Syndicalistes exclus de la CNTG : « Ahmadou Diallo n’a aucun pouvoir de nous faire ôter le manteau du syndicaliste »

Yamoussa Younoussa Camara et Salifou Camara, deux syndicalistes exclus des rangs de la Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée (CNTG) pour injures et calomnies, contestent vigoureusement cette décision. Lors d’un échange téléphonique ce mardi 18 mars 2025, l’un d’eux a déclaré que la communication du Général Ahmadou Diallo et de ses pairs ne reflète que des accusations de « mensonges montés de toutes pièces ». Il a dénoncé par la suite un règlement de comptes interne motivé par des intérêts personnels, rappelant des antécédents qui remontent à un congrès électif tenu il y a quelques temps.

Se disant prêts à répondre à toute convocation judiciaire, et mettant en avant une violation des principes syndicaux, ces désormais exclus de la CNTG estiment que cette décision est la suite logique d’un conflit qui remonte au congrès électif de 2021. Lors de cet événement, rappelle le porte-parole, le camarade Salifou Camara avait été candidat contre Amadou Diallo. Un passé qui, selon lui, continue de peser sur les relations internes du syndicat.

« C’était lors d’une invitation du CNT (Conseil National de la Transition), où les généraux des différentes fédérations devaient s’exprimer devant le Président de la République. Le camarade Salifou Camara m’a mandaté pour lui garantir une place parmi les intervenants, ce qui a été validé. Mais au moment de l’intervention, il a été écarté sans justification valable », a déclaré l’un des syndicalistes exclus.

Pour le syndicaliste Camara, cette éviction était déjà un signe d’ostracisation. La décision de la CNTG de l’exclure, lui et le camarade Salifou Camara, ne serait que l’aboutissement d’une stratégie d’élimination de certains membres jugés trop critiques.

Une exclusion contestée

Lors d’un point de presse tenu hier lundi à la bourse du travail sise à Kaloum, la CNTG a justifié l’exclusion de Yamoussa Younoussa Camara et de Salifou Camara par des accusations d’injures et de calomnies. Des accusations que les intéressés rejettent fermement.

« Je vous avoue qu’on ne reconnaît pas ce dont ils nous reprochent, parce que c’est monté de toutes pièces. Tout ce qu’on reconnaît, c’est que ce sont des gens qui sont professionnels en montage et en technique de mensonge », a-t-il tranché, rappelant que ni lui ni Salifou Camara n’ont été entendus avant leur exclusion. « C’est donc une procédure bâclée et unilatérale. »

Des syndicalistes toujours légitimes ?

Malgré la décision de la CNTG, Younoussa Camara affirme qu’ils (lui et le camarade Salifou Camara) restent des syndicalistes élus, et que la confédération n’a pas le pouvoir de les révoquer.

« Nous avons été élus pour un mandat de cinq ans. Amadou Diallo, qui est à la retraite, n’a aucun pouvoir de nous exclure. Seuls nos mandataires à la base peuvent nous démettre », a-t-il lancé.

Poursuivant, il a insisté sur le fait que leur élection leur confère une autonomie et que seule la base syndicale a le droit de les retirer de leurs fonctions.

Une plainte accueillie avec sérénité

Au-delà de leur exclusion, Younoussa Camara et Salifou Camara font également l’objet d’une plainte déposée par une femme, en lien avec une altercation verbale. En tout état de cause, indique le syndicaliste, ils se disent prêts à faire face à la justice devant n’importe quelle juridiction.

« Nous l’attendons fermement. Nous sommes prêts à répondre devant n’importe quelle juridiction. Nous voulons également comprendre comment l’enregistrement de Salifou Camara a été obtenu, puisqu’il n’a pas été réalisé avec son consentement. Nous signalons déjà que c’est une violation », a-t-il mentionné, promettant qu’une défense rigoureuse sera faite face à ces accusations.

Vers une sortie de crise ?

Malgré ces tensions, un espoir de dialogue subsiste. Le CNDS (Conseil National du Dialogue Social) a pris l’initiative d’apaiser la situation en tentant une médiation entre les parties concernées. C’est dans ce contexte qu’une rencontre a eu lieu aujourd’hui, selon notre interlocuteur, rencontre chapeautée par Dr Alia Camara.

« Nous venons d’une rencontre avec le Conseil national de dialogue social, qui nous a demandé de mettre la balle à terre. Il va entamer le dialogue entre la CNTG et nous. Si toutefois, on ne parvient pas à aplanir les choses, nous allons engager la vitesse supérieure. »

Bien que l’issue de cette crise syndicale reste incertaine selon Younoussa Camara, une chose est sûre, dit-il, c’est que les partisans de ces deux syndicalistes exclus ne comptent pas abandonner leur combat.

Sâa Robert Koundouno

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