correction a été faite, et en plus, les bénéficiaires ont reçu leur argent. Sinon, en matière de budget national sectoriel, c’est-à-dire santé ou éducation, c’est impossible de détourner. L’éducation attend toujours à la porte pour être payée, ils sont à votre porte à tout moment, il n’y a jamais eu de cris. Pourquoi il n’y a jamais eu de cris ? Mon client a toujours répété en disant que c’est impossible pour lui de le faire. Il y eu une erreur à un moment, mais elle a été corrigée », a dit l’avocat de la défense.
La Cour a renvoyé le dossier au 7 avril prochain pour la communication des pièces à conviction et la suite des débats.
Mamadou Laafa Sow Guineematin.com
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