Faya Millimouno : «Notre justice est à la dérive”

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Présent au siège du MoDeL ce samedi 8 février 2025, Faya Millimouno a exprimé son soutien à Aliou Bah, condamné à deux ans de prison pour offense contre le chef de l’État. À cette occasion, il a vivement dénoncé l’état de la justice guinéenne.

Prenant la parole, le leader politique a dénoncé l’amalgame entre vérité et offense dans le pays. « Quand on dit la vérité en Guinée, on estime que c’est une insulte. À quel moment avons-nous commencé à confondre ces deux notions ? J’ai visité des pays qui ont connu des guerres dévastatrices et qui se sont pourtant reconstruits. Nos enfants, aujourd’hui, meurent en tentant de rejoindre l’Europe, un continent qui a vécu la Première et la Deuxième Guerre mondiale, mais qui s’est relevé. En revanche, je n’ai jamais vu un pays se développer dans le mensonge. Voilà pourquoi nous resterons attachés à la vérité. Et même si elle est considérée comme une insulte, nous continuerons à la dire. Aliou Bah recouvrera sa liberté et poursuivra ce combat. »

Une justice guinéenne discréditée par son propre passé

Faya Millimouno a également rappelé le mea culpa des magistrats après la prise de pouvoir du CNRD, mettant en cause leur indépendance. « Lorsque le CNRD a pris le pouvoir, nos magistrats sont allés publiquement demander pardon au peuple de Guinée. Par cet acte, ils reconnaissaient que leurs décisions n’étaient ni dictées par leurs convictions ni conformes aux lois de la République. Dans un tel contexte, toutes les condamnations prononcées sous ce système auraient dû être réexaminées, et de nombreux prisonniers libérés. Mais non. Peut-être attendent-ils une nouvelle occasion pour venir, encore une fois, demander pardon. C’est une honte. Un pays où la justice est corrompue ne peut que stagner. »

Prenant l’exemple du Sénégal, il a souligné la différence entre un système judiciaire fonctionnel et celui de la Guinée. « Si Macky Sall était Guinéen, il serait encore au palais de Sékoutouréya. Mais au Sénégal, la justice a joué son rôle. Lorsqu’il a tenté de manipuler le processus électoral, la justice l’a rappelé à l’ordre, l’obligeant à organiser les élections à la date prévue. Mieux, ils ont libéré les deux principaux prisonniers quelques jours avant le scrutin. Si cela n’avait pas été fait, c’est la prison qui se serait installée au palais. Voilà un pays où la justice fonctionne. La Guinée, pionnière des indépendances africaines, ne devrait pas envier le Sénégal. Pourtant, nous l’envions, car notre justice est à la dérive. Nos magistrats doivent comprendre que nous n’attendons plus d’eux des excuses, mais des actes. »

Revenant sur son propre passé, Faya Millimouno a illustré l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. « Sous le ministère de Cheick Sako, les magistrats guinéens, en assemblée générale, avaient inscrit à l’ordre du jour une question invraisemblable : ‘Devons-nous poursuivre Faya Millimouno ?’ 51 % avaient voté en faveur de mon inculpation. Heureusement, les 49 % restants ont insisté pour qu’un débat public ait lieu, et la poursuite a été abandonnée. Ce n’est pas cela que nous attendons de la justice ! Notre devise nationale est ‘Travail, Justice, Solidarité’. Tant que notre justice restera inféodée au pouvoir, la Guinée ne progressera pas. »

Enfin, il s’est interrogé sur la conscience des magistrats face aux injustices qu’ils perpétuent. « Je me demande si, en se couchant la nuit, les magistrats guinéens trouvent le sommeil et dorment en paix, sachant que des centaines d’innocents croupissent dans des prisons insalubres où ils n’ont pas leur place. »

Par ces propos, Faya Millimouno remet en question l’intégrité de la justice guinéenne et appelle à un sursaut pour garantir l’État de droit.

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