Nouvelle autoroute à Kankan: près de 200 millions GNF perdus par une promotrice

il y a 4 heures 21
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

A Kankan, d’importants travaux sont engagés sur la route nationale N°1. À l’entrée de la ville, l’on est accueillie par la première mouture de bitume qui sort déjà de terre. Ces travaux engagés depuis plus d’un an maintenant, visent à étendre la route et lui donner les caractéristiques d’une autoroute internationale.

Ce projet d’extension est une volonté exprimée par le Chef de l’Etat, lors de sa visite l’année dernière. Pour donc réaliser ces travaux, plusieurs concessions ont été cassées en 2024 et en 2025.

Nombreuses sont des familles qui n’ont pas été dédommagées. Certaines l’ont été, mais le montant qui leur a été donné est nettement inférieur à ce qu’elles ont perdu dans la casse. C’est le cas d’une famille originaire de la région forestière qui a préféré requérir l’anonymat.

Cette dame qu’on a nommée dans le présent article Madame X, était promotrice d’un lieu de loisir offrant plusieurs services. Son lieu de loisir situé en bordure de la route en construction et très prisée dans la préfecture comprenait une boite de nuit, un espace vert, des espaces plein air, un espace de spectacle et des chambres de passage.

« Au début, c’est une partie qu’ils avaient dégagé en mai 2024. Ce premier dégagement a concerné une boite de nuit, trois loges plein air, un puits amélioré, un espace vert, un podium et une grande partie de la cour. Pourtant, pour ce terrain-ci, j’ai un titre foncier et un plan de masse délivrés par l’Etat. Quand ils ont fait ça, j’ai pris le soin de reconstruire la partie qu’ils ont laissée. J’ai pratiquement vendu un terrain que j’avais à Conakry pour cela. Ce que je n’ai aimé dans cette histoire, c’est qu’ils auraient pu nous dire de ne plus refaire quelque chose, même sur la partie non touchée. Non seulement je n’ai pas eu mon argent lors de la première casse, mais j’ai aussi perdu mes biens et tout ce que j’ai investie sur la partie non touchée. Quand j’ai revendu mon terrain à Conakry, je suis venu retaper plus que ce qui était sur la partie cassée », a expliqué Madame X.

Pour la première casse, Madame X n’a reçu qu’un montant dérisoire avoisinant 30 millions. Un chèque jeté à la figure et la victime renvoyée. Consciente que son investissement est bien plus que le montant proposé, Madame X n’a pas hésité d’œuvrer pour dédommagée à juste valeur. Ce qui ne sera pas pour elle, un exercice facile.

« Il y a eu deux casses. La première a eu lieu en 2004. Avant cela, des agents sont venus marquer les bâtiments d’une croix rouge en présence du chef de quartier, qui nous a assuré qu’on serait indemnisés avant toute démolition. Mais ils ont cassé sans dédommager. À mon retour, j’ai transmis mes documents. Une mission venue de Conakry semblait sérieuse, alors j’ai eu confiance. Quand je suis allée les voir, j’ai vu qu’un montant dérisoire était déjà inscrit à côté de mon nom, sans que mes documents aient été examinés. On m’a simplement dit d’aller revendiquer à Conakry, sans m’indiquer où exactement. Grâce à mes relations, j’ai su que je devais m’adresser au ministère de l’urbanisme. J’y ai déposé mon dossier et fait de nombreux allers-retours pendant près de six mois. Ils m’ont ensuite demandé de financer une mission de réévaluation. Le coût était d’abord de 12 millions GNF, puis ramené à 6 millions après négociation. Ils sont venus sur le terrain, puis repartis en me disant que tout allait bien. À Kankan, on m’a dit d’attendre. Plus tard, à Conakry, on m’a assuré que le paiement était prévu et en discussion. On m’a même donné le contact d’un agent. Mais quand je l’ai recontacté, il m’a dit que le dossier était bloqué au ministère de l’économie et des finances. Depuis, je n’ai toujours rien reçu et je ne sais plus vers qui me tourner », a-t-elle confié.

Si les victimes de la casse ont été informées au préalable lors de la première opération, la seconde n’a pas suivi la même procédure. Les propriétaires des concessions concernées ont été informés une heure avant l’entrée en action des machines. Heureusement pour madame X, elle et ceux qui l’ont aidé ont pu sauver certains objets. Le montant total perdu par Madame X « est plus de 183 millions GNF ».

« Pour cette deuxième casse, je n’ai pu sauver que quelques objets. Je n’ai pas eu mon argent pour la première casse, voilà qu’ils sont venus racler tout. J’ai tous les documents, tout est au complet. Je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas été dédommagée. J’apprends que d’autres, qui n’avaient que des taudis ou des hangars, ont eu plus que moi. Il y a des gens qui ont eu jusqu’à 500 millions, jusqu’à près d’un milliard de francs guinéens », a-t-elle lancé.

Aujourd’hui, ne sachant pas vers qui se tourner et n’ayant pas les moyens d’engager un avocat, Madame X demande au Président de la transition de l’aider à recouvrir son investissement ou de la recaser quelque part afin de lui permettre de poursuivre ses activités.

MohamedNana BANGOURA

Lire l'article en entier