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En Guinée, l’Association des Magistrats (AMG) traverse une zone de turbulences sans précédent. Une crise de gouvernance s’est installée au cœur de l’institution, sur fond de querelles d’autorité et d’irrégularités présumées dans l’organisation du processus électoral. Deux entités rivales revendiquent désormais la conduite de ce processus, mettant en péril l’unité de l’association et sa crédibilité sur la scène internationale.
Tout débute début mai, lorsque Mohamed Diawara, président du Conseil d’administration de l’AMG, annonce la dissolution de la Commission électorale en place. Il évoque alors de « graves manquements » dans la gestion des préparatifs, pointant un processus « entaché d’irrégularités » contraire aux principes d’équité et de transparence. Malgré les tentatives de médiation impliquant le ministère de la Justice, aucune issue n’a pu être trouvée.
Face à cette impasse, le Conseil d’administration décide de reprendre le contrôle. Une assemblée générale extraordinaire est convoquée pour le 5 juin, avec pour objectif de relancer un processus électoral « assaini » : nommer une nouvelle commission, auditer les opérations passées, et rétablir les conditions d’un scrutin crédible.
Mais coup de théâtre : la Commission sortante, bien que dissoute, refuse de céder sa place. Dans un geste de défi, elle convoque ses propres assises électives le 12 juin. Son président, Mamadou Saliou Diallo, magistrat de haut rang, rejette la décision de dissolution et revendique la poursuite de sa mission, provoquant un nouveau pic de tension.
Le Conseil d’administration (CA) dénonce une grave entorse aux règles de fonctionnement de l’association. Il rappelle qu’une autorité ayant institué un organe détient également le pouvoir de le dissoudre, surtout en cas de dysfonctionnements manifestes. Qualifiant l’attitude de la Commission sortante d’« acte de rupture », le Conseil insiste sur la nécessité d’une direction unique pour préserver l’ordre et éviter le chaos.
Le bras de fer dépasse rapidement le cadre des déclarations. La Commission dissoute entreprend des actions concrètes, allant jusqu’à émettre des directives aux juridictions du pays — comme le report d’audiences prévu le jour de son élection contestée —, ce que le Conseil considère comme un abus de pouvoir.
Dans une lettre adressée au Garde des Sceaux, le président de l’AMG, Mohamed Diawara tire la sonnette d’alarme. Une réunion informelle tenue début juin au ministère de la Justice a tenté un rapprochement entre les parties, sans parvenir à une solution consensuelle.
Derrière cette crise institutionnelle, l’enjeu dépasse les frontières nationales. Affiliée à des organisations internationales telles que l’Union Internationale des Magistrats, l’AMG redoute que cette cacophonie interne n’affaiblisse sa légitimité à l’étranger.
Un scrutin organisé en dehors des normes statutaires pourrait exposer l’association à des sanctions, voire à une mise à l’écart des programmes de coopération ou de formation.
À quelques heures des deux assemblées générales concurrentes, les magistrats guinéens se retrouvent face à une impasse historique : deux convocations, deux directions, deux légitimités. Une seule voie semble encore capable de rétablir l’équilibre : restaurer la confiance, clarifier les règles du jeu, et replacer l’intérêt supérieur de la justice au centre de l’édifice.