CRIEF : Abdoulaye N’Doye N’Diaye poursuivi pour escroquerie sur 570 mille dollars (réactions croisées des avocats)

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Les audiences de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) ont enregistré, ce mardi 12 mars 2024, le dossier opposant Abdourahamane Mohamed (Nigérien) à Abdoulaye N’Doye N’Diaye (Sénégalais). Ce dernier, jugé en appel devant la CRIEF, est accusé d’escroquerie, usurpation de fonction, faux et usage de faux en écritures publiques, association de malfaiteur. Des infractions punies par les articles 403, 585 et suivants, 678 et 784 du code pénal.

Condamné en première instance à 4 années de prison ferme avec le remboursement du montant incriminé en plus des hommages et des intérêts, cet agent commercial aéronautique, de nationalité sénégalaise, âgé de 40 ans estime avoir commis une erreur et par conséquent, sollicite la clémence de la Cour.

C’est le juge Francis Kova Zoumanigui qui a présidé l’audience. Le parquet était dirigé par Aly Touré, le Procureur spécial de la CRIEF.

Après plusieurs heures de débats sur le fond du dossier, ponctués d’hésitations et d’interrogations dans les réponses données par Abdoulaye N’Doye N’Diaye, en mandat de dépôt depuis le 21 octobre 2021, les avocats de la défense ont sollicité et obtenu de la Cour, le renvoi du dossier à la huitaine (le mardi 19 mars prochain).

Au sortir de l’audience, la presse dont Guineematin.com a recueilli les réactions croisées des deux parties.

Pour la partie civile, le prévenu cherche à reconnaître les faits pour une réduction de la peine.

Sory Baïlo Barry, avocat de la partie civile, revient sur la genèse de cette affaire. Il explique comment son client a été piégé par le prévenu et ses complices.

Me Sory Baïlo Barry, avocat de la partie civile

« C’est une escroquerie de grande échelle qui s’est déroulée entre Lomé (au Togo), Niger, Dakar (Sénégal) et Conakry (Guinée). Mon client Abourahamane Mohamed a acheté des œuvres d’art. Il est tombé dans un filet. Des gens l’ont convaincu qu’ils avaient des objets d’art à revendre. Mais en réalité, il n’y avait pas d’objets d’art. Ils ont demandé des sommes faramineuses qu’il a envoyées. Ils ont filmé des caisses soit disant que c’est de la marchandise et lui ont envoyé ces images. Chaque fois, ils lui demandent d’envoyer de l’argent, puisqu’il y a un blocage par-ci et par là. Des montants en Francs CFA qui portent sur plus de 500 mille dollars américains, sans compter  les autres frais ont été envoyés. A chaque fois, ils font monter des gens comme celui qui est à la barre (Abdoulaye N’Doye N’Diaye). Celui-ci se faisait passer pour un Colonel de la douane sénégalaise et qu’à ce titre, il pouvait l’aider à acheminer la marchandise, sans problème. Il demande de l’argent à mon client. Celui-ci verse le montant. Après on dit qu’il faut que la marchandise transite par Conakry. Et chaque deux jours, ils lui demandent de l’argent. Après, mon client se dit, attend, il faut que je vienne à Conakry voir. Il est venu loger à l’hôtel Sheraton et leur dire de venir le rencontrer. C’est comme ça qu’ils sont venus et ils ont été arrêtés ».

Mais plus grave, des objets compromettants ont été retrouvés sur les prévenus.

« On a trouvé sur les prévenus des cachets de la Direction nationale de la police de l’air et des frontières de Guinée, des documents signés par la police de l’air et des frontières, des cachets de la douane guinéenne et des documents signés de la douane guinéenne. Abdoulaye N’Doye N’Diaye a reconnu tout ceci devant le juge d’instruction. Tout cela a été fabriqué pour extorquer des fonds », estime cet avocat de la partie civile.

Le prévenu après sa condamnation, cherche à reconnaître pour espérer une réduction de la peine.

« En 2021, il a été jugé en première instance et condamné à 4 ans de prison et au remboursement du montant incriminé avec les dommages et intérêts. Ils ont fait appel. Vous avez vu, s’il y a eu renvoi au 19 mars, c’est à cause de ça. Il estime qu’ il faut qu’il reconnaisse les faits pour espérer bénéficier d’une réduction de peine. Mais vous avez constaté avec moi que l’avocat qui constitué récemment n’a pas eu de concertation avec lui…

Nous, on est à l’aise dans la procédure puisqu’il a été entendu librement depuis le cabinet d’instruction et devant ses avocats, il a reconnu les faits », fait savoir Maître Sory Baïlo Barry.

De son côté, la défense entend démonter les arguments du parquet pour obtenir la liberté de son client. C’est du moins, ce qu’indique Maître Kabinet Kola Kéïta.

Me Kabinet Kola Kéïta, avocat de la défense

« Depuis le 21 octobre 2021, mon client Abdoulaye N’Doye N’Diaye est en détention suite à une poursuite contre lui devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) pour escroquerie sur un montant de 570 000 dollars américains. Depuis le début de cette procédure, mon client a été victime de plusieurs violations de ses droits. Nous avons plusieurs procédures incidentes mais la CRIEF  a été sourde et muette face à ces violations des droits de mon client Abdoulaye N’Doye N’Diaye. Depuis ce matin, tel que nous avons vu les orientations du dossier, nous les conseils avons décidé d’harmoniser nos points-de-vue et le langage pour combattre le parquet qui est en train de passer par tous les moyens pour montrer la culpabilité de notre client », promet la défense.

D’ailleurs pour Me Kabinet Kola Kéïta, la question d’aveu doit être prise avec pincette.

« Il a reconnu avoir dit toutes ces déclarations devant le juge d’instruction. Mais ce qu’il n’a pas dit, ce sont les conditions dans lesquelles ces déclarations ont été tenues… La question d’aveu doit être prise avec pincette. Un prévenu peut faire des aveux dans l’optique d’obstruer la procédure, il peut faire des aveux dans l’optique de cacher les vrais coupables, il peut également faire des aveux dans l’espoir d’avoir la liberté tout de suite. C’est cette question d’aveu qui fera l’objet de débat à la prochaine audience », explique cet avocat de la défense.

Dans ce dossier, des questions restent à élucider. Si Youssoufa N’Daw, logeur des personnes incriminées a été libéré par la CRIEF, un certain Commandant Kaba de la douane et Aly Jabir, cités dans le dossier qui continuent de courir en toute liberté, posent des interrogations.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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