Quand la Guinée s’assume enfin : un grand tournant pour l’évolution politique de la Guinée (Par Monson Cissoko)

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Le 14 juin 2025, par un décret lu à la télévision nationale, le 𝐆𝐞́𝐧𝐞́𝐫𝐚𝐥 𝐌𝐚𝐦𝐚𝐝𝐢 𝐃𝐎𝐔𝐌𝐁𝐎𝐔𝐘𝐀 a annoncé la création de la 𝐃𝐢𝐫𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐆𝐞́𝐧𝐞́𝐫𝐚𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐄́𝐥𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 (𝐃𝐆𝐄). Une décision historique, qui s’inscrit dans la droite ligne des grandes réformes institutionnelles engagées depuis son accession au pouvoir. Ce geste fort, à la symbolique républicaine lourde de sens, pourrait marquer le début d’un véritable tournant démocratique dans un pays longtemps secoué par des crises électorales.

𝐔𝐍 𝐂𝐎𝐍𝐓𝐄𝐗𝐓𝐄 𝐂𝐇𝐀𝐑𝐆𝐄́ 𝐃’𝐇𝐈𝐒𝐓𝐎𝐈𝐑𝐄 𝐄𝐓 𝐃’𝐀𝐒𝐏𝐈𝐑𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍𝐒

Depuis l’avènement du multipartisme en Guinée, les processus électoraux ont toujours été au cœur des tensions politiques. De 1993 à 2020, presque aucun scrutin n’a échappé aux contestations virulentes, souvent suivies de violences, de blocages institutionnels et d’instabilités prolongées. L’institution en charge des élections, notamment la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), a montré des limites tant au niveau structurel que dans son fonctionnement, ou encore en termes de résultats.

C’est dans ce contexte de méfiance généralisée envers les organes électoraux que le Général DOUMBOUYA a choisi de marquer une rupture. En créant la Direction Générale des Élections, il entend professionnaliser, recentrer et responsabiliser la gestion des processus électoraux autour d’un pilier administratif, au service exclusif de l’intérêt général.

𝐔𝐍𝐄 𝐑𝐄́𝐅𝐎𝐑𝐌𝐄 𝐆𝐔𝐈𝐃𝐄́𝐄 𝐏𝐀𝐑 𝐃𝐄𝐒 𝐌𝐎𝐃𝐄̀𝐋𝐄𝐒 𝐃𝐄 𝐑𝐄́𝐔𝐒𝐒𝐈𝐓𝐄 𝐀̀ 𝐓𝐑𝐀𝐕𝐄𝐑𝐒 𝐋𝐄 𝐌𝐎𝐍𝐃𝐄

La création de la Direction Générale des Élections s’inscrit dans une dynamique de rupture constructive, en s’inspirant de modèles nationaux et internationaux où la crédibilité électorale repose moins sur l’indépendance proclamée que sur l’efficacité démontrée. Contrairement à l’idée largement répandue en Afrique francophone, il n’est pas nécessaire de confier l’organisation des élections à une Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour garantir la transparence et la confiance.

De nombreux pays à travers le monde, et même en Afrique, ont fait le choix de confier la gestion électorale à l’administration publique, avec des résultats reconnus comme légitimes :

Dans les pays occidentaux comme la France, le Danemark ou la Norvège, l’organisation des élections y est une compétence intégrée à l’administration, notamment aux ministères de l’Intérieur ou aux autorités locales. Malgré l’absence de structures électorales « indépendantes », ces systèmes sont salués pour leur rigueur, leur accessibilité et leur transparence.

En Allemagne, les élections sont organisées par l’administration à travers un Bureau électoral fédéral, assisté par des structures décentralisées. Ce système, hautement technique, garantit un processus fluide, impartial et contrôlable.

En Afrique également, au Sénégal voisin, les élections sont organisées par le ministère de l’interieur, bénéficiant d’une autonomie fonctionnelle et d’un encadrement administratif rigoureux. Pourtant, les résultats de leurs scrutins sont acceptés par la classe politique et salués par les observateurs internationaux.

En s’inspirant de ces expériences, nous pourrons réussir le pari d’un modèle guinéen fondé sur la professionnalisation de l’administration électorale, l’objectif étant de rétablir la confiance dans les urnes en plaçant la gestion du processus électoral sous l’autorité d’un organe technique, stable, redevable et affranchi de logiques parfois partisanes.

À travers cette réforme, on espère rompre avec les incertitudes des scrutins passés et inscrire durablement la transparence électorale comme socle de légitimité. Déléguer cette responsabilité à l’administration publique, c’est aussi faire perdurer la souveraineté : celle d’une Guinée qui se dote des moyens institutionnels de faire respecter la volonté populaire.

𝐔𝐍 𝐃𝐄́𝐅𝐈 𝐋𝐀𝐍𝐂𝐄́ 𝐀̀ 𝐋’𝐀𝐃𝐌𝐈𝐍𝐈𝐒𝐓𝐑𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐆𝐔𝐈𝐍𝐄𝐄𝐍𝐍𝐄

En dotant la Guinée d’une Direction Générale des Élections, c’est à toute l’administration publique que le Président de la République lance un message clair : celui de s’assumer. Cette réforme est un test pour l’administration guinéenne. Elle exige une montée en compétence, une éthique et une capacité de résistance aux interférences politiques. Autrement dit, elle convoque une administration technicienne et responsable.

De la même manière que le Général DOUMBOUYA a placé la jeunesse au cœur de la refondation nationale, il place aujourd’hui l’administration publique face à ses responsabilités historiques. Il l’invite à montrer qu’elle peut être la pierre angulaire d’une nation moderne, crédible et souveraine. À travers la Direction Générale des Élections, il fait le pari que l’administration guinéenne peut organiser elle-même, avec rigueur et dignité, des élections libres et équitables.

𝐋𝐀 𝐏𝐑𝐎𝐌𝐄𝐒𝐒𝐄 𝐃’𝐔𝐍 𝐄𝐓𝐀𝐓 𝐃𝐄 𝐂𝐎𝐍𝐅𝐈𝐀𝐍𝐂𝐄

La création de la Direction Générale des Élections n’est pas une simple réforme technique. C’est un signal politique fort, une interpellation nationale, un appel à la maturité des institutions. Ce que le Général DOUMBOUYA vient de poser comme acte, c’est une invitation à faire confiance à l’administration, à condition qu’elle se montre digne de cette confiance. Ce n’est pas un blanc-seing, c’est une mise à l’épreuve.

La Guinée est à la croisée des chemins. Elle ne peut plus se permettre des élections à problème, des institutions affaiblies et des citoyens désabusés. C’est désormais à nous, hauts cadres, administrateurs, fonctionnaires, de prouver que nous sommes à la hauteur de la République que nous réclamons.

Les dirigeants de cette nouvelle structure devront incarner cette exigence. Ils devront faire preuve de loyauté envers la Nation, la loi et les citoyens. Ils auront entre leurs mains une mission cardinale : celle de garantir que chaque élection à venir soit un moment de paix, de vérité et de progrès.

Réussiront-ils à se hisser au niveau de cette exigence ? C’est la seule vraie question. Car l’échec de cette réforme ne serait pas qu’un simple retour en arrière. À l’inverse, si la DGE réussit à s’imposer comme un lieu de probité et de compétence, elle deviendra un pilier de la nouvelle Guinée que promet le Général. C’est seulement à ce prix que nous pourrions espérer le changement de paradigme tant attendu.

𝐋𝐄 𝐒𝐄𝐍𝐒 𝐑𝐄́𝐄𝐋 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐓𝐑𝐀𝐍𝐒𝐏𝐀𝐑𝐄𝐍𝐂𝐄 𝐃𝐀𝐍𝐒 𝐔𝐍 𝐒𝐂𝐑𝐔𝐓𝐈𝐍

La transparence électorale ne dépend pas d’un sigle ou d’une étiquette d’ »indépendance ». Elle dépend d’un système solide, contrôlable, auditable, mais aussi et surtout d’institutions fortes et crédibles. Et la DGE pourra bien faciliter ce contrôle, le structurer et le rationaliser.

La Guinée vient peut-être de poser la première pierre d’une révolution silencieuse : celle de soustraire le destin électoral de la nation aux calculs partisans, pour le confier à la rigueur de l’administration et à la volonté du peuple.

Mais une institution, aussi bien pensée soit-elle, ne vaut que par la droiture de ceux qui l’animent.
Le temps des doutes doit laisser place au temps des preuves. Le Président de la République n’attend pas des promesses, il exige des résultats. Et si cette nouvelle architecture électorale tient ses promesses, alors, oui, nous pourrons dire que la Guinée est enfin entrée dans l’ère des Nations majeures.

L’Histoire observe.

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