Consommation de la drogue Kush : Yamoussa Bangoura propose une batterie de mesures pour éradiquer le fléau (Entretien)

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Alors qu’elle fait partie des types de drogue nouvellement apparus en Guinée, la Kush continue de faire des ravages au sein de la jeunesse guinéenne.

La consommation de ce stupéfiant, souvent mortel, préoccupe les acteurs de la société civile, notamment ceux œuvrant dans la lutte contre la drogue en Guinée.

Dans un entretien accordé à notre rédaction ce vendredi 13 juin 2025, Yamoussa Bangoura, Coordinateur National de l’ONG « Services d’aide aux jeunes en situation difficile par la drogue », a déploré ce phénomène et a appelé à des actions urgentes pour lutter efficacement contre ce fléau.

Mosaiqueguinee.com : M. Bangoura, depuis 2022, un phénomène nouveau inquiète : la drogue Kush, extrêmement dangereuse, fait des ravages chez les jeunes. Beaucoup en consomment et en meurent. En tant qu’activiste, quel regard portez-vous sur cette situation ?

Yamoussa Bangoura : C’est regrettable. Je commencerais par souligner que les indicateurs sont au rouge. En un temps record, nous avons perdu une dizaine de jeunes. Cela prouve que les stratégies actuelles ne sont pas efficaces. Il faut les revoir complètement. Il y a également un problème de volonté politique et d’engagement.

Qui sont les plus touchés par cette drogue ?

Le plus inquiétant, c’est que la consommation se répand. Ce ne sont plus seulement les gangs. On retrouve des enfants de 12 à 13 ans, parfois même plus jeunes. Et cela se féminise aussi. Aujourd’hui, des filles en meurent. Il faut le dire : il y a plusieurs variétés de drogues. Avant, on en connaissait que quelques-unes. Maintenant, une nouvelle drogue plus puissante et synthétique est apparue.

Avez-vous accueilli des consommateurs de Kush dans votre centre de désintoxication ?

Oui, mais nous n’avons pas encore de traitement adapté pour cette drogue. Les cas que nous recevons nécessitent parfois des perfusions, des soins pour atténuer les effets. Les médecins tâtonnent, car cette drogue est encore mal connue. Il faut que les chercheurs se penchent sur un traitement spécifique.

Dites-nous ce que vous pensez des mesures répressives actuelles en Guinée ?

Là encore, il faut revoir la méthode. Quand un consommateur est arrêté, on l’envoie directement à la maison centrale pour quatre ans. Cette peur pousse les jeunes à se cacher, à fuir les autorités, et ils meurent dans l’isolement. Il faut arrêter de considérer ces jeunes comme des criminels. Ils sont malades, ils ont besoin d’aide, pas d’être rejetés. La dépendance à la drogue est une maladie grave.

Que proposez-vous concrètement ?

La police est débordée, il faut le reconnaître. La lutte doit être citoyenne. On doit agir au niveau des quartiers, des mairies, des districts, avec des campagnes de sensibilisation. Il faut un numéro vert, créer des polices de proximité, réviser les plans d’action communaux. Nous devons mettre en place une stratégie solide et efficace pour réduire la consommation de drogue et lutter contre le trafic. Il faut un mécanisme d’alerte précoce et des actions rapides contre les trafiquants. Il faut également renforcer les moyens mis à disposition des acteurs de terrain (prévention, traitement, réinsertion socio-professionnelle). L’État doit les soutenir financièrement, techniquement et matériellement.

Pour lutter efficacement contre la consommation de cette drogue, quel rôle les familles doivent-elles jouer ?

La responsabilité parentale est essentielle. Les jeunes de 18 à 35 ans sont les plus touchés. Le stress social, la disponibilité et l’accessibilité à la drogue, les mauvaises fréquentations sont des facteurs. Mais ce sont des causes surmontables, avec de bonnes campagnes d’information et de mobilisation sociale. Il faut encourager les jeunes à pratiquer des activités saines.

Quel message avez-vous à l’endroit de la population ?

Attention ! Certains consommateurs se font passer pour des mendiants afin de récolter de l’argent pour acheter de la drogue. La population doit rester vigilante.

En résumé, la drogue Kush est une véritable menace publique. Les victimes doivent être prises en charge comme des malades, accompagnées vers la réinsertion. L’avenir de notre jeunesse en dépend.

Mosaiqueguinee.com : Merci beaucoup pour votre disponibilité.

Yamoussa Bangoura : Merci à vous, et bonne journée.

Entretien réalisé par Hadja Kadé Barry

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