Violences en Angola : “Même la porte des toilettes a été emportée par les manifestants”, témoigne un Guinéen victime de pillage

il y a 21 heures 115
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À la suite d’une manifestation spontanée déclenchée par la hausse du prix du gasoil en Angola, plusieurs quartiers de Luanda ont été le théâtre d’actes de vandalisme et de pillages massifs, causant des morts, des blessés et d’importants dégâts matériels. De nombreux commerçants guinéens, très présents dans le pays, figurent parmi les principales victimes.

Joint par Guinée360, Mamadou Saliou Diallo, installé à Kalemba Dose depuis 28 ans, raconte comment son magasin de meubles a été entièrement vidé par les manifestants.

Entretien!

Guinée360 : Quelle est l’origine de la manifestation ?

Mamadou Saliou Diallo : La manifestation fait suite à l’augmentation du prix du gasoil. Les gens s’attendaient à une hausse du coût du transport. C’est ce qui a poussé la population à descendre dans la rue.

Les actes de vandalisme ont-ils visé uniquement les étrangers ?

Non, ils n’ont pas ciblé de boutiques en particulier. Il n’y a eu aucune distinction entre Guinéens, Européens ou Angolais. Tous les lieux, en particulier ceux contenant des denrées alimentaires, des supermarchés ou des magasins de meubles, ont été attaqués et saccagés.

Avez-vous été directement touché ?

Oui. J’ai un grand magasin de vente de meubles à Kalemba Dose. Ils l’ont attaqué et ont emporté toute la marchandise. Ils n’ont rien laissé. Même la porte des toilettes, ils l’ont prise.

Avez-vous pu estimer vos pertes ?

J’avais environ 140 000 dollars de marchandise. Tout a été vidé. C’est fini.

Quelles dispositions ont été prises pour sécuriser les biens et rétablir l’ordre ?

Le premier jour, la police est intervenue très tard dans notre zone. Cela a permis aux manifestants de tout piller. Ce n’est que dans la soirée que des agents ont été déployés. Depuis, la police fait son travail. On peut dire que des dispositions ont finalement été prises.

Pourquoi, selon vous, la réaction des forces de l’ordre a-t-elle tardé ?

Parce que ce n’était pas une manifestation planifiée. Elle a commencé de manière spontanée. Au départ, ce sont les conducteurs de taxi qui ont décidé de ne pas sortir pour protester contre la hausse du gasoil. Mais des citoyens se sont joints au mouvement, transformant la grève en manifestation.

Êtes-vous le seul Guinéen à avoir été victime ?

Je ne peux pas donner de chiffre exact. Ce que je peux dire, c’est que les Guinéens forment la deuxième communauté étrangère ici, après les Congolais. Il y a des Guinéens partout en Angola. Dans notre quartier seulement, plus de dix femmes guinéennes ont vu leurs boutiques saccagées. Et dans d’autres quartiers, certains Guinéens possèdent deux ou trois magasins ou supermarchés. Donc les pertes sont très importantes.

Si une organisation guinéenne de commerçants existait en Angola, quelle aurait été sa réaction ?

Peut-être qu’il est encore trop tôt pour cela. Mais le gouvernement nous a appelés et a demandé à tous les commerçants victimes de se faire recenser et de déclarer leurs pertes. C’est ce que nous faisons. Tout le monde paie des impôts ici. Pour l’instant, nous n’avons aucune garantie sur un éventuel dédommagement.

Avez-vous été en contact avec l’ambassade de Guinée ?

L’ambassadeur a contacté les responsables des grands partis politiques et des associations guinéennes comme l’Association du Fouta, l’Association Mandingue, etc. Chacun a exprimé sa solidarité.

Que vous a dit l’ambassadeur lors de sa visite ?

Il a dit qu’il allait faire en sorte que les ressortissants guinéens puissent obtenir leurs documents. Il a aussi promis d’agir pour mettre fin aux tueries et aux actes de vandalisme dont nous sommes victimes. Mais pour ce cas précis, aucune action concrète n’a été entreprise jusqu’ici.

Quelle est la situation actuelle sur place ?

Le calme revient peu à peu, mais le pays reste paralysé. Les activités sont à l’arrêt, la circulation est suspendue et la peur persiste. Depuis hier, nous montons la garde devant nos boutiques. Nous avons appris que les manifestants voulaient s’attaquer au plus grand marché, où se trouvent beaucoup de Guinéens. Depuis, nous dormons sur place pour protéger nos biens.

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