3ème année de gouvernance CNRD: le point sur le secteur économique  

il y a 2 mois 99
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Le CNRD vient de franchir le cap de trois ans à la tête du pays. Ceci dans un contexte économique rendu difficile par l’explosion du principal dépôt des hydrocarbures de Conakry en décembre 2023. Dans une sorte de bilan d’étape, comme à son habitude, Guinéenews revient pour vous sur les faits qui ont impacté négativement ou positivement le secteur économique du pays durant la période écoulée.

L’explosion du dépôt de Coronthie ne pouvait pas être sans conséquences sur l’économie guinéenne. Avec une perturbation générale des activités, à commencer par le transport urbain et interurbain, sans oublier la communication et bien d’autres services, dont la prévision de la croissance nationale revue à la baisse, passant officiellement de 5,4% à 4,2%, en est une illustration.

En faisant donc le bilan économique de la troisième année du comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) à la tête de la Guinée, on est obligé d’en tenir compte. Intégrant les difficultés crées et les efforts faits pour atténuer l’impact du drame sur le pays. Bien que les observateurs soient rarement d’accord sur ce qui peut être l’ampleur dudit impact.

Pour rappel, dans la hiérarchie de ses priorités lors de son adresse à la nation à l’occasion du 2 octobre 2023, le président de la transition a placé l’économie juste après le social et avant la politique. Suscitant ainsi beaucoup d’attentes, non sans faire des grincements de dents par endroit. Mais pour qui sait par où le pays est passé depuis le mois de décembre de l’an dernier, on peut être largement d’accord qu’on peut se frotter les mains. Surtout qu’en se produisant le 18 décembre 2023, l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum a porté un sérieux coup à l’économie du pays, avec des répercutions sociales importantes. Notamment une interruption significative de l’approvisionnement en hydrocarbures, entraînant une augmentation des prix de l’énergie et des perturbations dans les secteurs dépendants des ressources énergétiques.

Solidarité au niveau local et mobilisation des ressources au niveau international

Néanmoins, les premières semaines passées, la vie a enregistré une reprise timide. L’élan de solidarité national et international aidant, la force réactive a pris le dessus sur les incertitudes. Pendant que les chosent se réorganisaient à l’échelle locale, les autorités ont multiplié les initiatives, notamment avec des démarches vers les partenaires. C’est dans cette optique que le gouvernement guinéen a organisé une table ronde des bailleurs de fonds à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis, où la ministre du Plan et de la Coopération internationale d’alors a révélé que les annonces de contribution au financement du Programme de Référence Intérimaire (PRI) s’élèvent à 7 milliards de dollars américains ». Avec la précision que « ces fonds sont destinés à soutenir divers projets de développement dans le pays. »

Dans la même veine, pour faire face aux conséquences immédiates de cette catastrophe, le pays a bénéficié en mai 2024, d’un appui important. » Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un décaissement de 53,55 millions de droits de tirages spéciaux (DTS), environ 71 millions USD, au titre du guichet chocs exogènes de la facilité de crédit rapide », selon une annonce officielle. Avec la précision que « cette aide a été cruciale pour stabiliser l’économie et amorcer la reconstruction des infrastructures détruites. »

Toujours au titre de l’appui des partenaires, « le 6 avril 2024, en marge du Forum d’investissement de la CEDEAO à Lomé, la Guinée et la Banque de Développement et d’Investissement de la CEDEAO (BDIC) ont conclu un accord-cadre d’une valeur de 307 millions USD pour financer divers projets socio-économiques. » Un fait très marquant, eut égard aux relations très difficiles entre l’organisation sous-régionale et le gouvernement de transition qui n’entend pas se laisser dicter sa conduite, même au nom de la nécessité du retour à l’ordre constitutionnel.

Ce montant, pour rappel, était dédié à la « préparation des terres agricoles (80 millions de dollars) », à l’édification d’écoles primaires et secondaires publiques (80 millions de dollars) », à l’établissement d’un laboratoire minier aux normes internationales (40 millions de dollars), à « la construction d’installations médicales et d’hôpitaux régionaux (40 millions de dollars) », à l’amélioration et la modernisation de quatre lycées agricoles et unités de production (40 millions de dollars) », à « la réalisation de travaux routiers dans le Grand Conakry (27 millions de dollars) ».

Un peu plus de deux mois après, un autre accord de prêt a été conclu avec la Banque Africaine de Développement (BAD), le 23 juillet 2024. Selon l’annonce officielle, « ce prêt de 14 millions USD, vise à financer des projets d’appui au développement industriel et à la résilience des petites et moyennes entreprises (PME). »

Parallèlement, l’Etat a mobilisé les ressources internes, notamment dans le secteur minier avec des réformes très prometteuses comme le prix de référence de la bauxite, ainsi que les redevances pour l’utilisation des infrastructures minières. Egalement, l’accélération du projet Simandou. Depuis la stimulante annonce faite par Rio Tinto à ses investisseurs et aux régulateurs des Bourses en juillet dernier. Dans un communiqué publié à cet effet, le géant anglo-australien déclarait que « toutes les conditions pour son investissement dans le développement du gisement de fer à haute teneur de Simandou en Guinée ont été remplies, y compris les approbations réglementaires nécessaires de la Guinée et de la Chine ».

Avant d’ajouter : « la transaction devrait être finalisée dans la semaine du 15 juillet 2024 ». Permettant à Simfer d’acquérir une participation dans la construction des infrastructures ferroviaires et portuaires de WCS (Winning Consortium Simandou), en finançant sa part du coût global dont le montant est d’environ 6,5 milliards de dollars (la part de Rio Tinto étant d’environ 3,5 milliards de dollars…)

Une opération précédée d’une autre non moins importante. Il s’agit de l’entrée dans le capital de WCS, de China Baowu devenu actionnaire du mégaprojet Simandou, avec un premier apport de capital estimé à 470 millions de dollars US, selon certaines sources. Le tout, avec « un soutien du gouvernement guinéen, dont l’appui a facilité les négociations », et qui va sans doute se renforcer avec la visite des installations de Baowu par le président de la transition, en marge du sommet Chine Afrique (FOCAC 2024).

Des efforts conjugués qui ont abouti à une hausse de 2% de la croissance économique du pays, en dépit la baisse opérée (de 5,4 % à 4,2 %) comme annoncé dans la prévision initiale de la loi de finances rectificative (LFR 2024). Pendant ce temps, « le Produit Intérieur Brut (PIB) nominal a connu une hausse notable de 17,2% ». Bien que le « taux d’inflation a augmenté de 1,4 point, atteignant 10,3% », indique la même LFR.

Défis liés à la gouvernance et à l’environnement des affaires

Une sorte d’embellie qui peut s’améliorer encore, si l’exécutif s’approprie des recommandations de bonne gouvernance faites par des membres du parlement de la transition. A titre d’exemple, selon le conseiller national N’Gouamou Fabara Koné, l’autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT), « n’a versé que 30 milliards de GNF au Trésor public sur les 381 milliards prévus pour l’année, soit un taux de recouvrement de seulement 27 %. »

Dans le même registre, il y a les réclamations faites à plus de 500 entreprises par la direction générale des impôts (DGI) dont les relations avec la Confédération Générale des Entreprises de Guinée (CGE-GUI) nécessitent d’être améliorer sans délai, pour le bien du pays…

Des cas qui, sans être exhaustifs, illustrent l’ampleur des efforts à faire dans le cadre de la mobilisation et la gestion des ressources de l’Etat.

Thierno Souleymane avec la collaboration de Bah Alhassane

 

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