Brouillage de la fréquence de FIM FM : « nous accusons carrément l’État de vouloir museler nos médias », dit Talibé Barry

il y a 11 mois 245
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Depuis quelques jours, le groupe fréquences médias (FIM FM) rencontre des difficultés d’émettre sur le territoire guinéen. Selon les responsables de ladite radio, c’est depuis vendredi dernier, 24 novembre 2023, que les perturbations ont été constatées à l’antenne de FIM FM. Depuis la constatation de cet énième brouillage des ondes de ce média à grande écoute, les responsables s’inquiètent de la persistance de la situation.

Rencontré hier, mercredi 29 novembre 2023, par un journaliste de Guinéematin.com, Talibé Barry, directeur de la Radio FIM FM, a accusé l’État guinéen (à travers l’ARPT) d’être derrière ce brouillage. Ce journaliste soupçonne l’État de vouloir museler la presse à travers ces agissements.

Décryptage !

Guineematin.com : nous constatons depuis quelques jours le brouillage de vos ondes. Dites-nous qu’est-ce qu’il en est ? 

Talibé Barry, journaliste et directeur général de la Radio FIM FM

Talibé Barry : « Le constat, nous avons commencé à le faire le vendredi, 24 novembre, vers 20 heures. On a constaté que progressivement l’écoute devenait de plus en plus impossible sur notre antenne. Donc, on a compris qu’on venait à nouveau d’être brouillé comme cela a été le cas depuis le mois de mai 2023. Ça doit être la 5ème opération de brouillage dont nous sommes victimes. Cela donc ne nous est pas étranger, puisque nous en sommes régulièrement victimes. Mais, ce qui nous a inquiétés davantage, c’est le fait que ce brouillage tirait en longueur. Nous pensions que ça se normaliserait dans la matinée du samedi, malheureusement ça n’a pas été le cas. Donc, jusqu’au moment où je vous accorde cette interview, nous sommes et restons brouiller. Impossible pour nos auditeurs du grand Conakry et des préfectures de Boffa et Forécariah où notre signale parfois pouvait être perçu de nous écouter. Nous ne couvrons aucune localité de notre espace de couverture ».

Guineematin.com : Depuis la constatation de cet énième cas de brouillage dont vous êtes victimes à FIM FM, est-ce que vous avez saisi une quelconque autorité pour chercher à comprendre ce qu’il en est ? 

Talibé Barry : « L’ARPT est saisie via l’URTELGUI qui est notre association faîtière. Vous n’êtes sans savoir qu’hier mercredi nous avons, nous-mêmes de I’URTELGUI, élargi aux responsables des deux radios touchées (FIM et Djoma), été reçus par le collège des commissaires de la HAC. Toutes les explications à notre possession leur ont été données. Nous avons reçu les éléments de réponse de la HAC quant aux démarches qu’elle-même a entamé depuis le lundi en direction notamment de l’ARPT. Mais, malheureusement, jusqu’à ce mercredi, nous n’avons toujours pas de réponse en termes d’explication, mais aussi en termes de la levée du blocus de nos antennes ».

Guineematin.com : Est-ce que cet état de fait a eu un impact sur le fonctionnement normal du média ? 

Talibé Barry : « Depuis avant-hier lundi, nous avons cessé toute production : la rédaction, les programmes. Après une heure d’émission MIRADOR, la tranche 8 heures 9 heures en guise de protestation et d’expression de notre ras-le-bol. Donc, depuis ça, il n’y a eu aucune production. Nous ne diffusion que de la musique en attendant de voir ce que les démarches pourraient générer en termes de résultats et en attendant de voir quelles sont les actions que l’URTELGUI et d’autres associations de presse pourraient prendre pour amener l’autorité à lever ce blocus qui est incroyable ».

Guineematin.com : Est-ce que vous soupçonnez une entité quelconque derrière ces opérations qui deviennent récurrentes, chez vous particulièrement ? 

Talibé Barry, journaliste et directeur général de la Radio FIM FM

Talibé Barry : « Nous voyons derrière ces opérations de brouillage une seule main, celle de l’ARPT. Parce que du point de vue de la loi, c’est elle qui attribue les fréquences, c’est elle qui en assure la gestion, c’est à elle que nous versons annuellement les redevances qu’on doit à l’État pour la location de ces fréquences. Donc, jusqu’à preuve du contraire, nous sommes convaincus que ça ne peut être que l’ARPT qui devrait avoir brouillé nos ondes. Cela certainement obéit à une décision qui devrait venir des hauts lieux ou des personnalités hauts percés de l’État qui devraient actionner l’ARPT pour empêcher nos auditeurs d’avoir accès à nos programmes. Donc, aujourd’hui nous accusons carrément l’État de vouloir museler nos médias ».

Guineematin.com : Face à cette situation jugée préoccupante pour toute la presse guinéenne, quel appel avez-vous à lancer à l’endroit de votre corporation ? 

Talibé Barry, journaliste et directeur général de la Radio FIM FM

Talibé Barry : « À nos confrères de tous les médias, je dirais qu’on est interpelés par notre survie, par la survie de nos médias, par le devoir de chaque journaliste, de chaque organe de presse de se battre pour défendre la liberté de la presse, pour la liberté d’expression, pour défendre le droit du public à l’information. Donc, aujourd’hui, nous devons être unis, nous devons nous mobiliser et agir de concert pour que les autorités acceptent que si un agenda de musellement général des médias existe, que nous nous battons pour que cet agenda ne puisse pas prospérer. Parce que la presse, c’est un élément central pour la démocratie. On ne le fait ni pour Talibé, ni pour Nouhou Baldé, ni pour Lamine Guirassy, encore ni moins pour Kalil Oularé. On le fait dans la logique de la continuité de la lutte qui a été celle de nos devanciers. Donc, nous avons le devoir, notre génération, à continuer à se battre pour la liberté de la presse. Peu importe les intentions du régime que nous avons en face, nous devons pouvoir rester souder pour braver ces épreuves ».

Malick DIAKITE pour Guineematin.com 

Tél : 626-66-29-27

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