Pénurie de liquidité en Guinée: quand la banque centrale fait l’autruche

il y a 1 semaine 59
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Il devient de plus en plus difficile de se procurer de l’argent dans les banques primaires à Conakry actuellement. En cause, un manque de liquidité qui ne dit pas son nom, selon un constat quasi-unanime, chez les usagers qu’on a rencontrés. Même s’il n’y a aucune explication officielle.

C’est un phénomène qui prend des proportions inquiétantes dans la cité. Selon des témoignages concordants, les usagers des banques sont désabusés. Un client témoigne à Guinéenews avoir pu difficilement retirer 50% du montant qu’il devait retirer à la banque. Un autre renchérit en ces termes : « il y a des banques où il est même impossible de faire un retrait de 10 millions, voire 5 millions GNF ».

Les employés du secteur ne sont pas très bavards sur le sujet. Néanmoins, « c’est clair qu’on a des problèmes de liquidité… », répond sans ambages le travailleur d’une banque de la place qui s’empresse d’ajouter : « les gens de la banque centrale seraient mieux outillés pour t’aider à comprendre ». Et de poursuivre: « nous, nous n’avons pas de problème à l’interne. Les banques (primaires ndlr) à l’interne ont un peu de liquidité. C’est la banque centrale qui a ce problème pour beaucoup de raisons. Mais si tu les appelle, ils vont mieux te l’expliquer. »

Cet autre employé de banque sollicité par Guinéenews, ne s’étale non plus sur le sujet. Il admet, toutefois, le triste constat de pénurie de liquidité dans les banques primaires. « Quand même, il y a une crise de liquidité dans le secteur », lâche-t-il, avec un indice qui laisse entendre que la direction d’exploitation de la BCRG pourrait être directement concernée. Mais aucune réponse de la part de la banque centrale et de l’association professionnelle des banques (APB), en dépit des multiples sollicitations de Guinéenews.

Sur les causes de cet épineux problème de liquidité, Mbany Sidibé, Président de l’union pour la défense des consommateurs de Guinée pointe du doigt ‘’les réformes faites à la BCRG qui ont eu des conséquences, surtout au niveau du dépôt et retrait dans les banques primaires’’. Il dénonce aussi les impacts néfastes de certaines décisions de l’appareil judiciaire et d’autres structures étatiques qui créent une méfiance chez les usagers qui continuent de privilégier la thésaurisation, se méfiant du système bancaire. « Surtout le fait que souvent qu’on entend que le compte de tel est bloqué, sans oublier les restrictions », précise-t-il.

Pour sortir de l’impasse, l’activiste recommande quelques initiatives qui passent notamment par la  »sensibilisation et des réformes ». Et de poursuivre : « il faut aussi que les banques primaires respectent leurs engagements parce que les consommateurs ne doivent pas être des victimes. Il faut qu’ils aient accès à leur argent, sans entrave, conformément au contrat. Il faut qu’on rassure les consommateurs et qu’on pousse tout le monde à déposer l’argent à la banque. Il y a beaucoup de choses que la banque centrale doit faire en termes de réforme au niveau de la politique monétaire, au niveau des crédits, des réserves obligatoires pour non seulement sécuriser l’avoir du consommateur et mais aussi le protéger ».

Face à ce silence qui interroge sur la culture de reddition de compte des dirigeants de l’institution, votre quotidien électronique s’est tourné vers les services d’un spécialiste pour tenter d’expliquer cette crise à laquelle sont confrontés les usagers du secteur bancaire guinéen.

Une crise multifactorielle

Un expert du milieu financier guinéen que nous avons interrogé, a expliqué, sous le sceau de l’anonymat, que ce ‘’manque de liquidité bancaire est multifactoriel’’.  Il s’agit, affirme-t-il d’une  »combinaison de facteurs structurels (faible bancarisation, faibles dépôts, marché interbancaire sous-développé), conjoncturels (politique budgétaire de l’État, inflation, comportement des clients) et politiques monétaires (action de la BCRG).

Une version qui ne contredit fondamentalement le président des consommateurs, même si elle est moins tranchée.

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