Affaire Ibrahima Kourouma : la défense invite la Cour à rendre une décision juste

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Après les plaidoiries du parquet et de la partie civile, c’était au tour de la défense de l’ancien ministre de l’Enseignement pré-universitaire, Dr Ibrahima Kourouma, de se faire entendre, ce mercredi 19 mars 2025. Me Sofiane Kouyaté, avocat de Dr Kourouma, a présenté une plaidoirie passionnée et dense, mettant en lumière ce qu’il considère comme des incohérences majeures dans le dossier de son client.

L’avocat a d’abord reconnu, sans équivoque, que toute personne ayant l’honneur de gérer la chose publique doit rendre des comptes, une obligation qu’il estime d’autant plus importante que la Guinée dispose d’institutions comme l’Inspection des Finances, l’Inspection Générale d’État et la Cour des Comptes, censées garantir la transparence. Toutefois, Me Kouyaté a souligné que son client était poursuivi sur la base d’une ordonnance de renvoi qui l’oblige à justifier des montants considérables, en vertu de certaines dispositions du règlement général de la gestion budgétaire et de la comptabilité publique.

Dans un premier temps, l’avocat a pris soin de rappeler l’enchaînement des événements politiques qui ont secoué la Guinée. Il a notamment évoqué le coup d’État du 5 septembre 2021, qui a marqué le début d’une ère de turbulences. Selon lui, les interpellations et les poursuites engagées contre son client sont le fruit d’un climat politique tendu, et non d’un souci réel de justice. En effet, Me Kouyaté a mis en avant la dimension politique de ce procès, soulignant que l’objectif était de “chercher à isoler” des personnalités proches de l’ancien régime.

L’avocat a également insisté sur le fait que son client n’avait jamais été informé du montant exact qu’il aurait détourné. Selon lui, aucune mise en demeure n’avait été émise à l’encontre de Dr Kourouma pour qu’il justifie l’origine de ses biens avant qu’un montant “faramineux de plus de 612 milliards de francs guinéens et 12 millions de dollars ne soit mentionné dans l’ordonnance de renvoi”. Me Kouyaté a ainsi questionné l’absence de preuves tangibles pour soutenir les accusations portées contre son client.

Se prononçant sur les enjeux de ce procès, l’avocat a souligné l’importance de la loi, appelant la cour à rendre un jugement fondé sur les faits et les éléments du dossier, et non sur des considérations extérieures. “Il m’étonnerait que cette cour prononce une condamnation”, a-t-il déclaré avec assurance, tout en insistant sur l’indépendance de la justice. Il a également exprimé sa confiance en la capacité des juges à séparer les faits juridiques de l’ingérence politique.

Un autre point majeur abordé par la défense concerne la question des rapports financiers. Me Kouyaté a rappelé que des rapports d’audit avaient été réalisés par l’Inspection des Finances et la Cour des Comptes, et que les dépenses publiques de Dr Kourouma avaient été scrutées de près, notamment de 2011 à 2016. Selon l’avocat, ces rapports étaient des éléments conclusifs sur la gestion de son client, ce qui rendrait redondant de demander de nouveaux rapports. De plus, il a critiqué l’utilisation de rapports “provisoires”, soulignant qu’ils “n’étaient pas fondés” et ne “pouvaient en aucun cas justifier une poursuite judiciaire”.

L’avocat a ensuite évoqué la question des infrastructures scolaires, pour lesquelles Dr Kourouma est également accusé d’avoir détourné des fonds. Me Kouyaté a expliqué que la gestion de ces fonds était de la responsabilité de la CNES, et non de son client, précisant que Dr Kourouma n’avait pas été impliqué dans les décisions opérationnelles de cette entité.

Les articles 47, 48 et 93 du règlement général de la gestion budgétaire et de la comptabilité publique ont également été abordés. Me Kouyaté a souligné que ces articles renvoyaient à un arrêté du ministre des Finances qui n’était entré en vigueur qu’en 2018, soit après la période concernée par les faits. En conséquence, il a argué que la législation applicable ne pouvait pas être opposée à son client.

Me Kouyaté a conclu sa plaidoirie en soulignant “l’absurdité” des accusations portées contre son client, notamment en ce qui concerne les 12 millions de dollars censés avoir été détournés. Selon l’avocat, ces accusations étaient non seulement infondées, mais aussi basées sur une mauvaise compréhension des documents financiers.

L’avocat a également invité la cour à se poser la question cruciale : “est-il raisonnable de prononcer une condamnation sur la base de rapports provisoires et sans preuves tangibles ?” Pour lui, la réponse c’est “non.”

Pour finir, la défense de Dr Ibrahima Kourouma a demandé à la cour de rendre une décision “juste et fondée uniquement sur le droit” et de ne pas se laisser influencer. Ce dossier, selon elle, “est un exemple flagrant d’un acharnement politique et judiciaire contre une personnalité publique”.
L’audience est en cours avec les répliques du parquet.

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