La bibliothèque américaine de l’Université Générale Lansana Conté de Sonfonia, Conakry, a été ce mercredi 29 janvier 2025, le théâtre d’un événement marquant dans le monde littéraire et social. Il a été question de la dédicace d’une œuvre écrite par Dre Zalikatou Diallo, ancienne députée guinéenne et militante infatigable pour les droits des femmes.
Profondément marquée par sa propre expérience et celle de ses sœurs, un lundi 7 août 1972, l’auteure a dénoncé une pratique encore largement présente dans certaines régions du pays et au-delà.
Ce récit poignant de 19 pages qui aborde de front la problématique des Mutilations Génitales Féminines (MGF), avec pour titre : » Ce jour où nous fûmes exisées « , Stoppons les Mutilations génitales féminines, elle a mis en exergue, les conséquences à court et moyen terme que subissent les femmes, surtout pendant l’accouchement.
Cette publication, qui fait suite à sa première parution en avril 2022, constitue une avancée significative dans la lutte contre les MGF. Par son écriture, Dr Diallo brise un silence longtemps entretenu autour de cette question taboue. À court terme, l’œuvre a souligné des conséquences physiques telles que : l’état de choc dû à la douleur par manque d’anesthésie, l’infection et le retard de cicatrisation (…).
À moyen terme, l’auteure a mentionné des problèmes gynécologiques, la formation de kystes dermoïdes vulvaires et des abcès vulvaires, la stérilité, les infections des voies urinaires, les douleurs pendant les rapports sexuels et même lors de l’accouchement(…).
L’ouvrage dédicacé ce mercredi, a été présenté en présence de plusieurs figures de l’élite guinéenne, notamment d’anciens ministres, de hauts cadres du gouvernement et de responsables académiques, soulignant l’importance de ce combat dans l’agenda national. Cette rencontre aux dires de certains témoins, « illustre non seulement la force du témoignage de Dre Zalikatou Diallo, mais aussi l’urgence de l’engagement collectif pour mettre fin à cette pratique barbare qui touche des milliers de femmes et de filles à travers le monde ».
Un témoignage personnel qui brise tout silence
Dre Zalikatou Diallo, elle-même victime de cette pratique il y a des décennies, a exprimé son désir profond de briser le silence autour des MGF. Elle a expliqué que son propre parcours, marqué par la douleur et les souffrances liées à l’excision, l’a poussée à s’engager davantage dans la lutte contre ce fléau. « Briser le silence face à cette pratique néfaste est la principale raison qui m’anime dans cet ouvrage », a-t-elle déclaré lors de la dédicace.
Dans ce livre, l’auteure se livre sans fard, décrivant les épreuves vécues avec sa sœur et les autres femmes excisées. Plus loin, elle a exposé de manière détaillée les conséquences graves et multiples de l’excision sur la santé physique et psychologique des victimes.
Un appel à l’action et à la mobilisation collective contre les MGF
Dans son discours, Dre Zalikatou Diallo a insisté sur l’importance de la mobilisation collective pour lutter contre le fléau. Elle a rappelé que, bien que de nombreux efforts aient été fournis pour éradiquer cette pratique, les MGF continuent d’être une réalité dans de nombreuses sociétés, y compris en Guinée. « Notre combat contre les MGF doit demeurer sans bémol, et il est impératif de mettre fin à cette pratique qui, de surcroît, ne repose sur aucune base scientifique ni fondement rationnel », a-t-elle ajouté.
Poursuivant, l’auteure a souligné l’importance d’une collaboration étroite entre les différents acteurs locaux, nationaux et internationaux. C’est dans ce contexte qu’elle a évoqué les initiatives de sensibilisation menées par des ONG, des organisations internationales telles que l’UNFPA, l’UNICEF, l’OMS, et les actions législatives entreprises pour interdire la pratique. Cependant, elle a mis en lumière le fait que malgré ces efforts, les mutilations génitales féminines demeurent un défi persistant.
Les défis mondiaux de l’éradication des MGF
Au-delà de la Guinée, Dre Zalikatou a également évoqué l’ampleur du phénomène à l’échelle mondiale. Elle a particulièrement insisté sur les pays d’Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Nord, ainsi que sur les communautés émigrées dans les pays occidentaux, où les MGF sont malheureusement toujours pratiquées. « Il est important de signaler les pays concernés et de poursuivre la lutte pour éradiquer ce fléau dans le monde entier », a-t-elle affirmé, mentionnant l’initiative de certains députés de Gambie, qui avaient proposé une loi visant à lever l’interdiction des MGF dans le pays. « Ce type de recul est inacceptable, mais il souligne l’importance d’une vigilance constante », a déclaré Dre Zalikatou Diallo.
Témoignage puissant de l’ancienne Ministre de l’Éducation
Hadja Aicha Bah Diallo, également présente à la dédicace, a témoigné de l’impact profond de l’ouvrage de Dre Zalikatou Diallo. Elle a exprimé son admiration pour la manière dont l’auteure a su aborder un sujet aussi délicat et tabou. « Elle a pris tout son temps pour expliquer le danger qu’une femme excisée encoure, particulièrement au moment de l’accouchement », a déclaré l’ex-ministre, soulignant l’importance du livre dans la lutte contre les MGF.
Des propositions concrètes pour continuer la lutte
Dans son ouvrage, Dre Zalikatou Diallo a formule des recommandations concrètes pour accélérer la lutte contre les MGF. Elle a plaidé pour une synergie accrue entre les gouvernements, les organisations internationales, les ONG et la société civile. Aussi, des actions de sensibilisation continue, l’application stricte des lois interdisant l’excision, et un soutien psychologique et médical renforcé pour les victimes sont quelques-unes des propositions avancées par l’auteure.
« Nous devons faire feu de tout bois pour inverser cette tendance », a-t-elle conclu, appelant à un engagement plus ferme et soutenu de toutes les parties prenantes.
Sâa Robert Koundouno
L’article « Ce jour où nous fûmes excisées »- Le livre de Zalikatou Diallo qui appelle à stopper les mutilations génitales féminines est apparu en premier sur Mediaguinee.com.