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Reconnue officiellement comme journée internationale des droits de la femme par l’ONU depuis 1977, le 8 mars est un symbole de lutte pour l’égalité des sexes.
Alors que les femmes du monde, et plus précisément les Guinéennes, célèbrent cette journée mémorable ce samedi 8 mars 2025, notre rédaction s’est penchée sur l’analyse d’un spécialiste des droits humains.
Lors de l’entretien accordé à mosaiqueguinee.com, le président de la Ligue pour les Droits et la Démocratie en Afrique, Mamady Kaba, a salué les efforts fournis en faveur du respect des droits femmes, mais a invité l’Etat à renforcer son dispositif institutionnel en matière de protection de leurs droits.
Mosaiqueguinee.com : Docteur, bonjour ! Ce samedi 8 mars 2025 marque la journée internationale des droits de la femme. Pensez-vous que la Guinée est sur la bonne voie en matière de protection des droits des femmes ?
Mamady Kaba : La Guinée a besoin de renforcer son dispositif institutionnel pour être sur la bonne voie en matière de protection des droits des femmes, car les us et coutumes militent en défaveur des femmes.
Est-ce que des efforts sont en train d’être fournis dans ce sens ?
Oui, des efforts législatifs sont en cours à travers la constitution en vue.
Parlons aussi des VBG (Violences basées sur le genre). D’après les statistiques nationales de 2016, 80,7 % des femmes et filles âgées de 15 à 64 ans ont subi au moins une des formes de violence. Selon vous, quels efforts supplémentaires doivent être faits par l’État et la société civile pour éradiquer les VBG ?
Pour lutter efficacement contre les VBG, notamment les mutilations génitales féminines, il faut faire les états généraux de ces violences et accroître la sensibilisation. Il faut également mettre en place des mesures incitatives pour ceux qui y renoncent de plein gré. Il faut valoriser les filles non excisées.
Que peut-on faire pour briser le silence et encourager les victimes à parler ?
Il faut tenir compte des us et coutumes, ainsi que des pesanteurs sociales dans la définition des voies d’accompagnement des victimes. Il faut préconiser des solutions qui ne consacrent une rupture des liens sociaux, car l’une des raisons fondamentales du silence des victimes est la peur de subir les conséquences de sanctions sociales et familiales.
Quels sont les défis majeurs à relever dans les années à venir pour une meilleure protection des femmes et des filles en Guinée ?
L’OPROGEM (l’office guinéen de protection du genre, de l’enfance et des mœurs) est à la base une bonne solution, mais ses méthodes, les moyens utilisés et les solutions préconisées sont en déphasage avec les réalités et les exigences de notre société. Il faut redéfinir les objectifs et les stratégies de cette institution afin qu’elle devienne un instrument au service de la cohésion sociale.
Quel message souhaitez-vous adresser aux femmes victimes de violences et à la société en général ?
J’appelle les femmes à faire de l’éducation des enfants leur priorité afin de promouvoir une société stable et en sécurité. J’appelle l’Etat à considérer les femmes au foyer comme étant au service de l’Etat et ses idéaux de stabilité et de définir pour elles des mesures d’accompagnement adéquates. Notre avenir commun dépend largement de la contribution des femmes et, par ricochet, de leur volonté et de leur capacité à donner aux enfants une éducation conforme à nos exigences de vivre ensemble. Il faut donc créer un environnement propice à la prédisposition psychologique des femmes à accroître leur contribution à la paix et à la sécurité à long terme.
Entretien réalisé par Hadja Kadé Barry