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Dans la nuit du 17 au 18 décembre dernier, un terrible incendie s’est déclaré dans le principal dépôt d’hydrocarbures de Conakry. Cet incendie aux flammes voraces avait fait 25 morts et causé d’importants dégâts matériels. Il a affecté plus de 11 000 personnes et a endommagé près de 800 bâtiments dans la presqu’île de Kaloum. Mais, ce drame avait aussi suscité une impressionnante chaîne de solidarité nationale et internationale pour soutenir les personnes affectées. Le gouvernement avait même créé six commissions techniques (dont la commission de soutien aux victimes et la commission évaluation et indemnisation) pour la gestion de cette crise. Mais, plus d’un mois après ce drame, les victimes attendent toujours de l’aide et la réparation ou la reconstruction de leurs maisons.
Dans la presqu’île de Kaloum où un reporter de Guineematin.com est allé à la rencontre des victimes hier, vendredi 26 janvier 2024, des familles entières vivent dans la désolation. Mariama Ciré Camara, administratrice du marché Avaria et victime de l’incendie de ce dépôt de carburant, se plaint encore de problème cardiaque. Cette pauvre femme assure qu’il y a encore qu’il y a des familles qui n’ont quasiment rien reçu des différents dons qui ont été acheminés à Coronthie.
« Après l’incendie, 10 jours je n’ai pas pu travailler, mon pied me faisait mal, tout comme mon mari. Il y a des gens qui venaient faire les recensements, mais jusqu’à présent on n’a pas eu de suite. En ce qui concerne le riz, la gouverneure de la ville de Conakry, M’hawa Sylla, fait de son mieux. Il y a des gens qui viennent pour faire des dons, ils se dirigent vers le chef du quartier. Mais, si quelque chose arrive là-bas, nous on ne reçoit pas. Si l’État veut aider Coronthie, il n’a qu’à penser à Coronthie 1 et Coronthie 2. C’est Coronthie 1 qui est beaucoup gâté, parce que c’est ce quartier qui fait face au dépôt d’hydrocarbures. En plus, il y a des gens qui venaient donner des produits, si tu es gravement malade, on t’envoie à l’hôpital ; et si tu es un peu malade, on te donne des produits. Moi je me suis déplacée, j’ai été à Donka, ils m’ont dit d’aller à Dixinn Terrasse. Une fois arrivés, ils nous ont dit qu’ils ne donnent pas les ordonnances. Ils m’ont donnée quelques produits Ibuprofène et Paracétamol. Mais, si je prends cela, ça n’a pas d’effet. Jusqu’à présent ma poitrine me fait mal. Donc, on n’a pas eu de suite favorable. Ils nous ont dit qu’ils vont d’abord regrouper les dons au Stade. Après, que la préoccupation du gouvernement, c’est la nourriture d’abord et la santé. Il y a des matelas et autres, si les gens ont eu le manger après le reste, ça sera distribué. En tout cas ceux qui ont été recensés, beaucoup ont eu, mais il y a d’autres qui restent encore. Chaque personne qui est recensée, elle reçoit 10 sacs de riz, 20 bidons d’huile, tomates, savons, l’eau, jus, sardines. Mais, beaucoup reste surtout Coronthie 1. Je demande aux autorités de nous aider. Il y a certaines familles qui n’ont pas où dormir, parce que c’est toute la maison qui est tombée. Il y a les gens qui ne travaillent pas, ils sont en retraite, certains sont même malades. L’État n’a qu’à venir en aide à la population de Coronthie », a dit Mariama Ciré Camara.
Au lendemain de ce drame, le gouvernement guinéen avait interdit aux sinistrés de regagner leurs maisons ou d’entreprendre des travaux de restauration de leurs maisons « sans l’autorisation préalable des services techniques du ministère en charge de l’Urbanisme et de l’Habitat ». Malheureusement, cette mesure réduit aujourd’hui des familles entières à être des sans abri.
« On est là, nos maisons sont gâtées et il n’y a pas de réparation. Le riz qui est donné, rares sont ceux-là qui ont eu. Les dons qui viennent, ils partent donner à qui ils veulent. Nous les vraies victimes, on ne bénéficie de rien. Il y a eu des morts, nos maisons sont gâtées, que le gouvernement pense à nous maintenant. On va réparer nos maisons pour qu’on arrête de dormir au dehors, nos enfants sont malades. Il y a eu des dons, mais c’est le nom seulement. C’est Coronthie qui est durement touché, mais ce sont les autres qui viennent prendre à notre place. Jusqu’à présent, dans nos maisons, il n’y a aucune réparation. D’autres jusqu’à présent préfèrent partir chez les autres pour pouvoir dormir. Nous tenons nos 2 mains derrière, tout est gâté ici. Mamadi Doumbouya ait pitié de nous maintenant », a dit Boutouraby Kaba, une des victimes.
Abondant dans le même sens, cette autre victime, Zenab Camara, soutient que rien n’est fait encore pour les sinistrés. Elle interpelle le président de la Transition sur cette situation qui crée déjà de la frustration.
« Nos maisons sont gâtées, il n’y a rien pour nous. On dort sous les décombres. Les dons qui viennent, c’est d’autres qui reçoivent ça à Coronthie. Nous, on ne voit rien. Tout est gâté pour nous, on demande que ça soit réparé. Mamadi Doumbouya, si rien n’est fait, on ira chez toi s’installer et même dormir là-bas. Le recensement, ça été fait 20 fois ici, mais jusqu’à présent il n’y a rien dans notre couloir et on ne nous appelle pas », a-t-elle indiqué.
Pour le chef du quartier Coronthie, la réparation et la reconstruction accuse retard agaçant. Elhadj Momo Soumah confirme aussi que plusieurs victimes recensées n’ont pas reçu de dons. Mais, il garde espoir que les choses pourraient s’arranger bientôt.
« Aujourd’hui nous sommes à un mois et quelques jours depuis l’incendie du dépôt d’hydrocarbures à Coronthie. L’État a pris toutes les responsabilités, le feu a été éteint. Donc, un recensement a été fait. Pour les denrées alimentaires, ils ont commencé à faire la distribution par ménage suivant le recensement, mais ça s’est arrêté. Et, on ne sait pas pourquoi. Cependant, tout le monde n’a pas reçu. On appelle les gens pour aller se ravitailler, même chez moi, dans ma concession ici, 3 à 4 de mes voisins n’ont pas eu, et pourtant ils ont été recensés. Le second aspect, c’est les bâtiments, ils sont complètement détruits. Chez moi par exemple, on ne peut pas se coucher dedans. Les membres de ma famille sont en banlieue, ils passent la nuit là-bas, le matin ils reviennent ici. Il y a d’autres, leurs bâtiments sont complètement détruits, ils sont en banlieue. Donc, on attend impatiemment la reconstruction et la réparation [des maisons]. Le Directeur général de l’habitat, les membres de la commune, le Ministre de l’Habitat et Madame la Gouverneure sont passés ici et ils ont fait le recensement concession par concession. Il y a eu trois groupes. Un premier est passé, ils ont fait les photos avec les huissiers. Le deuxième groupe est venu pour faire des mesures. Et, le troisième, ils ont fait la même chose. Donc, on attend le résultat de ça, mais jusqu’à présent. Ensuite, Le ministre de l’habitat est venu, il est passé dans quelques concessions de Coronthie 1, parce que c’est l’endroit le plus touché. Il nous a réconfortés et nous a dit d’être calmes, qu’il prendra toutes les dispositions. On a de l’espoir, on a confiance à l’État, nous pensons qu’avec tout ce qu’ils ont fait, ils viendront vers nous. Nous sommes en janvier, si la pluie nous trouve dans ça, ce n’est pas bon. Ce qui est à reconstruire, il faut le faire ; ce qui est à réparer, ils réparent », a dit Elhadj Momo Soumah.
Ismael Diallo pour Guineematin.com
Tel : 624693333
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