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5Lors d’un échange téléphonique, le Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou s’est exprimé sur la situation actuelle à Foumbadou (Lola), en région forestière, dénonçant les missions de médiation envoyées dans la région comme étant empreintes de préjugés. Selon lui, ces missions échouent à apaiser les tensions, car elles ne parviennent pas à écouter impartialement les belligérants. Le médecin a insisté sur la nécessité d’une intervention neutre, sans pression ni parti pris, pour éviter d’aggraver la situation et garantir une résolution durable du conflit.
« Nous pensons que si on doit envoyer une mission d’apaisement ou de sensibilisation, il ne faut pas qu’elle aille avec des préjugés. Quand vous allez pour régler un problème entre des belligérants, la chose à faire d’abord c’est de les écouter sans parti pris », a-t-il déclaré. Selon lui, les médiateurs envoyés dans des situations telles que celle de Foumbadou, localité de la préfecture de Lola, arrivent souvent avec une idée préconçue des causes du conflit. Ce qui empêche toute écoute véritable des deux parties.
Le médecin a également rappelé la situation similaire qui s’est produite à Womey, dans la région de N’Zérékoré, où une mission de médiation a échoué à apaiser les tensions. « On a voulu intervenir entre eux, mais plutôt c’était pour aller intimider les gens », a-t-il déploré. Il a expliqué que, sous la pression de ces médiations tendancieuses, de nombreux habitants ont dû fuir dans la forêt pour échapper aux représailles, certains y perdant même la vie à cause des morsures de serpents.
La peur de la répression, un obstacle au dialogue
Le Dr Edouard Zoutomou a également mis en lumière la crainte des habitants de la région, qui redoutent que toute médiation aboutisse à une répression violente. « Ceux qui sont en brousse aujourd’hui à Lola ont certainement peur que l’État, qui a les moyens de coercition, puisse venir les imposer à une certaine ligne de conduite, ou les obliger à faire des confessions, ou simplement les mettre en prison sans raison », a-t-il affirmé. Selon lui, cette peur de la répression empêche une véritable résolution du conflit, car les personnes concernées ne se sentent pas en sécurité pour s’exprimer librement.
L’acteur politique guinéen a souligné que, pour qu’une médiation soit efficace, elle doit d’abord instaurer un climat de confiance. « Il faut au moins adopter une position de neutralité, ne serait-ce que montrer qu’on est disposé à écouter les gens », a-t-il insisté. Malheureusement, selon lui, l’État et les délégations envoyées ne parviennent pas à rassurer la population locale. Les médiateurs arrivent souvent avec une orientation déjà prise, rendant impossible toute forme de dialogue sincère.
La question des pots-de-vin et de la corruption
Une autre préoccupation soulevée par le Dr Zoutomou concerne la corruption qui gangrène les efforts de médiation. Selon lui, une grande partie des missions sont biaisées en raison des pots-de-vin et de l’influence des acteurs économiques locaux, notamment les éleveurs. « Les délégations vont avec ces préjugés qui leur font croire que le problème ne provient pas des éleveurs, mais des autochtones », a-t-il expliqué, précisant que ces derniers sont souvent victimes d’une interprétation erronée de la situation.
Il a déploré que certains médiateurs soient influencés par les éleveurs, qui possèdent des ressources financières considérables. « Quand les pots-de-vin viennent, c’est parce que ceux-là savent, ces jeunes qui sont aujourd’hui en forêt, savent que quand on parle de délégation officielle, ce sont les éleveurs qui ont l’argent », a-t-il ajouté. Cette situation empêche une médiation objective, rendant encore plus difficile la résolution du conflit.
Un appel à la responsabilité de l’État et des médiateurs
Le Dr Zoutomou a conclu son intervention en appelant l’État à assumer ses responsabilités et à adopter une position plus transparente et équitable. « Il faut que l’État assure les populations locales qu’il est prêt à écouter les deux parties et à agir avec impartialité. Les autorités doivent également rassurer ceux qui ont fui dans la forêt, car la situation actuelle n’est pas une solution », a-t-il souligné.
Il a aussi recommandé aux habitants de Foumbadou (Lola) de ne pas se laisser intimider par les délégations envoyées et de participer activement aux dialogues, même s’ils estiment que la mission est déjà biaisée. « Même si a priori vous êtes convaincus que la délégation qui vient sera contre vous, il faut quand même y aller parce que c’est une façon de montrer à l’opinion ce que vous êtes en train de reprocher à la délégation », a-t-il conseillé, mettant en lumière l’urgence d’une médiation sincère et impartiale pour éviter que le conflit à Foumbadou ne se transforme en une crise plus profonde, qui risque de déstabiliser davantage la région.
En attendant, la situation sur le terrain reste tendue, avec des populations qui restent dans la peur, hésitant à participer à des dialogues, de crainte d’être persécutées pour leurs opinions. Le défi pour les autorités et les médiateurs est désormais de restaurer cette confiance essentielle à la paix.
Sâa Robert Koundouno
L’article Conflit à Foumbadou : Dr Zoutomou dénonce l’échec de la médiation est apparu en premier sur Mediaguinee.com.