TPI de Dixinn : début des audiences criminelles, 64 affaires seront jugées

il y a 7 heures 20
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Le tribunal de première instance de Dixinn a ouvert sa session criminelle ce lundi 16 juin 2025. Bien plus qu’une simple formalité judiciaire, cette initiative marque une étape cruciale dans la mission de répression pénale de la juridiction. Elle souligne l’engagement du tribunal à faire respecter la loi avec rigueur et à protéger la société contre les atteintes les plus graves à l’ordre public et à la dignité humaine.

Grâce à l’appui du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH), cette session bénéficie des moyens techniques et financiers nécessaires à son déroulement. Ces fonds permettront la prise en charge des honoraires des avocats, des émoluments des huissiers, et des frais logistiques pour traiter un total de soixante-quatre (64) affaires criminelles.

Selon le procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de Dixinn, les infractions portées devant cette session reflètent, par leur diversité et leur gravité, l’ampleur des atteintes au pacte républicain et aux droits fondamentaux des citoyens. Plusieurs d’entre elles méritent une attention particulière.

– Les crimes de sang, notamment les homicides volontaires, souvent perpétrés dans un contexte de conflits interpersonnels, de règlements de comptes ou de violences communautaires, constituent des atteintes irréparables au droit à la vie, valeur suprême protégée par la Constitution et les instruments internationaux.

– Les atteintes à l’intégrité physique, telles que les coups et blessures ayant entraîné une infirmité permanente ou la mutilation, traduisent une montée préoccupante de la violence dans les rapports sociaux, marquée par une banalisation inquiétante de l’usage de la force.

– Les vols à main armée commis avec préméditation, souvent en bandes organisées, sèment l’insécurité dans certaines zones de notre ressort et paralysent l’activité économique en terrorisant les populations.

– Les infractions criminelles à caractère conjugal, longtemps reléguées au silence domestique, s’imposent désormais comme des infractions criminelles à part entière, révélant l’ampleur des abus et des dominations au sein du foyer familial.

– Enfin, les viols et agressions sexuelles, qui représentent une part croissante des affaires criminelles inscrites au rôle.

Le procureur a souligné que la recrudescence des viols sur mineures, en particulier, interroge la conscience collective.

« Ces actes abominables ne détruisent pas seulement les corps, mais anéantissent les repères, l’innocence et l’avenir de victimes souvent livrées au silence, à la honte et à l’abandon, et j’en passe », a-t-il déclaré.

Face à ces crimes, le ministère public assure qu’il maintiendra sa posture de garant de l’ordre public et de protecteur de la société.

« Dans chaque affaire, les réquisitions du ministère public s’inscriront dans une logique de fermeté, mais aussi d’équilibre, en tenant compte à la fois des impératifs de répression et des exigences du procès équitable », a-t-il indiqué.

Le rôle du ministère public ne se réduit pas à porter les accusation. Il incarne également l’autorité morale de la loi, la voix de la société blessée, et sa volonté de faire respecter l’ordre public. Cette session, par la nature même des infractions à examiner, nous engage collectivement à une vigilance accrue, à un professionnalisme sans faille, et à un sens élevé des responsabilités, a-t-il ajouté.

Le procureur Alghassimou Diallo a par ailleurs affirmé, que la justice doit demeurer un rempart.

« Elle doit dire, fermement mais justement, que nul ne peut transgresser impunément les règles fondamentales de la vie en société, c’est le sens et l’essence même des articles préliminaires et premier de notre Code de Procédure Pénale. Et le ministère public assumera pleinement cette mission avec la solennité et la conviction que lui impose sa charge », a-t-il insisté lors de l’ouverture de ces assises criminelles.

Le président des audiences criminelles, Alpha Saïdou Sylla, a mis en avant les qualités humaines de la justice pénale. Selon lui, c’est précisément parce qu’elle est humaine qu’elle doit tendre sans relâche vers l’impartialité, la vérité et l’équité.

« Elle est la réponse démocratique à la violence, la réponse civilisée au désordre. Nous avons le devoir d’être à la hauteur de cette mission. Je formule le vœu que cette session se déroule dans la sérénité, la dignité et le respect scrupuleux des droits de chacun. Que le droit soit dit avec justesse. Que la parole circule librement mais avec responsabilité. Que la vérité puisse autant que faire se peut émerger des débats », a-t-il déclaré.

Le bureau du HCDH en Guinée, partenaire technique et financier de cette session, a réitéré son objectif de contribuer à la réduction du taux de détention préventive prolongée à la maison centrale de Conakry, mais aussi de lutter contre l’impunité.

Dans la sélection des affaires, les cas de détention préventive prolongée ont été privilégiés, ainsi que les affaires de viol.

« Dans le cadre de la lutte contre ce phénomène de violence sexuelle, nous agissons à travers les autorités judiciaires. Nous avons essayé de changer le paradigme. Au lieu d’aller vers les victimes, nous passons par l’autorité judiciaire pour examiner les détentions préventives prolongées, incluant des cas de viol. Cela permet la tenue des audiences et, indirectement, offre aux victimes de violences sexuelles l’accès à la justice, et que des décisions soient prises concernant les présumés auteurs de ces actes criminels », a déclaré Monsieur Aimé Tumba Kakolo, représentant résident du HCDH en Guinée.

Dans cette dynamique, l’institution onusienne entend mobiliser d’autres partenaires techniques et financiers pour qu’ils s’impliquent davantage afin de désengorger la maison centrale.

Présent à cette ouverture, le procureur général près la Cour d’Appel de Conakry, Fallou Doumbouya, a exprimé son attachement à la loi dans la répression contre la criminalité. À cet effet, il a exhorté le parquet d’instance à plus de fermeté dans ses réquisitions. Il révèle que le tribunal de Dixinn est un terreau fertile pour la criminalité.

« 60% des actes criminels commis au quotidien à Conakry ont pour auteurs des individus relevant du ressort de ce tribunal. Nous invitons ces acteurs, notamment le parquet d’instance et quand je parle du parquet d’instance, je parle du procureur de la République et de ses substituts à agir de telle sorte que la conviction de la juridiction de jugement soit bien assise. Et à requérir les peines les plus fortes », a-t-il affirmé.

Enfin, il les a invités à veiller à ce que les juges du siège suivent leurs réquisitions.

« Parce qu’on ne peut pas parler de paix sans que ces hors-la-loi, ceux qui nous empêchent de jouir de nos libertés, ceux qui nous empêchent de jouir de nos biens, soient traqués. Et que ces personnes soient mises hors d’état de nuire », a lancé le coordinateur des parquets d’instance du ressort de la Cour d’Appel de Conakry.

De leur côté, les avocats commis d’office pour la défense des prévenus ont promis d’user des textes juridiques dans la défense de leurs clients.

Alhassane Fofana

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