Démocratie : quand la justice se tient à l’écart du tumulte politique (Par A. Sakho)

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Dans une démocratie digne de ce nom, les magistrats doivent rester à distance de l’arène politique. Cette exigence de neutralité n’est pas un simple principe de bienséance : elle est une pierre angulaire de l’État de droit. Mais pourquoi est-elle aussi importante ?

Le juge, qu’il officie dans une salle d’audience ou qu’il soit momentanément détaché pour exercer ailleurs, incarne l’impartialité. Il n’est ni porte-voix d’un parti, ni acteur politique. Son autorité repose sur la confiance du public, laquelle ne peut exister sans une stricte neutralité. C’est pourquoi la loi l’invite à une forme de silence dès qu’il s’agit de politique.

Cette obligation s’étend bien au-delà des murs du tribunal. Même en détachement ( dans un ministère, une administration ou une institution publique ) le magistrat reste lié par les devoirs de sa fonction. Il continue de représenter la justice, et à ce titre, il doit éviter toute prise de position publique qui pourrait semer le doute sur son impartialité.

La logique est simple : dès qu’un juge laisse entrevoir ses préférences politiques, même en dehors de son travail habituel, le risque est grand que ses décisions soient perçues comme biaisées. Et ce soupçon suffit à fragiliser l’image de toute la justice.

Certains postes, particulièrement sensibles comme ceux de juge d’instruction ou de procureur, imposent une prudence encore plus rigoureuse. Une parole mal placée peut, à elle seule, jeter l’ombre d’un parti pris sur l’ensemble de leur action.

Au-delà de l’image externe, il s’agit aussi de préserver l’unité du corps judiciaire. En évitant que les convictions personnelles ne s’affichent publiquement, on prévient les divisions internes et les tensions idéologiques qui pourraient nuire au bon fonctionnement de l’institution.

Cela ne veut pas dire que les magistrats doivent être réduits au silence. Leur liberté d’expression demeure, comme pour tout citoyen. Mais elle s’exerce avec discernement, dans le respect des responsabilités qu’ils portent. Car si le juge a bien sûr ses opinions, il ne peut les brandir au détriment de la neutralité qu’exige sa mission.

Aboubacar SAKHO
Juriste-journaliste

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