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Depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, l’éducation demeure l’un des défis majeurs pour tous les gouvernements successifs de la République de Guinée. Malheureusement, ce secteur vital semble pris dans une spirale d’immobilisme chronique.
Le constat est alarmant : depuis plus de trente ans, les mêmes programmes scolaires sont dispensés aux élèves, notamment en histoire, géographie, éducation civique et morale. Ce sont les mêmes contenus, mot pour mot, que nous avons appris quand nous étions enfants.
Et aujourd’hui encore, ces mêmes leçons sont récitées dans les salles de classe, comme si le monde autour de nous n’avait jamais évolué.
Où est donc la place des chercheurs ? Où est l’implication des pédagogues ?
Où est le rôle de l’Institut National de Recherche et d’Action Pédagogique (INRAP), pourtant censé penser et réformer les contenus éducatifs du pays ?
Comment comprendre qu’après plus de 50 ans d’indépendance, nos élèves continuent à apprendre des chapitres entiers sur la Seconde Guerre mondiale, ou à mémoriser la superficie de la Chine, du Japon ou des États-Unis — des données qui, bien qu’intéressantes, ne répondent pas aux urgences éducatives ni aux besoins de développement de la Guinée ?
Nous avons des terres agricoles fertiles inexploitées, des réalités locales ignorées, des potentiels économiques, culturels et sociaux invisibilisés dans nos manuels scolaires.
L’Afrique, et en particulier la Guinée, ne peut continuer à reproduire un modèle éducatif linéaire, hérité d’une époque coloniale, sans aucune contextualisation, sans aucune ambition nationale.
Il est urgent de réinventer notre système éducatif, de lui donner une âme, une identité, une utilité réelle. Nos enfants ne rêvent plus, ils récitent. Ils ne créent plus, ils copient. Ils ne questionnent plus, ils subissent. C’est tout l’avenir d’une nation qui est en jeu.
Nous interpellons ici, solennellement, les autorités éducatives de la transition : faites de l’éducation une priorité de refondation nationale.
Que votre passage soit synonyme d’une réforme profonde, structurante et durable. Il est temps de repenser les programmes enseignés dans les écoles primaires et secondaires.
Oui, à l’université, une certaine interconnexion internationale peut se comprendre, mais au niveau fondamental, il faut une éducation enracinée, adaptée, inspirante.
L’école guinéenne doit devenir un tremplin pour former des citoyens conscients, ambitieux, ancrés dans leur culture, mais ouverts sur le monde.
Il faut oser un contenu qui éveille, qui forme à la citoyenneté, à l’agriculture, à l’environnement, à l’entrepreneuriat, à la gestion des ressources locales, à l’histoire africaine, à l’économie nationale.
Nous ne demandons pas l’impossible. Nous demandons du courage politique, de la vision pédagogique et une volonté ferme de transformer les choses.
Que l’école cesse d’être un lieu de reproduction du vide, pour devenir un lieu de germination de l’intelligence, du civisme et de la fierté nationale. La jeunesse guinéenne mérite mieux. Le pays mérite mieux. Le moment est venu d’agir.
Ibrahima Kalil Bamba
Montréal
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