Industries minières : la Guinée parie sur 5 à 6 raffineries d’alumine d’ici 2030

il y a 2 heures 12
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La Guinée veut rompre avec des décennies d’exportation de minerai brut. Le ministre des Mines et de la Géologie, Bouna Sylla, a annoncé une série d’avancées majeures destinées à transformer localement la bauxite et le minerai de fer, positionnant le pays comme un acteur industriel à part entière dans la chaîne de valeur minière.

Selon l’agence Reuters, le gouvernement guinéen a franchi une étape significative avec la signature de son premier accord pour la construction d’une raffinerie d’alumine. Le projet, porté par l’entreprise publique chinoise SPIC, est déjà en chantier et doit être achevé d’ici fin 2027. « Nous sommes aujourd’hui le plus grand producteur de bauxite au monde… mais aucune raffinerie n’a été construite depuis l’époque coloniale. Cela va changer », a déclaré Bouna Sylla.

Vers six raffineries d’ici 2030

Au-delà de SPIC, les discussions sont « avancées » avec Chinalco et la société française Alteo, tandis que des négociations se poursuivent avec la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG) et l’américain Alcoa. L’objectif affiché est ambitieux : installer entre cinq et six raffineries d’alumine d’ici 2030, portant la capacité locale de transformation à environ 7 millions de tonnes métriques par an.

Un tournant stratégique, alors que la bauxite guinéenne, réputée pour sa faible teneur en silice et adaptée au raffinage à basse température, représente déjà 25 % de la production mondiale d’aluminium.

Simandou : Simfer s’engage sur une étude de faisabilité pour le bouletage

Sur le versant du fer, la Guinée veut également franchir un cap. La coentreprise Simfer, pilotée par Rio Tinto et responsable d’une partie du projet Simandou, s’est engagée à réaliser une étude de faisabilité pour une usine de bouletage.

Cette étude doit évaluer « la viabilité et les options disponibles », selon un porte-parole de Rio Tinto cité par Reuters. Et le gouvernement se montre ferme : si l’accord n’est pas respecté, une entreprise internationale de référence pourra être mandatée aux frais de la Compagnie du Transguinéen pour mener l’étude à son terme.

« Nous pensons avoir identifié les capacités minimales nécessaires pour concevoir cette installation sur des bases économiques solides », assure le ministre Bouna Sylla, soulignant la volonté de Conakry de maîtriser davantage la chaîne de valeur du fer guinéen.

Une transformation… mais une dépendance inchangée ?

Malgré cet élan industriel, certains analystes appellent à la prudence. Selon Allison Ju, analyste chez SMM (Shanghai Metals Market), la montée en puissance des raffineries d’alumine en Guinée ne modifiera pas fondamentalement la dépendance du pays vis-à-vis de ses partenaires étrangers. « Les projets chinois d’alumine en Guinée ne réduiront pas la dépendance du pays, car les exportations passeront simplement de la bauxite à l’alumine », analyse-t-elle.

Une mise en garde qui rappelle que la transformation locale ne garantit pas automatiquement une diversification économique, ni un renforcement du pouvoir de négociation guinéen, tant que les infrastructures, le capital technique et les débouchés restent largement contrôlés par les partenaires extérieurs.

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