Affrontement entre Dounkimagna et Nassouroullaye (Dalaba) : des blessés et d’importants dégâts matériels enregistrés

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Les tensions sont vives depuis le weekend dernier entre les habitants du secteur Dounkimagna (dans la commune urbaine de Dalaba) et ceux du secteur Nassouroullaye (dans la commune rurale de Kaala). Ces populations à vocation agropastorale se disputent la paternité d’un domaine cultivable. Et, leur différend a déjà conduit à de violents affrontements qui ont fait plusieurs blessés. Ces affrontements ont également causé d’importants dégâts matériels. Plusieurs cases ont été brûlées, des maisons ont été vandalisées et des animaux (des boeufs) ont été tués. Les autorités préfectorales de Dalaba redoutent le pire dans cette affaire. Et, c’est pourquoi le préfet Fodé Abdoulaye Sylla a lui-même conduit une visite sur les lieux pour constater les dégâts et chercher à apaiser les tensions.

Selon les informations confiées à Guineematin.com, c’est un conflit latent qui a éclaté samedi dernier avec l’attaque dont Oumar Bella Diallo, un habitant de Dounkimagna, a été victime dans son champ. Il y était allé pour travailler (pulvériser) quand un groupe de natifs de Nassouroullaye l’a pris à partie. Il a été « battu, torturé » et finalement déposé à la gendarmerie de Dalaba.

En réponse à cette agression contre l’un des leurs, les habitants de Dounkimagna se sont rendus lundi dernier à Nassouroullaye pour y semer la terreur. Ils ont blessé plusieurs personnes, brûlé des cases, vandalisé des maisons, tué des animaux (des boeufs) et causé d’autres dégâts matériels.

« Ils sont venus me trouver devant ma porte et m’ont posé la question de savoir pourquoi ma porte fait face à leur district. J’ai répondu que c’est mon choix, c’est ce que j’aime. Ils m’ont dit alors qu’ils vont nous saccager aujourd’hui parce que nous voulons les tricher. J’ai dit : non, la rivière qui nous sépare reste la limite entre nous, vous n’avez pas à prendre des positions contre nous. La rivière aussi ne veut pas dire couper les rapports existants entre nous, mais elle peut être la limite entre nous. Mais, ce que vous voulez avec nous, vous n’aurez pas ça. C’est ainsi que Kawou Conté m’a dit : alors personne ne va passer la nuit à Pellal ici. J’ai répondu : Kawou Conté, vous mentez. Directement ils ont pris la hache et ont blessé un de nos jeunes. J’ai crié : au secours ! venez ! venez… La justice avait tranché en nous rendant ce domaine, mais vous continuez à nous menacer… J’ai perdu 3 500 000 francs, des habits, des dossiers », a expliqué Madame Kamissa Barry.

Abondant dans le même sens, Oumar Djouldé Barry confie que leurs agresseurs venus de Dounkimagna étaient armés.

« Les gens de Dounkimagna sont venus en groupe, on ne pouvait absolument rien contre eux. Ils étaient nombreux, nous avons pris la fuite avec nos familles. Là où on était (leur lieu de refuge), on apercevait la fumée de nos habitations. Ils étaient armés. Nous, on n’avait pas d’arme, c’est n’était donc pas possible de s’arrêter devant eux. Nous sommes sortis de là où on était caché, parce que nous avons compris que c’est vous (les autorités préfectorales de Dalaba) qui êtes venus maintenant sur le lieu. Pour le moment, je ne peux pas estimer ce que j’ai perdu ici. J’ai six enfants, et chacun de nous a quelque chose. De l’autre côté, c’est ma boutique qui est vandalisée encore », s’est plaint Oumar Djouldé Barry.

Cet autre habitant de Nassouroullaye, Thierno Amadou Barry, était en train de porter ses chaussures quand il a entendu le bruit des agresseurs de Dounkimagna. Il a pris ses jambes à son cou pour sauver sa vie. Mais, ses biens ont fait les frais.

« J’étais prêt pour sortir, je portais mes chaussures, lorsque j’ai entendu le bruit des gens de Dounkimagna qui venaient vers nous. Voyant que je ne pourrais rien contre eux, je me suis sauvé. Selon ce qu’ils nous ont dit à la justice, le domaine nous appartient. Celui qui conteste cela peut se rendre là-bas pour les revendications et nous avons 10 jours pour ça, à compter du jeudi passé. Cela les a mis mal à l’aise. J’ai perdu deux moteurs (motopompe), 100 kilomètres de pomme de terre, 7 000 000 de francs et plusieurs autres objets », a-t-il indiqué.

Pour Mamadou Yero Barry, c’est la vive allure de sa tante qui détaillait pour échapper aux impitoyables agresseurs de Dounkimagna qui l’a alerté sur le danger qui le guettait.

« Je mangeais avec ma femme lorsque j’ai vu ma tante passer devant nous en courant. C’est ainsi que j’ai constaté le mouvement des gens et le feu sur les cases. J’ai pris la fuite avec ma femme et notre bébé. Un instant après, nous avons vu le feu chez nous aussi, puis chez ma mère aussi. Ils sont partis avec nos biens. Ma moto et une somme de 3 865 000 francs étaient à l’intérieur de ma maison », a-t-il confié avec désolation.

Interrogé sur cette violente agression dont les populations de sa juridiction géopolitique ont été victimes, Amadou Oury Barry, le chef du secteur Nassouroullaye, a indiqué que les meneurs de cette attaque sont connus.

« Les gens de Dounkimagna sont venus ici avec plusieurs sortes d’armes blanches et des fusils, mais ils n’ont heureusement pas tiré. Ils disent qu’ils sont venus pour nous saccager. Au lieu de prendre le risque, nous avons pris la fuite. Comme vous le constatez, nous sommes sortis sans rien prendre. Dans la première case, j’avais plus de 40 chaises plastiques. Les jours passés, lors du baptême d’un de mes fils, on m’a confié 4 valises pour lui, 2 autres pour ma femme et 1 pour moi et mon bébé… Nous avons reconnu ceux qui ont dirigé ce mouvement », a-t-il déclaré.

Selon Mamadou Saliou Barry, le maire de la commune rurale de Kaala, cette attaque contre Nassouroullaye est sans précédent dans sa zone. Et, il réclame justice pour que « les coupables » soient punis à la hauteur de leur forfaiture.

« C’est vraiment déplorable ce qu’on a vu aujourd’hui c’est nous. J’ai été informé avec le sous-préfet au téléphone que les citoyens de Dounkimagna sont venus incendier chez nous ici… ça m’a fait très mal, ainsi que toute la population de Kaala. Depuis la création de la sous-préfecture de Kaala en 1976, on n’avait jamais connu une telle situation. C’est une première. J’avais promis à monsieur le Préfet ici présent qu’il n’aura jamais un problème venant de notre commune. Si c’étaient les gens de Kaala qui avaient commis ces actes, j’allais avoir honte devant le préfet. Nous demandons que justice soit faite et que les coupables soient punis », a-t-il martelé.

Au nom du maire de la commune urbaine de Dalaba, Elhadj Mamadou Lamarana Barry, conseiller communal, demande aux populations de Nassouroullaye de ne pas se rendre justice dans cette affaire. Il assure que les autorités vont prendre les dispositions qui s’imposent et que les habitants de Dounkimagna seront tenus responsables de cette attaque.

« C’est aujourd’hui (lundi) que nous sommes informés de cette situation. Cependant, cela a commencé avant-hier (samedi). De toute les façons, un musulman ne peut pas faire ce que les gens de Dounkimagna ont fait ici : incendiées plus de 12 cases et saccagées des maisons, faire ce qu’ils veulent… Néanmoins nous sommes contents de vous, disons que c’est la volonté de Dieu en tant que musulman et que les acteurs seront les gens de Dounkimagna. Ne vous rendez pas justice, laissez les autorités prendre leurs dispositions », a-t-il conseillé.

Abondant dans le même sens, le préfet de Dalaba, Colonel Fodé Abdoulaye Sylla, a promis que « la justice va faire son travail » dans cette affaire.

« Je prends la parole devant vous avec tristesse. Les choses comme ça ne sont pas bonnes entre nous : brûler les cases pendant l’hivernage, nos mamans sont avec des bébés, les pères de famille sont aux champs, tuer les animaux, blesser les gens… Quelqu’un aussi a enregistré une fracture au niveau de son pied. ça fait très mal. Donc, nous sommes venus partager cette compassion avec vous. Sachez que nous sommes de cœur avec vous, vous n’êtes pas abandonnés. J’en appelle à la conscience de tout un chacun, gardez le calme, on ne se rend pas justice. On me dit que c’est une situation qui se trouve déjà à la justice et elle a fait son travail. Ça ne devrait pas être comme ça comme résultat. Si la justice fait son travail, vous vous n’êtes pas d’accord, au lieu de faire quoi que ce soit, il faut faire appel. Mais, si tu ignores tout ça, c’est un peu difficile. Je vais m’entretenir avec le juge et ceux qui ont fait le travail, soyez convaincus et rassurés qu’ils vont prendre des dispositions. Je vous demande de vous calmer, ne remboursez pas, je vous prie de rester calme. Je demande à ceux qui ont des maisons ici de recevoir ces victimes-là, en attendant notre travail », a-t-il dit.

Selon le commissaire de police, Souleymane Dioubaté, le conflit domanial qui oppose Dounkimagna et Nassouroullaye a déjà fait l’objet d’un jugement à la justice de paix de Dalaba.

« L’objet de cet incident, c’est par rapport à un domaine dont les deux communautés se réclament propriétaires. Cela a fait l’objet d’un jugement. Présentement je n’ai pas la grosse de ce jugement en main, mais il semblerait que quelques éléments de Pellal Nassouroullaye auraient pris un élément de Dounkimagna qu’ils auraient ligoté et envoyé du côté de la gendarmerie. Donc, je crois que c’est le retour de ce dernier au village (à Dounkimagna) qui a entraîné toutes ces représailles-là [à Nassouroullaye]. Il faut noter que du côté de Pellal les dégâts que nous avons constatés sont nombreux : une dizaine de cases consumées avec leurs contenus, quelques maisons en tôles ont également fait les frais, parce qu’elles ont été déjà vandalisées. Mais, nous les avons tous invités au calme avant de se rendre à Dounkimagna. Là-bas aussi s’étaient les mêmes approches, tout en leur disant de mettre la balle à terre. Ils sont tous invités à la commune pour savoir réellement ce qui les oppose », a indiqué cet officier de la police de Dalaba.