Kush, cette drogue qui plonge l’Afrique de l’Ouest dans une crise sanitaire

il y a 7 heures 20
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

Communément appelé Kush, cette drogue de synthèse ultra-puissante, a provoqué depuis 2022, une crise sanitaire sans précédent en Afrique de l’Ouest. Présente en Sierra Leone, au Libéria, en Guinée, en Gambie, en Guinée-Bissau et au Sénégal, cette substance mortelle a causé des milliers de décès et submergé les infrastructures de santé et les services funéraires. Un rapport d’experts, publié ce mardi 25 février 2025, lève le voile sur l’origine de cette drogue, son mode de distribution et l’urgence d’une réponse coordonnée pour limiter les dégâts.

Selon ledit rapport, en l’espace de trois ans, la consommation de Kush, une drogue de synthèse particulièrement puissante, a atteint un niveau critique en Afrique de l’Ouest. Apparue en Sierra Leone, elle s’est rapidement propagée aux pays voisins comme le Libéria, la Guinée, la Gambie, la Guinée-Bissau et le Sénégal, provoquant une hécatombe silencieuse.

Une drogue qui ravage l’Afrique de l’Ouest

Le Kush, composé principalement de nitazènes, des opioïdes de synthèse dont certains sont jusqu’à 25 fois plus puissants que le fentanyl, et de cannabinoïdes synthétiques, souvent utilisés dans la fabrication de substances psychoactives. Cette combinaison extrêmement toxique entraîne des effets dévastateurs sur la santé, incluant de graves overdoses, des crises respiratoires, des lésions cérébrales irréversibles et des décès soudains.

A en croire le rapport, les conséquences de cette épidémie sont visibles partout : les hôpitaux peinent à prendre en charge les nombreux cas d’overdoses, les morgues sont saturées et les autorités sont contraintes d’organiser des crémations collectives. En Sierra Leone et au Libéria, les présidents ont dû déclarer l’état d’urgence national en avril 2024, une mesure exceptionnelle qui témoigne de l’ampleur du problème.

Une chaîne d’approvisionnement internationale

L’étude révèle que les ingrédients du Kush proviennent de Chine, des Pays-Bas et probablement du Royaume-Uni, où ils sont fabriqués puis expédiés en Afrique de l’Ouest via des voies maritimes, aériennes et postales. Cependant, une question essentielle demeure : est-ce que les substances envoyées depuis l’Europe contiennent déjà les nitazènes, ou est-ce que ces opioïdes ultra-puissants sont ajoutés localement après réception des produits de base ?

Au départ, le marché du Kush était contrôlé par quelques grands groupes criminels, mais il s’est progressivement fragmenté, permettant l’émergence de multiples petits producteurs locaux. Ce phénomène complique considérablement la lutte contre ce trafic, car de nouveaux acteurs apparaissent régulièrement, rendant les opérations de répression plus difficiles.

Dans certaines régions, la production locale s’intensifie, ce qui accroît le risque de contamination des lots par des substances encore plus toxiques. En Sierra Leone, les gangs de rue jouent un rôle clé dans la distribution, notamment auprès des jeunes des quartiers défavorisés, où la consommation explose.

Une crise qui exige une réponse immédiate

Le rapport met en avant trois axes majeurs d’intervention pour endiguer la crise du Kush et réduire son impact sur les populations :

1. Renforcer la surveillance et l’alerte précoce
o Développer des systèmes de détection et d’analyse des drogues pour suivre les évolutions du marché du Kush.
o Encourager la coopération régionale pour un meilleur partage des informations entre les pays touchés.
o Étendre les tests chimiques afin de mieux comprendre la composition exacte des substances circulant en Afrique de l’Ouest.
2. Déstabiliser les chaînes d’approvisionnement
o Renforcer les contrôles aux frontières et aux points d’entrée pour limiter l’acheminement des ingrédients du Kush.
o Exercer des pressions diplomatiques sur la Chine, les Pays-Bas et le Royaume-Uni pour surveiller les exportations de substances utilisées dans la fabrication du Kush.
o Intensifier la lutte contre les trafiquants locaux, dont la multiplication rend la répression plus difficile.
3. Réduire les dommages et protéger les consommateurs
o Faciliter l’accès aux traitements médicaux pour les personnes dépendantes.
o Distribuer largement des antidotes contre les overdoses d’opioïdes pour réduire la mortalité.
o Promouvoir des alternatives à l’incarcération, en mettant en place des programmes de sevrage et de réinsertion adaptés aux jeunes consommateurs.

Une urgence sanitaire majeure

Avec 87 % des échantillons de Kush testés en Sierra Leone contenant des nitazènes, la nécessité d’une action immédiate ne fait plus aucun doute. Cette drogue, bien plus dangereuse que les stupéfiants traditionnels, continue de se répandre, menaçant la santé publique et la stabilité sociale de plusieurs pays.

Le rapport apporte des données précises et inédites sur le phénomène, mettant fin aux nombreuses spéculations qui entouraient le Kush. Mais l’information seule ne suffira pas à stopper la catastrophe en cours : une réponse forte et coordonnée entre les pays africains, les États producteurs et la communauté internationale est indispensable pour enrayer l’épidémie.

Face à cette menace croissante, il semble nécessaire que les gouvernements agissent rapidement pour éviter que la crise ne prenne une ampleur encore plus dramatique. Et en attendant, il faut noter que c’est l’avenir de milliers de jeunes africains qui en dépend.

Sâa Robert Koundouno

L’article Kush, cette drogue qui plonge l’Afrique de l’Ouest dans une crise sanitaire est apparu en premier sur Mediaguinee.com.

Lire l'article en entier