Fer guinéen sur rails chinois : la Guinée oublie l’acier et la technologie

il y a 8 heures 39
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

Les mines de fer prévues sur les quatre blocs du gisement Simandou en Guinée peuvent livrer respectivement 60 millions de tonnes de minerai de fer dès la deuxième année d’exploitation. Avec une entrée en production du gisement prévue fin 2025, Simandou devrait produire jusqu’à 120 millions de tonnes de minerai en 2027.

Selon le FMI, la mise en service de Simandou en 2025 peut augmenter de 26 % le PIB guinéen d’ici 2030, par rapport à un scénario sans le projet. Ce projet est une coentreprise entre le gouvernement de la République de Guinée et SimFer Jersey Limited, qui est elle-même une coentreprise entre Rio Tinto et Chalco Iron Ore Holdings (CIOH). Et c’est à ce niveau que la Guinée commet une erreur.

Rio Tinto est une entreprise puissante a laquelle la Guinée aurait dû exiger immédiatement un partage de savoir et technologie. Et ils ont des solutions financières que la Guinée ne possède pas.

Ils exploitent par exemple un complexe métallurgique qui représente 100 terrains de football au Québec. Quand le gouvernement parle de méga projet de chemin de fer, à 227 M$, Rio Tinto investit jusqu’à 733 M$ en ce moment même, mais dans un centre de recherche au Canada.

Le « Hard » il y a longtemps que ce n’est plus une priorité pour eux. Les gigas mines et les chemins fer, c’est pour l’Afrique qu’on doit pomper. Eux ils sont au stade du « soft » c’est-à-dire la recherche et le développement. Dans ce projet en Guinée on retrouve également China Baowu Steel Group, la plus grande entreprise sidérurgique du monde. Deux géants de l’acier s’associent et lèvent des fonds sur le marché, avec en perspective la production de fer de la Guinée, et on est content en Guinée.

Ensuite ils financent un chemin de fer, dont l’acier utilisé pour les rails sera facturé à la Guinée au cours international. Et on est content en Guinée.

Personne n’a pensé à leur imposer, à ces spécialistes de l’acier, la construction en Guinée d’un complexe sidérurgique pour transformer le fer en acier ? Et quand ils s’installent dans des pays (ou zones) sous équipés, ils accompagnent leurs infrastructures d’une production autonome d’électricité. Ils ont des solutions, ils les ont déjà déployés dans des zones désertiques d’Australie donc cet argument ne tient pas la route. Avec plus de 2000 heures d’ensoleillement, il y a de quoi produire assez d’électricité en Guinée surtout quand s’appelle Rio Tinto et China Baowu Steel…

Bref pendant ce temps, faisant fi de sa condamnation récente par l’Organisation mondiale du commerce, l’Indonésie poursuit sa politique protectionniste vis-à-vis de ses ressources minières. Après le nickel, l’Indonésie interdit l’exportation de bauxite afin que le pays produise lui-même de l’aluminium.

Nota :

La preuve que c’est possible la Guinée a signé fin décembre 2024 un accord avec le chinois State Power Investment Corp. (SPIC) pour la construction d’une usine de transformation de la bauxite en alumine.

Prévu pour démarrer en mars 2025 et s’achever fin 2027, ce projet capable de livrer 1,2 million de tonnes d’alumine par an résulte de la pression mise ces dernières années par le régime de Mamadi Doumbouya. Il le faut aussi pour le fer, car l’acier ça c’est la cour des grands.

Image d’illustration :  des rails en acier financés par des fabricants d’acier, sur lesquels va circuler du fer de Guinée qui reviendra sous forme d’acier vendus aux Guinéens.

Jean Christian Konan, blogueur et lanceur d’alerte 

* Le titre est de la rédaction 

L’article Fer guinéen sur rails chinois : la Guinée oublie l’acier et la technologie est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.

Lire l'article en entier