Kipé : piégé par un client fugitif, un vendeur de véhicules perd 20.000 $ et fait face à la justice

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Dans un coin animé du quartier Kipé, dans la commune de Ratoma, est situé un parc au bord de la route, en face du restaurant 7-Eleven. C’est là que M. Camara Ben Moussa, vendeur de véhicules à Conakry, a cru aux belles promesses d’un homme d’affaires pieux. Résultat : un client dans la nature, un véhicule de 33 000 dollars non payé, et un homme acculé par ses créanciers. Retour sur cette arnaque qui mêle fausse dévotion, fuite et désillusion depuis trois (3) ans.

Les faits remontent exactement au mois d’octobre 2021, lorsqu’un certain Oseyni Diallo, se faisant passer pour un homme d’affaires respectable, intellectuel et religieux, a réussi l’impensable : dérober un Volkswagen Atlas à crédit en payant un tiers du prix. Introduit par une connaissance de confiance, un diamantaire du nom de Sylla Moustapha, Diallo le fugitif, importateur de lait et de riz, travaillait alors à Dakar et cherchait à acheter un véhicule. Séduit par son apparence respectable, Ben Moussa décide de l’aider, d’abord par amitié, puis avec l’espoir de rendre service.

« J’ai vu en lui quelqu’un de responsable, un homme qui priait régulièrement, alors je me suis dit que ce n’était pas mauvais de l’aider, », explique M. Camara. Finalement, ils conviennent d’un prix de 33 000 dollars pour un Volkswagen Atlas, et Diallo verse un acompte de 13 000 dollars, promettant de régler le solde plus tard.

Une disparition inattendue et des promesses non tenues !

Le piège se referme rapidement. Oseyni Diallo disparaît sans laisser de trace, repoussant à chaque fois la date de paiement du solde. « Il a promis de payer le reste dans un mois ou deux, mais le mois de janvier 2022 est arrivé, et il s’était déjà volatilisé, », se lamente M. Ben Moussa, toujours incrédule face à la situation.

L’une des stratégies du fugitif a été l’invention d’un endroit qu’il a présenté au propriétaire du véhicule comme étant son bureau. Après sa fuite, M. Ben Moussa s’y était rendu espérant le retrouver là. Malheureusement, il découvre que même ce lieu était factice : les meubles y étaient acquis à crédit et le bureau, loué temporairement. « La manière dont il a obtenu ce bureau, c’est comme cela il a obtenu le véhicule avec moi, », regrette-t-il, réalisant qu’il était tombé dans un piège. Un des témoins clés a accepté de partager son expérience. Ce dernier, qui connaît bien l’individu en question, révèle les troubles ressentis entre ce dernier et M. Camara, allant de l’escroquerie à des investissements fictifs dans le commerce du riz, jusqu’à des tensions prolongées qui ont marqué cette affaire.

« Ce monsieur m’a aussi escroqué une somme de 100.000 dollars, soi-disant qu’il voulait investir dans ses affaires de vente de riz. J’avais même reçu un mandat d’Interpol. C’est un jeune Peulh, que j’avais pu localiser un moment à Bamako, où il doit être présentement. J’ai voulu envoyer des gens pour faire la force, mais j’ai fini par causer avec lui. En tout cas, il a vraiment fatigué monsieur Camara. À date, je ne connais pas combien reste entre eux Je compatis vraiment à la souffrance de M. Camara », a confié ce témoin, indiquant que l’homme, un jeune Peulh, aurait également fait l’objet d’une recherche par Interpol.

Après avoir lancé des recherches à Lambanyi Carrefour Canadien, quartier où habitait Diallo, et avoir même contacté sa famille, M. Camara se retrouve seul face à la dérobade générale. Personne, ni la femme, ni le frère de Diallo, n’accepte de répondre de cette dette. « À chaque fois que j’appelais un membre de sa famille, ces gens-là me disaient qu’ils n’ont rien à voir dans cette affaire. Pire, son papa même a rejeté sa paternité et à plusieurs reprises », déplore-t-il, déçu par le soutien inexistant de ceux qui l’entouraient.

Des répercussions lourdement ressenties!

Cette mésaventure a eu un impact sévère sur le quotidien et les affaires de M.Camara Ben Moussa. Les amis qui l’avaient aidé en fournissant le véhicule commencent à perdre patience. Déjà, des plaintes sont déposées contre lui pour abus de confiance. Après avoir manqué à la première convocation samedi, 09 novembre 2024, le lundi 11 novembre, il a été contraint de passer toute une journée à la gendarmerie de Kipé, ce qu’il n’avait jamais souhaité, dit-il.

« Désormais, quand j’ai des clients, pour ne pas les faire perdre aussi, je les mets en contact direct. Actuellement, je ne peux même pas soulever la tête devant mes fournisseurs, qui sont pourtant des amis d’enfance », explique Moussa, qui, pour se protéger, préfère dorénavant s’effacer des transactions, pour ne pas risquer de nouvelles déconvenues.

Ben Moussa Camara se retrouve aujourd’hui dans une situation délicate, d’autres convocations de la gendarmerie qui peuvent arriver à tout moment, si les fonds dus ne sont pas remboursés. « Entre Oseyni et moi, il y a un montant de 20 000 dollars qui restaient. Je me suis battu à réduire cette dette à 13 000 dollars, et hier lundi, j’ai également payé 2000 dollars », confie-t-il avec un mélange de frustration et de résignation.

Un appel à la vigilance et à la solidarité!

Pour M. Camara Ben Moussa, cette affaire est avant tout un rappel des dangers de la confiance mal placée. Il appelle les autres commerçants et pas que, à rester vigilants pour éviter de tomber dans des pièges similaires. « J’ai eu confiance en lui, je lui ai donné l’objet, sauf que lui n’a pas pu respecter ses engagements. Malheureusement, c’est après tout je me suis rendu compte que même les anciens dignitaires depuis des années 2008 ont été victimes. D’autres ont été contraints même de mettre leurs immeubles en garantie, afin de passer de l’argent à ce nommé Diallo pour dérouler son business », déclare-t-il.

Conscient que certains, comme lui, pourraient être victimes de ce genre de réseau d’escrocs, il espère que son témoignage serve de leçon pour d’autres, alors que sa quête de justice continue.

« J’ai décidé de venir rencontrer son entourage, c’est-à-dire les gens avec lesquels il vit dans le même milieu, sa femme et autres, », raconte M. Camara, tout en gardant l’espoir qu’une pression collective de la communauté aidera à retrouver Diallo, qui semble maintenant se cacher entre le Sénégal, la Guinée-Bissau, le Mali et la Mauritanie. « Je suis convaincu que, malgré les obstacles, il finira par répondre de ses actes. C’est pourquoi je lance un message à tous ceux qui évoluent dans la vente de véhicules ou dans d’autres affaires, de faire très attention à ceux à qu’ils octroient des prêts pour pouvoir investir dans l’entrepreneuriat dans lequel ils veulent se lancer. Ce Diallo m’a tourné et m’a mis en mal avec mes amis d’enfance. Et moi depuis toujours, je n’ai jamais aimé envoyer quelqu’un à la police ou à la gendarmerie et je n’aime pas non plus qu’un autre m’envoie là-bas. Il a fait aujourd’hui que j’ai traîné devant plusieurs coins. C’est vrai qu’on dit souvent que la prison est faite pour l’homme mais (…) », conclut-il, plein d’espoir mais résolu à ne plus jamais se laisser piéger par la simple apparence de la bonne foi.

Il faut dire que cette histoire est devenue pour Ben Moussa, comme une leçon amère sur la nature humaine et la prudence à avoir dans les affaires.

Sâa Robert Koundouno

(+224) 620-546-653

 

 

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