CRIEF: accusé  de détournement, l’ancien ministre de l’économie rejette les faits, le dossier renvoyé

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Le procès de l’ancien ministre de l’économie et des finances Mamadi Camara, poursuivi pour « détournement de deniers publics, corruption, blanchiment de capitaux et enrichissement illicite », s’est ouvert ce lundi 05 février 2024 devant la chambre de jugement de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF).

Le procès à peine ouvert, le nouveau juge Yakhouba Conté a demandé à Mamadi Camara s’il reconnaît avoir « détourné, soustrait, ou tenté de détourner ou de soustraire des deniers, effets tenant lieu des pièces, titres de paiement, valeurs mobilières, dettes contenant ou opérant une obligation de décharge, effets immobiliers, denrées, œuvres d’art, ou objets quelconques au préjudice de l’État. Dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, vous avez accepté directement ou indirectement un avantage indu pour vous-même afin de vous abstenir, d’accomplir un acte dans l’exercice de vos fonctions ; d’avoir converti et transféré des fonds, sachant bien qu’ils proviennent d’une activité criminelle ou de participation à une activité criminelle, dans le but de cacher ou de dissimuler l’origine illicite desdits biens ou d’aider toute personne impliquée dans cette activité afin d’éviter les conséquences juridiques des actes qu’elle a commis. Et en votre qualité d’ex-ministre de l’Économie et des Finances, après cette mise en demeure, vous avez été dans l’incapacité de justifier l’origine licite de ces ressources qui vous permettent d’être en possession d’un patrimoine ou de mener un train de vie sans rapport avec les revenus légaux » ? Et comme il fallait s’y attendre, l’ancien Ministre a répondu « non » tout en se justifiant: «J’ai été nommé à la Banque Centrale de la République de Guinée où j’ai gravi tous les échelons jusqu’à devenir Chef de cabinet. Ensuite, j’ai été nommé conseiller spécial du gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée. Par la suite, j’ai travaillé en tant que consultant à la Banque Africaine de Développement (BAD) à Tunis pendant 9 ans et demi. J’ai également travaillé à l’ONUSIDA… J’ai été nommé en mai 2018 comme ministre de l’économie et des finances et mes fonctions ont pris fin en septembre 2021, alors que j’étais ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Guinée en Afrique du Sud à Pretoria, où j’ai exercé mes fonctions pendant 4 ans et demi. J’ai fait 3 ans, 3 mois à la tête de ce ministère…Mon rôle était situé au niveau de la dépense publique… La collecte des revenus est principalement située au niveau du ministère du budget… »,a-t-il souligné d’entrée.

Le représentant de la partie civile absent a sollicité un renvoi car n’étant pas informé de la tenue de cette audience.

«Nous sommes pressés que ce dossier soit évoqué et qu’on passe à autres choses. Même s’il n’est pas en détention mais cela fait deux ans qu’il est privé de liberté et même pour aller se faire soigner. Nous nous opposons à cette demande de renvoi et l’Etat prendra le train en marche», ont plaidé les avocats de la partie civile.

Le ministère public a abondé dans le même sens que l’avocat de la partie civile.

« La procédure pénale doit être équitable et contradictoire. Nous estimons qu’il y a lieu de lui accorder ce renvoi pour le respect du code de procédure pénale», a plaidé Aly Touré le procureur spécial de la CRIEF.

Le juge a ainsi renvoyé l’audience au 26 février 2024 pour le respect du contradictoire.

Aïssata Barry

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