Benty, mémoire vive de l’histoire : le ministre Moussa Moïse appelle à la réhabilitation du port négrier

il y a 4 heures 30
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À l’embouchure du fleuve Konkouré, entre le tumulte de la mer et les silences lourds du passé, repose un site chargé d’histoire : le port négrier de Benty. C’est dans ce lieu symbolique, théâtre d’une des pages les plus sombres de l’histoire de l’humanité, que le ministre Moussa Moïse Sylla a lancé un vibrant appel à la mémoire, à la préservation, et à la transformation du passé en richesse patrimoniale, ce mardi 6 mai 2025.

En marge d’une visite officielle, le ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat n’a pas caché son émotion face à ce vestige encore debout malgré les outrages du temps. « Nous avons été agréablement surpris de découvrir toute la richesse de ce patrimoine ici au port négrier de Benty. C’est un élément important de notre histoire commune », a-t-il déclaré.

Quatre cents ans de douleur, un devoir de mémoire

Le port de Benty, longtemps oublié, témoigne d’une époque marquée par quatre cents ans de traite négrière transatlantique. La Guinée, comme de nombreuses nations d’Afrique de l’Ouest, a payé un lourd tribut à cette tragédie humaine. « La traite négrière, c’est une période douloureuse que nous avons vécue. Et cela fait partie de l’histoire de l’humanité », a rappelé le ministre, insistant sur la nécessité de reconnaître cette histoire pour mieux la transmettre.

Benty, à l’instar de Boké et Boffa, figure aujourd’hui parmi les trois grands ports négriers de la Guinée que le ministère souhaite faire revivre. Mais il ne s’agit pas d’en faire des musées figés. L’ambition est claire : développer un tourisme mémoriel, comme le Sénégal l’a magnifiquement réussi avec l’île de Gorée.

Devoir de préservation, impératif de transmission

Le ministre Sylla a annoncé le lancement d’un vaste programme de réhabilitation des sites, avec l’appui de partenaires nationaux et internationaux. « Nous avons à cœur de développer ce type de tourisme. Ce sont des projets concrets. Nous avons déjà entamé le travail avec mes cadres sur les ports négriers de Boké et Boffa. Pour Benty, les discussions sont en cours », a-t-il précisé.

À l’heure où les vestiges se meurent sous les coups du temps et des intempéries, la priorité est à la sécurisation. « La première chose à faire, c’est de sécuriser le site, qu’il ne soit pas du tout vandalisé. Ici, on ne fera pas de reconstruction ; on fera des réhabilitations. C’est une démarche scientifique », a-t-il insisté.

Un appel à la conscience nationale et internationale

Benty, ce n’est pas seulement des murs. Ce sont des récits oraux, des traditions locales, des chants de résistance, et la mémoire de ceux qui, au prix de leur vie, ont tenté de briser leurs chaînes. « Tout cela fait partie de notre patrimoine oral, de notre patrimoine national, et nous avons à cœur de le sauvegarder pour les générations à venir », a affirmé le ministre.

Dans une Guinée riche de son histoire, où les mines côtoient les mémoires, Moussa Moïse Sylla pose une vision claire : valoriser un patrimoine qui ne s’épuise pas. « Contrairement à la richesse minière, celle-ci ne périt pas. Elle est inépuisable, tant qu’on lui accorde l’attention qu’elle mérite. »

Par cet engagement, le ministre trace une voie : celle d’une mémoire assumée, d’un passé réhabilité, et d’un avenir où la culture devient moteur de développement et de réconciliation. Benty, désormais, n’est plus un simple vestige. C’ est une promesse.

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