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L’inflation dépend de la quantité de monnaie, pas de la taille des billets.
Comme vous le savez, la formule fondamentale de la théorie de la monnaie est claire : les prix n’augmentent que si la masse monétaire augmente et que la production reste inchangée. Autrement dit, le prix est lié à la masse monétaire (quantité de monnaie) et non aux coupures. Si la masse monétaire ne change pas, l’inflation ne change pas dans ce contexte, même s’il existe d’autres types d’inflation.
Introduire un billet de 50 000 ou 100 000 GNF :
• ne crée pas plus de monnaie,
• ne change pas la quantité de GNF en circulation,
• ne change pas les réserves des banques,
• ne change pas les crédits,
• ne change pas non plus la base monétaire.
C’est uniquement un changement de forme, pas de quantité.
En plus, nulle part il n’est enseigné que la coupure d’une monnaie fait partie des instruments de la politique monétaire (taux de réserves obligatoires, taux directeurs de la BCRG, TRM, politique de change…) qui permettent à la banque centrale de réguler la masse monétaire. Elle constitue plutôt la 5ᵉ caractéristique d’une monnaie : l’homogénéité.
À titre d’exemple, quand on a 20 billets de 5 000 GNF, cela fait 100 000 GNF. Et si tu changes tes 100 000 GNF contre 2 billets de 50 000 GNF, cela fait toujours 100 000 GNF.
Ici, la taille du billet change certes, mais la valeur totale est exactement la même. Le pouvoir d’achat n’a pas changé. La masse monétaire n’a pas bougé. Donc aucune inflation n’est possible.
Pour comprendre, prenez l’exemple de deux personnes qui vont dans un supermarché pour acheter un iPhone 17. La première a des billets de 10 000 GNF et la seconde a des billets de 20 000 GNF. Est-ce que cela va changer le prix de l’iPhone 17 ? Non. Elles vont toutes les deux l’acheter au même prix.
Il en est de même pour ceux qui veulent acheter 100 litres de carburant avec des coupures différentes. Peu importe la coupure, ils vont payer au même prix. Est-ce que la coupure a un impact sur le prix ? Non. Même le salaire des travailleurs ne varie pas en fonction des coupures. Et ainsi de suite…
Pour encore l’illustrer, quand on introduisait les coupures de 20 000 GNF en 2015, le taux d’inflation était de 11,78 %. Et une année après, en 2016, si on suit la logique de ceux qui pensent que cela cause l’inflation, ce taux devrait augmenter ; or il a plutôt baissé de 11,78 % à 8,2 %. Ici, malgré l’augmentation de la valeur de la coupure, les prix ont plutôt baissé au lieu d’augmenter. Ce qui prouve qu’il n’y a pas de relation directe entre le niveau général des prix (inflation) et la coupure.
C’est juste un changement logistique, pas monétaire. Et pire : même ceux qui critiquent cette proposition préfèrent toujours avoir dans leur poche 10 000 $ plutôt que 100 000 000 GNF. Mais puisqu’il s’agit du dollar, personne ne s’en plaint.
Un billet de grande valeur :
• réduit les coûts d’impression,
• facilite le transport de cash,
• diminue l’usure des billets,
• simplifie la gestion du cash dans les banques.
Cela n’a aucun effet économique sur les prix. L’Union européenne émet des billets de 200 €, l’équivalent de près de 2 millions GNF. La Suisse émet un billet de 1 000 CHF, soit l’équivalent de près de 10 millions GNF. Or, dans ces pays, le taux d’inflation est très bas. Aucun de ces pays n’a vu l’inflation augmenter à cause des grosses coupures.
D’aucuns diront : « mais la coupure de 200 € est différente d’une coupure de 50 000 GNF », ne sachant pas qu’en termes de monnaie, la comparaison ne se fait pas sur le chiffre, mais sur le pouvoir d’achat. 50 000 GNF fait environ 5 €, 5 € étant la plus petite coupure en Europe. À ce jour, le plus gros billet de la Guinée fait 20 000 GNF, l’équivalent de seulement 2 €. En Europe, il n’existe pas de billet de 2 €, mais plutôt une pièce de 2 €.
Dans les 8 pays de l’UEMOA (Sénégal, Burkina Faso, Niger, Togo, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Bénin, Mali), la plus grande coupure fait 15 €, soit 150 000 GNF. À part la Côte d’Ivoire et un peu le Sénégal, économiquement et en termes de PIB, la Guinée dépasse les six autres, et même le Sénégal est discutable. Néanmoins, ces pays ont quand même un billet d’une valeur de 15 €, alors que la Guinée est à seulement 2 €. Certes, il n’existe pas de relation directe entre le PIB et la coupure, mais il en existe bel et bien une entre le PIB et le niveau général des prix. Si une coupure d’une valeur de 15 € n’a pas été source d’inflation au Niger, rien ne prouve économiquement qu’une coupure équivalente à seulement 5 € pourrait l’être en Guinée, qui produit davantage.
Je persiste : le seul lien possible entre la coupure et le prix est psychologique, or cela n’est pas économique. Elle donne l’impression que la monnaie se déprécie, alors qu’en réalité, rien ne change. Ce n’est pas un effet économique, c’est un effet de perception.
Créer un billet de 50 000 GNF ne provoque PAS d’inflation. L’inflation dépend uniquement de la quantité de monnaie injectée dans l’économie, pas de la taille des coupures.
Néanmoins, au-delà de ce que propose le Gouverneur, la BCRG devrait veiller à ce que toutes les autres coupures (500, 1 000, 2 000, 5 000, 10 000, 20 000) soient en circulation à quantité suffisante pour éviter l’arrondi des prix, qui est très dangereux.
De plus, le mécanisme le mieux adapté pour un monde qui se numérise est de favoriser le paiement électronique. Les systèmes de paiement dématérialisés ont permis aux grandes économies de faire face à la pression sur le cash. Même si nous sommes encore loin de généraliser un tel système en Guinée, à cause du taux d’analphabétisme élevé, des difficultés d’accès à Internet, des coûts importants, de l’enclavement de certaines zones, du manque de confiance entre les agents économiques et de la forte dépendance à la culture du cash, il reste important d’avancer dans cette direction.
En définitive, le débat autour du billet de 50 000 GNF révèle surtout une méconnaissance des mécanismes monétaires. La coupure ne fait ni la valeur de la monnaie, ni le niveau des prix ; seule la quantité de monnaie injectée dans l’économie influe sur l’inflation. Ajouter une nouvelle coupure ne transforme pas l’économie, mais simplement la manière dont nous manipulons le cash.
Plutôt que de redouter un outil logistique, orientons le débat vers les véritables enjeux : la stabilité de la masse monétaire, la modernisation des moyens de paiement, l’amélioration de la production nationale et la confiance dans les institutions financières. C’est sur ces leviers que se joue l’avenir du franc guinéen, pas sur la taille des billets.
L’économie n’a pas besoin d’émotion, mais de rigueur. Et la rigueur nous dit ceci : le gouverneur de la banque centrale n’a pas tord , un billet de 50 000 GNF ne crée pas d’inflation. Seule une politique monétaire mal maîtrisée le ferait.
Hon Hamidou Camara, président de commission du plan, des affaires financières et du contrôle budgétaire du CNT.
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il y a 3 heures
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