PLACEZ VOS PRODUITS ICI
CONTACTEZ [email protected]
Trois mois de tensions, de ruptures et de scènes internes rarement exposées. Septembre, octobre et novembre 2025 resteront comme l’une des séquences les plus explosives du secteur éducatif guinéen depuis cinq ans. Entre revendications ignorées, rendez-vous avortés, éclats de voix en pleine nuit et alliances qui se brisent, les négociations entre l’intersyndicale (SLECG–SNE–FSPE) et le gouvernement ont avancé au rythme d’un feuilleton imprévisible.
Voici comment tout a basculé.
Tout démarre le 1er septembre. Réunie en session extraordinaire, l’intersyndicale accuse le gouvernement de bloquer l’installation d’une commission bipartite chargée de revoir le Statut particulier des enseignants.
Le ton se durcit immédiatement : les syndicats déposent un mémorandum de onze revendications — commission bipartite, revalorisation du point d’indice, paiement des arriérés, réactivation de FUGAS, prise en compte des contractuels non retenus.
Personne ne le sait encore, mais cette liste sera le fil conducteur — et le point de rupture — des trois mois à venir.
Le préavis de grève : premier bras de fer
Le 5 septembre, faute de réponse après une rencontre infructueuse avec Bah Oury, l’intersyndicale dépose un préavis de grève générale illimitée. L’exécutif obtient dix jours pour réagir. Il n’en fera rien.
Le CNDS entre en scène… sans rien débloquer
En octobre, l’intersyndicale multiplie les démarches pour arracher l’ouverture officielle des négociations sous l’égide du CNDS. Elles restent lettres mortes. Le 1er novembre, au siège du SLECG, les syndicats émettent un ultimatum : jusqu’au 15 novembre pour ouvrir les discussions, sinon l’éducation sera paralysée.
Sous pression, le gouvernement convoque finalement une séance le 10 novembre. Une réunion technique suit le 17 novembre. À la sortie, Aboubacar Diesto Camara (SNE) tente d’y croire : « Le climat du côté gouvernemental a été vraiment correct… Cela nous donne une lueur d’espoir.» Cette lueur va s’éteindre brutalement.
La nuit où l’intersyndicale implose
Après huit heures de négociations infructueuses sur le Statut particulier, la tension explose, le 25 novembre.
Les accusations fusent, les alliances se fissurent, les voix montent. Kadiatou Bah (SLECG), excédée par l’arrivée tardive de Michel Pépé Balamou, lâche : « Tu viens nous trouver dans un travail bien avancé… Tu ne peux pas venir à 00h et nous imposer des ordres. »
Balamou réplique, frontal : « Vous êtes des syndicalistes corrompus. Je vais tout dévoiler à la presse. »
La salle implose. Aboubacar Soumah quitte les lieux à 1h50 du matin. Une nouvelle séance est programmée au 28 novembre, mais le mal est fait : l’unité syndicale est fissurée.
Retour à la base, justification et rupture
Le 27 novembre, à la Bourse du travail, les syndicats tentent d’éteindre l’incendie devant les enseignants. Soumah rassure : « On n’a pas besoin de sacs noir ou de milliards… Personne ne peut nous intimider. » Balamou minimise : « C’est un faux incident. »
Mais derrière les micros, la fracture est bien réelle. Premier choc : le SNAESURS se retire définitivement des négociations, dénonçant la reconduction du décret 0027.
Les pourparlers du 28 novembre échouent après 14 heures. Le SNE et la FSPE annoncent une grève générale à partir du 1er décembre. Le préavis n’est pas signé par le SLECG : la rupture est officielle.
Le 29 novembre, nouvelle scène : un professeur contractuel critique envers la direction du SLECG est violemment pris à partie après une interview lors d’une assemblée générale. La crise devient ouverte, visible, assumée.
La grève démarre, le gouvernement choisit son camp
Le 30 novembre, le CNOSCG tente une médiation. Seuls le SNE et la FSPE se présentent. Diesto Camara assure : « Même s’ils nous appellent à 23h, nous irons favorablement…».
La rencontre se termine sans aucun compromis.
Le mot d’ordre de grève du SNE–FSPE entre en vigueur, le 1er décembre. Dans plusieurs établissements, les salles sont vides. Au lycée moderne de Foulamadina, le censeur Djegbe Camara confirme : « Nous avons constaté l’absence de la quasi-totalité des enseignants. »
Le ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation (MEPU-A) tente de minimiser l’impact de la première journée de grève. Le ministre Jean Paul Cedy et l’inspecteur régional de l’Éducation de Conakry, Thiapato Barry, effectuent une visite dans plusieurs écoles de la capitale dans la matinée. “Ils ont salué le sens de responsabilité des collègues enseignants mobilisés et appelé au calme et à la sérénité pour l’intérêt de tous”, a rapporté le service de communication du ministère.
Le même jour, le gouvernement lance des discussions… mais avec le SLECG seulement. Après 18 heures, un protocole d’accord est signé dans la nuit du 2 décembre. Il prévoit notamment :
– prise en compte des grades et échelons,
– dégel de 95 % des salaires,
– revalorisation des primes de craie, préparation et documentation.
L’accord qui ravive la colère
Le camp des grévistes rejette aussitôt l’entente. Diaka Sow, porte-parole des contractuels, est catégorique : « Nous ne nous reconnaissons pas dans cet accord. » Algassimou Barry (FSPE) parle d’un « document vide ». Et l’intersyndicale SNE–FSPE dénonce un « accord honteux ». Le 3 décembre, ils appellent à poursuivre la grève.
Un secteur éducatif plus fracturé qu’avant la crise
Au terme de trois mois de tensions, de nuits blanches, de dérapages internes et de négociations en série, le secteur éducatif sort profondément divisé :
– syndicats éclatés,
– base méfiante,
– gouvernement accusé de jouer la division,
– protocole contesté,
– Statut particulier toujours en suspens.
Une question demeure : comment restaurer un dialogue syndical crédible dans un système déjà fragilisé par une décennie de crises ?
L’article Éducation : chronique d’une négociation chaotique entre l’intersyndicale et le gouvernement est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.
.png)
il y a 2 heures
14



















English (US) ·