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Les affrontements entre éleveurs et agriculteurs continuent d’endeuiller la préfecture de Lola, en Guinée forestière. Dans la nuit du dimanche 19 au lundi 20 octobre 2025, un jeune bouvier a été violemment agressé par un groupe d’individus. Grièvement blessé, ce dernier, se bat actuellement pour sa vie grâce aux soins qui lui sont prodigués par les médecins de l’hôpital régional de N’Zérékoré. Ce drame intervient alors que les autorités locales avaient ordonné le départ des éleveurs transhumants de la zone.
Selon Djibril Diallo, vice-président des éleveurs de Guéasso, rencontré ce mardi 21 octobre au chevet du blessé, le jeune bouvier a été attaqué alors qu’il tentait de conduire son troupeau vers la Côte d’Ivoire.
« J’étais à N’Zérékoré quand on m’a appelé pour me dire que le bouvier déplaçait ses bœufs, conformément à l’ordre donné de quitter la zone. C’est à ce moment que des citoyens de Dangbézou l’ont intercepté avec son ami. Ils l’ont violemment battu avant de le laisser pour mort dans la brousse. Son compagnon, qui avait réussi à s’enfuir, a alerté les habitants de Guéasso. Ceux-ci sont venus le retrouver vivant et l’ont transporté d’abord à Lola, puis à N’Zérékoré. Il est actuellement dans le coma », a-t-il expliqué.
Le ministre de l’Élevage s’est rendu personnellement à Lola pour constater la gravité des faits et ordonner la prise en charge du jeune homme.
D’après une source médicale, son état reste critique. « Depuis son admission, son état n’est vraiment pas bon », a confié, sous anonymat, notre interlocuteur.
Pour sa part, Dr Kaba Kéïta, directeur général de l’hôpital régional de N’Zérékoré, tout en confirmant sa présence au sein de sa structure, confie qu’ils sont tous mobilisés au chevet du patient. « Depuis hier, il est dans le coma. Nous faisons tout pour lui sauver la vie », a précisé le DG de l’hôpital de N’Zérékoré.
Les éleveurs dénoncent d’importantes pertes
Face à l’escalade des violences, les éleveurs de Guéasso et des localités voisines interpellent les autorités. Djibril Diallo déplore les lourdes pertes subies ces derniers jours.
« Depuis mardi, les bœufs tués peuvent remplir jusqu’à sept parcs. De Tébéakoré à Pinet, en passant par Gonodou et Garasso, les troupeaux sont décimés. Même à Lola, des femmes manifestent nues pour réclamer le départ des bœufs. Pourtant, nos animaux ne causent aucun dégât. C’est incompréhensible », s’est-il indigné avant d’ajouter : « nous demandons au ministre de nous aider. Les éleveurs concernés vont partir, mais il faut éviter que des étrangers partent avec nos bœufs ou que la population locale les tue. Moi-même, je regrette d’être revenu chez moi. On travaille pendant trente ans, et des gens viennent tout gâcher en quelques heures. »
Vers une pénurie de viande à Lola ?
Des rumeurs faisaient état d’une possible grève des bouchers dans la préfecture. Mais Djibril Diallo, également boucher et agriculteur, dément catégoriquement : « non, les bouchers ne veulent pas faire grève. Il n’y a presque plus de bœufs. Comment faire grève alors qu’il n’y a plus rien à abattre ? Cela fait près d’un an que ces violences durent. Nous demandons à l’État de s’impliquer directement dans le départ des troupeaux et dans l’apaisement des tensions. »
Aux dernières nouvelles, des femmes se sont à nouveau rassemblées devant la préfecture de Lola pour exiger le départ définitif des troupeaux de bœufs de leur localité.
Pour sa part, le ministre de l’Élevage, actuellement en mission dans la région forestière, s’est rendu sur les lieux pour tenter de calmer la situation.
Cette nouvelle flambée de violences met en lumière la persistance du conflit entre agriculteurs et éleveurs dans la région de Lola. Malgré les multiples appels à la cohabitation pacifique, la tension reste vive, tandis que les pertes humaines et économiques ne cessent de s’aggraver.