Conakry : des maisons abandonnées après les inondations, des habitants désertent le quartier Entag

Dans la haute banlieue de Conakry, précisément dans le quartier Entag, une dizaine de maisons sont à l’abandon après les inondations de la semaine dernière. La zone garde toujours les impacts des dégâts causés par le passage de l’eau. Quelques victimes encore présentes dans le quartier ont trouvé refuge chez le propriétaire d’un immeuble R+3. Ils lancent un cri de cœur et demandent à l’Etat de leur venir en aide, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Ici, à côté du grand tuyau, visible par les passants, le calme apparent cache une réalité douloureuse. Plusieurs habitations sont aujourd’hui désertes, abandonnées par leurs propriétaires à la suite des fortes inondations qui ont récemment frappé la zone. L’eau, qui a envahi ruelles, concessions et maisons, a provoqué des dégâts matériels importants et poussé de nombreuses familles à fuir. Les pluies torrentielles tombées ces derniers jours ont transformé le quotidien des habitants en cauchemar.

Dans certaines concessions, les traces de la montée des eaux sont encore visibles : murs détériorés, mobiliers détruits, puits pollués, et dans bien des cas, des logements rendus complètement inhabitables. On se croirait dans une zone de guerre. Salematou Doumbouya, trouvé en train de préparer, est l’une des victimes encore dans la zone. Même si sa maison est inhabitable, elle dit n’avoir nulle part où aller. Elle passe la nuit chez un voisin.

« Nous souffrons beaucoup ici. Actuellement, nous passons la nuit chez un voisin qui est propriétaire d’un étage. C’est notre maison que vous voyez là, nous n’avons pas où aller, nous n’avons rien. Moi, mon mari est décédé et mes enfants sont encore très petits. Vous voyez, je suis en train de préparer du riz comme ça sans sauce. Nous n’avons rien et nous n’avons pas où aller. Ici, tout le monde a laissé sa maison. D’autres sont allés dans d’autres quartiers et nous qui n’avons pas où aller, sommes restés chez le voisin et peu de nos objets sont là-bas, sinon on a perdu beaucoup de choses. C’est la troisième fois qu’on est victime d’inondation mais, c’est la pire.  Le Gouverneur est venu avec quelques membres du gouvernement, ils n’ont rien dit, ils ont juste fait le filmage et sont repartis. Ils ne nous ont rien donné aussi. Ce qu’on peut dire au gouvernement, c’est de nous aider, on souffre »

Sa petite fille, Zenab Camara, explique comment l’inondation les a surpris avant de lancer un appel à l’Etat.

Zenab Camara, victime

« Euh, on a souffert. Nous sommes pauvres et la pluie aussi a tout emporté. Ce jour, c’est à 22 heures que la pluie a commencé. Ma grand-mère était à la maison avec nos enfants. J’ai vu la pluie, et l’eau montait, puisque c’était maintenant dans la cour. Donc, moi j’ai ouvert la porte pour que l’eau sorte, mais il ne fallait pas, l’eau m’a prise jusqu’ à la hanche. Je suis rentrée dans la maison, j’ai trouvé que grand-mère et les enfants pleuraient, ils ne pouvaient rien. Je me suis mis a crier maintenant, et les jeunes sont venus nous aider à faire sortir les enfants. Quand on est venu ici à l’étage, l’eau a fait tomber le mur de notre maison et tous les objets sont partis. Actuellement, même ce qu’on mange, ce sont les voisins qui nous donnent, nous n’avons rien. Que le gouvernement nous vienne en aide, nous n’avons même plus rien à manger », a-t-elle confié.

Dans le quartier, les menuisiers qui sont installés sous le tuyau reprennent leurs activités petit à petit. Mais selon Boundou Soumah, les pertes sont énormes et ils doivent rembourser les clients.

Boundou Soumah, menuisier

« La pluie qui est venue a fait des dégâts dans cette zone. Nous avons presque tout perdu dans l’atelier, y compris les commandes des clients et mes outils de travail. Des voitures des voisins ont été emportées et les personnes qui occupaient ces maisons ont quitté les lieux. Les gens sont venus nous recenser, les autorités aussi sont venues, mais en terme d’aide nous n’avons rien reçu et nous demandons de l’aide. Puisque nous avons perdu des commandes de nos clients et nous devons rembourser », a-t-il dit.

Alors que les sinistrés appellent à l’aide et que l’inquiétude grandit face à une possible résurgence de maladies hydriques, les autorités se font rares sur le terrain. En attendant une réaction concrète des services compétents, Entag reste marqué par ces inondations qui ont déplacé des dizaines de familles et laissé derrière elles des maisons fantômes.

Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com

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