Quand la Constitution fait de la Guinée une machine à gaspiller : Dr Faya Lansana MILLIMOUNO

il y a 6 heures 29
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La Constitution proposée par le CNRD est présentée comme un outil de modernisation et de renforcement institutionnel pour la Guinée. Derrière ce vernis de modernité, cependant, se cache une logique inquiétante : la multiplication excessive des institutions, générant une structure lourde, coûteuse et inefficace. Cette hypertrophie institutionnelle dilue les responsabilités, paralyse l’administration, alourdit le budget national, fragilise la démocratie et abandonne le peuple au profit du financement de la bureaucratie. Il est urgent d’en mesurer les conséquences.

Dilution des responsabilités : un État sans repères

Dans un système où les missions se multiplient sans hiérarchie claire, la responsabilité se perd. Sénat et Assemblée nationale se chevauchent, Cour suprême et Cour constitutionnelle peuvent se contredire, et le citoyen ne sait plus à qui s’adresser. Les décisions cruciales, qu’il s’agisse de santé, d’éducation ou d’infrastructures, sont retardées ou bloquées, générant frustration et perte de confiance envers l’État.

Paralysie administrative : un État englué

Au lieu de simplifier le fonctionnement de l’État, cette prolifération le complexifie. Chaque décision, budgétaire ou législative, doit passer par des organes parfois redondants ou conflictuels. Les commissions et autorités indépendantes peuvent bloquer ou retarder les politiques publiques par manque de coordination. Le résultat : lenteur chronique, incapacité à réagir aux urgences, réformes économiques gelées et infrastructures stagnantes. Le citoyen se heurte à une administration lourde et inefficace, sans compter que celle-ci lui prive de ressources précieuses.

Clientélisme et politisation : les institutions au service du pouvoir

Chaque nouvelle structure devient un instrument de distribution de postes politiques, attribués souvent selon la loyauté plutôt que le mérite. Ce contrôle politique renforce les réseaux de clientélisme et centralise le pouvoir. Les institutions, au lieu de servir les citoyens, servent un individu ou un groupe restreint. La démocratie réelle s’en trouve affaiblie.

Charges budgétaires insoutenables : un fardeau pour le pays

Sous Alpha Condé, les institutions existantes absorbaient déjà des sommes considérables : l’Assemblée nationale près de 188 milliards GNF, la Cour constitutionnelle plus de 21 milliards GNF, sans productivité proportionnelle. La multiplication prévue d’organes nouveaux — Sénat, Cour suprême, cours spéciales, commissions diverses — risque d’engloutir entre 11.000 et 15.000 milliards GNF par an, soit près de 35 % du budget national. Un tel gaspillage prive l’État des moyens indispensables pour investir dans la santé, l’éducation et les infrastructures, essentielles au développement du pays.

Affaiblissement de la démocratie réelle : une façade trompeuse

Le pluriel institutionnel masque en réalité la concentration du pouvoir entre les mains de l’exécutif. Les organes de contrôle et les contre-pouvoirs de perdre leur indépendance, l’opposition est marginalisée et le citoyen exclu des décisions importantes. La démocratie devient un simple formalisme, vidé de sa substance.

Leçons internationales : plus d’institutions ne rime pas avec plus de gouvernance

Au Nigéria et au Kenya, des structures similaires ont entraîné paralysie administrative, conflits de compétence et budgets accaparés par des organes inutiles. Ces pays ont dû engager des réformes coûteuses pour rationaliser leurs institutions et restaurer l’efficacité.

Conclusion : pour une Guinée efficace et démocratique

La Guinée n’a pas besoin d’une multiplication d’institutions lourdes et coûteuses. Ce qu’elle mérite, c’est un État clair, rationnel et responsable, capable de répondre aux besoins réels de ses citoyens. On aurait pu encadrer la taille du gouvernement en la limitant à 20 ministères et faire l’économie des autres institutions comme : la Commission nationale pour le développement, la Commission nationale de l’éducation civique et des droits humains, du conseil économique et social, la Commission de régulation de la communication et de l’audiovisuel et les autorités administratives dites indépendantes. En plus, on aurait pu juste avoir une Cour suprême, ayant en son sein des chambres administrative, économique et constitutionnelle, l’Assemblée nationale seulement au lieu de créer, en plus, un Senat qui n’apporte aucune valeur ajoutée.

La Constitution 2025, en diluant les responsabilités et en alourdissant la machine administrative, représente un risque sérieux pour la démocratie, l’efficacité et la bonne gestion des finances publiques. Il est urgent d’ouvrir un débat public et de réfléchir à une architecture institutionnelle rationalisée, au service du peuple et non d’un pouvoir centralisé.

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