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Dans cet entretien accordé à Guinée360, M’bany Sidibé, président de l’Union pour la Défense des Consommateurs de Guinée (UDCG), se félicite de la fermeture de plus de 1 700 unités de production d’eau jugées non conformes par le ministère du Commerce et de l’industrie et des PME. Il appelle à une réforme en profondeur du secteur, à la publication d’un cahier des charges rigoureux, et à une implication multisectorielle pour garantir la santé publique.
Guinée360 : Quel est votre avis sur la décision de fermer certaines unités industrielles ?
Mbany Sidibé : C’est une décision que nous saluons. Lors de nos enquêtes de terrain, nous avons constaté une prolifération anarchique des zones de production d’eau minérale. Chacun exploitait comme bon lui semblait, sans crainte ni régulation. D’après les chiffres que nous avons obtenus, sur 3 100 unités identifiées, 1 724 ont été fermées. Le produit issu de ces unités devait être retiré du marché, tandis que 1 316 pouvaient continuer à fonctionner. Mais cela soulève plusieurs questions : quelles sont les normes de qualité et d’hygiène respectées par les unités autorisées à poursuivre ? Sur quelle base ces distinctions ont-elles été faites ? Ce flou est préoccupant. Ce que nous défendons, c’est la conformité aux règles d’hygiène et de sécurité. L’eau est source de vie : sa qualité ne se négocie pas. Aujourd’hui, les consommateurs sont confrontés à une situation critique en matière d’accès à une eau saine. C’est une décision salutaire qui devrait concerner toute la population.
Pensez-vous que cette mesure est justifiée?
Absolument. Nous plaidons pour la publication d’un cahier des charges détaillé, qui fixe toutes les conditions liées à l’hygiène, aux normes techniques, à l’exploitation et à la production des unités. Ce document doit être accessible à tous, publié dans les journaux officiels, pour que quiconque souhaite investir dans le secteur sache à quoi s’attendre. On ne peut pas tolérer que des particuliers installent des machines artisanales dans leurs domiciles, filtrent de l’eau de forage et la conditionnent sans aucun contrôle, dans des conditions souvent insalubres. Cela met en danger la santé des citoyens. Le cahier des charges devra imposer un business plan, une convention d’exploitation, une autorisation officielle. Il faut déterminer clairement le type d’équipements, les compétences requises et les normes à respecter.
Était-il nécessaire de réorganiser ce secteur ?
Il est impératif de mettre de l’ordre. Ce secteur ne peut pas rester entre les mains d’amateurs ou de copinages. Certaines grandes entreprises, que l’on croyait sérieuses, opéraient en toute illégalité. Cela montre l’inefficacité de l’administration dans le contrôle. Nous ne devons plus permettre cela. L’heure n’est plus à la complaisance, mais à l’application stricte de la loi.
Pourquoi insistez-vous tant sur la transparence des cahiers des charges ?
Parce que ce document est censé être le référentiel de tout le secteur. Il doit préciser les standards de production, les normes sanitaires, les conditions d’hygiène dans les locaux, le matériel requis, les profils du personnel, etc. Trop de producteurs improvisent, sans laboratoire ni compétence. L’eau est un produit extrêmement sensible. Il faut des normes rigoureuses, des équipements adaptés et des contrôles stricts. Ce cahier des charges est la seule façon de garantir cela.
Les citoyens craignent que la fermeture des unités les oblige à consommer uniquement l’eau de la SEG, jugée parfois impropre. Quelles sont les alternatives ?
C’est un problème réel. Nous avons organisé des conférences pour alerter les autorités, notamment le ministère de l’Industrie et celui des PME. Nous plaidons pour la mise en place d’un cadre transitoire avec des solutions alternatives, en attendant une réorganisation durable du secteur. Il est aussi essentiel de sensibiliser la population. Ceux qui utilisent de l’eau de forage doivent se rapprocher de spécialistes, s’assurer de la qualité de ce qu’ils consomment, surtout en l’absence d’offre publique fiable.
Quel message adressez-vous aux responsables d’unités industrielles ?
Je leur dis clairement : on ne peut plus tolérer l’anarchie. Produire de l’eau, c’est une responsabilité immense. Ce n’est pas juste un commerce. On ne peut pas s’enrichir au détriment de la santé publique. Certaines pratiques sont scandaleuses : production d’eau à côté de latrines, utilisation d’eau de pluie non traitée… Ces dérives doivent cesser. C’est pour cela que nous agissons. Après la phase de dénonciation, viendra celle des sanctions.
Que ferez-vous si votre demande de publication des cahiers des charges n’est pas satisfaite ?
Nous n’en resterons pas là. Il y a des textes de loi qui encadrent le secteur, et nous nous appuierons dessus. Si les autorités refusent la transparence, nous saisirons les canaux juridiques et mobiliserons l’opinion publique. Ce secteur relève à la fois du ministère de la Santé, de l’Environnement, de l’Industrie et du Commerce. Il faut une synergie entre ces départements pour avancer. Sans cela, nous resterons dans le désordre.
Quelles conséquences voyez-vous à cette fermeture à court et long terme ?
À court terme, il faut s’assurer que toutes les eaux non conformes soient retirées du marché. Cela servira d’exemple. À long terme, cela poussera les producteurs à respecter les normes. Sinon, nous serons tous exposés aux effets de produits chimiques et à une lente dégradation de notre santé collective. Il faut agir maintenant, sinon les conséquences seront graves, irréversibles.
Quel message final souhaitez-vous adresser à la population ?
Je lance un appel à tous les consommateurs : prenez vos responsabilités. Ne buvez pas n’importe quoi, ne vous laissez pas abuser. L’autorité doit être vigilante, mais la population aussi. Nous devons refuser collectivement que l’on continue à produire et vendre de l’eau dans des conditions déplorables. Cela concerne tout le monde. Et nous, à l’Union pour la Défense des Consommateurs, nous continuerons à nous battre pour que cela cesse.
L’article Fermeture des unités industrielles : « On ne peut plus tolérer l’anarchie », affirme Mbany Sidibé est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.