Que sont-ils devenus ? : Maitre de la flûte parlante, ancien societaire des Ballets Africains de Guinée, tout sur Mamady 2 Mansaré (1ère Partie)

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Mamady 2 Mansaré est musicien flûtiste, ex-societaire des Ballets Africains de Guinée.

Il est né en 1946 à Dembayara dans la préfecture de Kissidougou. Fils de feu Guirassy et de feue Manty Mansaré, il est marié à 3 femmes, et père  de 15 enfants dont 4 garçons.
Aîné de la famille, cette position, l’empêchera de fréquenter l’école. Il s’occupera des travaux champêtres et autres activités, afin de subvenir aux besoins de la famille.
Descendant d’un célèbre musicien flûtiste, feu Mamady Mansaré, qui servait auprès du résistant feu Kissi Kaba Keita, il embrassera tout jeune, le même métier de flûtiste dans son village natal Dambayara, et étendra sa prouesse de grand joueur de flute, au niveau de sa préfecture d’origine Kissidougou voire au niveau national. Il intégrera les Ballets Africains de Guinée, le Ballet national Djoliba et sera membre fondateur de l’ensemble instrumental de Kissidougou, en compagnie de feue Hadja Mama Kanté et autres.
Mamady Mansaré fera partie aussi du groupe créé par feu Momo Wandel, et sillonnera beaucoup de pays .
Malgré sa retraite prise depuis 2009 au sein des Ballets Africains de Guinée, pour necessité, Mamady 2 Mansaré a été  sollicité en 2023, par la direction des Ballets Africains, pour apporter son soutien, son expérience à l’ensemble des jeunes artistes, évoluant présentement au sein des célèbres Ballets Africains de Guinée.
Poursuivant les objectifs de son orientation générale, ceux de vous faire découvrir la vie, les œuvres, et parfois les carnets de santé de nos acteurs du secteur des arts, de la culture et des sports, votre rubrique « Que sont-ils devenus ? », du site d’informations Guineenews, a rencontré le célèbre flûtiste Mamady 2 Mansaré des Ballets Africains de Guinée.
Tout sur Mamady 2 Mansaré, c’est une autre découverte, dans cette interview, qu’il a bien voulu nous accorder, et qui vous tiendra en haleine, et vous conduira dans les méandres de la vie de cet éminent artiste, intimement lié à la culture guinéenne.
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Guineenews : un parcours élogieux à votre actif dans le monde de la culture guinéenne. Peut-on savoir, comment vous êtes arrivé à ce sommet de votre art?
Mamady 2 Mansaré : je suis un artiste, musicien et héritier de mon grand-père, qui était le flûtiste attitré du résistant Kissi Kaba Keita. Je porte son nom  Mamady Mansaré, et c’est lui qui a appris mon oncle feu Tambou Mansaré à jouer à la flûte. Et mon oncle fut le premier à être recruté comme flûtiste, en 1959 dans les Ballets Africains de Guinée, par le truchement de feu Fodeba Keita. Je jouais aussi à la flûte dans mon village, et depuis 1953, j’accompagnais les cultivateurs aux champs, aux sons de ma flûte du matin au soir, ils se redonnaient du courage dans le labour. J’ai longtemps animé aussi les festivités récréatives, et celles commémorant les baptêmes, mariages et autres. A Kissidougou, ma préfecture natale, j’étais le plus souvent invité pour animer les cérémonies et manifestations politiques, au niveau de la fédération.
Guineenews : comment aviez-vous appris la flûte,  aviez-vouz connu une idole sur le parcours ?
Mamady 2 Mansaré : honnêtement, je n’ai pas eu de maître à la flûte. C’est mon grand-père, dont je porte le nom, qui a été mon idole, selon son histoire qui m’a été transmise. En plus, je copiais tout ce que j’entendais comme sons, provenant des autres flûtistes de la contrée.
Guineenews : vous aviez eu l’amour et la passion de la flûte. Pratiquement, saviez vous fabriquer cet instrument ?
Mamady 2 Mansaré : oui j’ai appris très tôt à fabriquer la flûte. De la recherche du bois approprié (le rotin) dans la brousse, à son découpage sur mesure, jusqu’à la disposition des trous, je peux fabriquer la flûte mandingue, qui peut s’accorder avec tous les autres instruments ( balafon, kora, guitare et autres..)
Guineenews : pour votre recrutement au sein des Ballets Africains de Guinée, comment tout cela s’était-il passé ?
Mamady 2 Mansaré : vers 1961, c’est au cours de quelques cérémonies réservées aux hôtes venus à Kissidougou, que j’ai été repéré par feu Ahmadou Cissoko, qui était à l’époque le Directeur des Ballets Africains de Guinée. Il m’a sollicité auprès de mon oncle feu Tambou Mansaré, pour venir les rejoindre à  Conakry au sein des Ballets Africains, afin d’être son doublon à la flûte. J’ai été finalement recruté en 1962 au camp Samory suite à une audition à la flûte, qui avait retenue l’attention de tous les auditeurs ce jour.
Guineenews : après les Ballets Africains de Guinée, vous aviez appartenu aussi au Ballet national Djoliba. Relatez-nous ces différents parcours ?
Mamady 2 Mansaré : quand je fus recruté en 1962 au sein des Ballets Africains, j’y suis resté jusqu’en 1965, année à laquelle, j’ai été victime d’un accident sur scène. J’ai eu le bras cassé et évacué en France pour des soins. Au retour et en convalescence à Conakry, le bureau fédéral de Kissidougou a sollicité ma présence pour créer l’ensemble instrumental de la fédération de Kissidougou. C’est ainsi, que je fus appelé en compagnie de feue Hadja Mama Kanté, Konkoba, Fanta, Domany, Sayon et Facely. Ce noyau a été les membres fondateurs du premier ensemble instrumental de Kissidougou.
Pour le parcours dans le Ballet national Djoliba, j’ai été sollicité par le Président feu Ahmed Sékou Touré. J’ai effectivement passé plusieurs années au sein de ce Ballet national. C’est suite à une fusion entre les 2 Ballets, que j’ai été encore retenu parmi les 35 artistes pour ce nouveau module des Ballets Africains de Guinée, avec lequel j’ai encore évolué jusqu’à ma retraite anticipée en 2009.
Guineenews : retraçant le passé, tout nouveau dans les Ballets Africains, venant de son « Dembayara » natal, peut-on savoir quels furent vos premières sorties ou voyages en dehors de la Guinée ?
Mamady 2 Mansaré : (rires) imaginez le villageois de « Dembayara », prêt à monter pour la première fois dans un avion, « fèti ba ani kabanako le tèrè nyon fè wolon ». Littéralement traduit en français : « c’était la fête associée à l’étonnement et à la surprise ce jour ». Mon premier voyage pour l’extérieur en compagnie des Ballets Africains, fut celui de Nairobi au Kenya. Ensuite, il y a eu le voyage sur la France en 1965. C’est au retour de ce voyage, que j’ai été victime de l’accident sur scène.
Guineenews : sur le chapelet de voyages effectués à l’extérieur, votre retour dans le Ballet national Djoliba, vous avat-il fait profiter d’autres sorties ?
Mamady 2 Mansaré : effectivement, j’ai effectué plusieurs autres tournées avec Djoliba. Nous avions visité la Yougoslavie, l’Allemagne, la France, et beaucoup de pays européens et africains. Je vous signale qu’après la fusion des 2 Ballets, j’ai effectué plusieurs fois le tour du monde avec les Ballets Africains de Guinée. Ce fut de bons moments où la culture guinéenne était au sommet.
Guineenews : pouvez-vous nous faire connaître, quelques principaux rôles, dont vous aviez tenu dans des numéros des Ballets Africains de Guinée ?
Mamady Mansaré : j’ai joué plusieurs rôles dans beaucoup de numéros des Ballets Africains. Dans le numéro intitulé « Minuit ou Ballakè », j’ai joué le rôle du crieur public où je disais ceci : « alu sabari, alu sabari. Tubabu baran n’kèla, n’nyé n’a kana fö aluyé, Ballakè mèn tèrè yan, alu bara Ballakè mina, ka kiti, kiti bara mina, ayi natö Ballakè di, ka bun ». Littéralement traduit en français, « …calmez-vous, calmez-vous, le colon blanc me charge de vous dire, que Ballakè a été arrêté et jugé. Et vu qu’il a tort, il sera conduit et exécuté ici. » J’ai joué aussi quelques rôles dans « Malisadio », « Soundiata », « Héritage du mandingue ». Quand mon oncle Tambou Mansaré est décédé, c’est moi qui l’avait remplacé dans le numéro « Tiranké ».
Guineenews : quand aviez-vous pris la retraite., et quelles étaient les principales causes qui vous ont éloigné en ce temps de la scène ?
Mamady Mansaré : j’ai pris ma retraite des Ballets en 2009. La cause principale, était celle de faire valoriser les talents de mon fils Tambou, qui est mon élève flûtiste. C’est lui qui est venu à ma place, et comme un adage de chez nous le dit: « tun te yé, tun ko ». Littéralement traduit en français, « on ne peut pas apercevoir une montagne derrière une autre. ». Il fallait donc lui laisser le temps de s’exprimer librement à travers la flûte. Il avait passé quelques années avec les Ballets Africains, et il s’est finalement cherché. Il vit présentement à l’étranger. Disons après moi, plusieurs de mes élèves sont passés par là. Finalement, je viens encore d’être sollicité par les Ballets Africains, et il y a de cela 1an. Je me suis revêtu de ma vieille peau, suite à l’appel que m’a lancé ma collègue des années de jeunesse dans les Ballets Africains, Mme Manana Cissé, qui dirige actuellement les Ballets. J’ai rejoint le groupe, dans lequel j’encadre, et joue parallèlement avec la nouvelle génération et quelques rares anciens des Ballets Africains.
Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guineenews. 
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