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Je suis un homme féministe, mais pas de ceux qui s’indignent dès qu’on parle d’égalité. Je suis de ceux qui croient fermement que le féminisme n’est ni une menace, ni une mode, mais un combat historique, courageux, vital. Non, je ne suis pas cet homme phallocrate mais je suis cet homme féministe lucide. Et en tant que tel, je me permets, avec une touche d’ironie bienveillante, de m’adresser à une certaine frange du féminisme guinéen, celle qui, visiblement, a sauté quelques chapitres du livre.
Quand votre principal combat se limite à décider qui est « un vrai homme déconstruit » ou qui ne l’est pas, alors vous devenez les caricatures de ce que vous prétendez dénoncer.
Alors je vous le dis sans malice : rentrez à l’école du féminisme. Lisez, dialoguez, organisez-vous. Sortez du tribunal des réseaux. Le vrai féminisme est exigeant, stratégique, collectif. Il ne se contente pas de juger : il construit. Il ne cherche pas à dominer : il cherche à libérer. Et en cela, mes chères camarades de lutte, nous sommes peut-être du même bord. Mais visiblement, pas encore dans la même classe.
Je parle ici des féministes de jugement, ces procureures de réseaux sociaux, toujours promptes à dégainer une indignation verticale, mais rarement prêtes à descendre sur le terrain de la nuance, de l’action ou même… de la lecture. Chez elles, le féminisme devient une posture : une condamnation automatique du masculin, une idolâtrie du « je me bats parce que je suis une femme », sans projet, sans stratégie, sans profondeur.
L’histoire du féminisme, la vraie, celle de Simone de Beauvoir, Angela Davis, ou Awa Thiam, n’était pas faite de hashtags moralisateurs. Elle s’est construite dans le sang, la prison, l’engagement intellectuel et politique. C’était un combat contre un système, pas contre une silhouette ou un prénom masculin.
En Guinée, certaines pensent que crier plus fort que les autres, ou s’ériger en juge des comportements masculins, suffit à faire avancer la cause. Non, mes sœurs. Le féminisme, ce n’est pas une croisade émotionnelle, c’est un mouvement de transformation sociale. Il faut connaître ses textes, ses racines, ses enjeux. Ce n’est pas « l’homme est toujours coupable » ; c’est « le patriarcat est une construction sociale que nous devons déconstruire ensemble ».
Chères autoproclamées féministes guinéennes, le combat féministe ne se fait pas avec des jugements à la volée ou des buzz émotionnels. Il se vit dans l’humilité, la constance, la rigueur. On ne se dit pas féministe simplement parce qu’on a pris la parole dans un micro ou qu’on a dénoncé un homme sur Facebook. On est féministe quand on travaille pour le changement, quand on agit en faveur des femmes en silence ou en plein jour, quand on s’éduque, quand on écoute, quand on propose.
Je vous invite donc, sans mépris mais avec fermeté, à retourner à l’école du féminisme. Pas pour apprendre à crier plus fort, mais pour comprendre. Pour étudier ce qu’est vraiment ce combat. Pour sortir du jugement de valeur et entrer dans l’engagement de fond. Car le féminisme, ce n’est pas une guerre contre les hommes. C’est une lutte contre l’injustice.
Adama Cherif CAMARA
Doctorant en Sciences Sociales
Consultant, Expert et Spécialiste en Genre et Développement
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