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Reconnue coupable pour des faits de ‘’tentative d’escroquerie’’ par le tribunal de première instance de Kaloum puis condamnée à 7 mois d’emprisonnement, hier mercredi 4 juin 2025, Valéry Nkoro, de nationalité camerounaise, devait recouvrer sa liberté pour avoir passé 8 mois en prison, expliquent ses avocats. La décision du juge n’a pas été exécutée puisque selon eux, le procureur de la république près cette juridiction n’a pas voulu.
« La dame, elle a fini de purger la peine, elle en a même purgé plus. Normalement la dame ne devrait pas se retourner à la maison centrale. Je suis allé personnellement voir le procureur, il m’a dit, attends d’abord, moi je suis en train de vérifier, j’attends des instructions. Alors puisqu’il dit qu’il attend des instructions, la seule instruction qu’il doit recevoir c’est la loi et l’article 546 du code de procédure pénale », estime Me Almamy Samory Traoré.
Cet avocat laisse entendre qu’après avoir constaté les agissements du Procureur de la république près le tribunal de première instance de Kaloum, Mamoudou Magassouba, il a directement saisi le parquet général dirigé par Fallou Doumbouya sans succès. « Puisqu’il ne l’a pas fait, j’ai immédiatement écrit au procureur général, parce que c’est sa hiérarchie, pour son intervention dans la procédure. En même temps j’ai écrit au bâtonnier par intérim, parce que c’est ce qu’un avocat doit faire, vous faites recours à l’ordre professionnel auquel vous appartenez. Quand le bâtonnier a été saisi, immédiatement j’étais au conseil de l’ordre, nous nous sommes rendus au bureau du procureur, on lui explique, il reconnaît la légalité du courrier que nous avons adressé, le contenu, le fondement légal, il reconnaît que la dame ne devrait pas être en détention et il dit tout de même qu’il faudrait que lui s’entretienne avec le ministre de la Justice. Ça veut dire que nous avons une justice en fait qui est inféodée et qu’il n’y a personne aujourd’hui sur la ligne qui peut prendre une décision de libérer cette dame-là. On n’a pas besoin, lorsqu’un juge se prononce sur la liberté d’une personne, à l’audience, l’article 546 du Code de procédure pénale est clair. Pourquoi le procureur a besoin de se référer au ministre ? Pourquoi le procureur de la République, monsieur Magassouba, demanderait aux gardes pénitentiaires d’embarquer la dame ? J’étais présent de 9 heures jusqu’à 19 heures, j’ai conduit la dame jusqu’à la maison centrale, j’étais là-bas avec un huissier, nous avons fait le constat, nous avons le rôle d’audience où la date de la période de la condamnation est mentionnée, nous avons fait un constat d’huissier, même à la maison centrale, on est venu demander aux gardes pénitentiaires, vous la recevez sur la base de quel titre ? En venant ici, elle avait un mandat de dépôt, ce mandat aujourd’hui est expiré. La décision qui a été infligée contre elle, elle a purgé sa peine. Vous, en tant que garde pénitentiaire, l’administration pénitentiaire, vous la recevez, en quelle qualité ? Ils nous disent, écoutez, c’est le procureur qui a donné l’ordre pour qu’on la reçoive, tant que le procureur ne donne pas l’ordre, on ne va pas la libérer. Donc ça veut dire qu’on peut prendre un citoyen, on le met en prison, sans aucun document, sans aucun titre de notation », regrette Me Almamy Samory Traoré.Le Collectif des avocats de Valéry Nkoro n’entend pas rester les bras croisés. Il menace d’engager des actions contre le procureur Magassouba suite à son refus de liberer sa cliente. « Nous, nous nous insurgeons contre ça, parce qu’au-delà de tout, nous avons toujours voulu que ce dossier soit géré de manière très simple. Si une citoyenne est venue en Guinée, vous estimez qu’elle a fait une tentative d’escroquerie, la meilleure des choses, expulsez-la si vous voulez, mais vous la gardez en prison, d’accord, vous engagez une procédure, d’accord, mais l’aboutissement d’une procédure judiciaire, c’est une décision de justice, si vous n’avez pas d’autre chose, pourquoi vous la maintenez en prison ? Donc je pense que cette situation est humiliante pour notre pays, pour l’institution judiciaire. C’est pourquoi nous avons lancé un appel, parce que ce combat n’est plus celui de madame Valéry Nkoro et sa famille, ce combat n’est pas non plus celui de l’avocat que je suis, ou que mes confrères. C’est un combat pour l’Etat de droit, et c’est pour ça que nous allons saisir officiellement le bâtonnier de l’ordre des avocats avec les courriers, les constats que nous avons fait du dossier, et nous n’excluons pas la possibilité évidemment de poursuivre au plan disciplinaire le procureur de la république près le tribunal de première instance de Kaloum que nous tenons pour responsable de cette incarcération. Parce que c’est lui qui a donné l’ordre aux agents pénitentiaires pour amener la dame à la maison centrale sans titre de détention. Nous tenons également pour responsable le procureur général, qui a l’obligation de surveiller les comportements des procureurs, qui relève de son ressort, et nous avons pour preuve les pièces du dossier de la procédure, les courriers que nous lui avons adressés depuis le début de la procédure », prévient-il. De renchérir, Me Salifou Béavogui rappelle que leur cliente Valéry Nkoro n’est pas la première victime de détention arbitraire. Saikou Yaya Barry du FNDC et Guidho Foulbhé en ont aussi été victimes.
Saidou Lébêré
L’article Maintien “illégal” en détention d’une expatriée : ses avocats s’insurgent et exigent sa libération est apparu en premier sur Mediaguinee.com.