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Depuis l’explosion du dépôt central des produits pétroliers à Kaloum, le 17 décembre 2023, les habitants du quartier Coronthie sont dans la misère, la précarité et le besoin incessant.
Abandonnées par l’Etat, plusieurs familles ont commencé à reconstruire les maisons en ruine, laissées par l’explosion.
Selon Mamoudou Cifo Kétouré, porte-parole de ces sinistrés, « les Kaloumkas traversent une période difficile en cette saison des pluies comme tous les Guinéens d’ailleurs ».
« Particulièrement au quartier Coronthie, nous tirons le diable par la queue. Depuis cette explosion, les conditions ici sont très précaires. Nous vivons entre manque de médicament, le manque de ressources financières nous permettant d’achever les travaux de nos maisons. Parce que, figurez-vous que malgré les nombreux dons effectués en notre faveur, nous n’avons rien reçu. Nous étions contraints par l’intempérie notamment la pluie, de faire ces travaux nous-mêmes. Donc, en faisant ces travaux, nous sommes obligés de contracter des prêts, de puiser dans nos ressources devant nous servir de nourriture pour faire nos chantiers. Ce qui affecte négativement l’assiette. C’est regrettable mais nous acceptons de vivre avec cette douleur et surtout cette angoisse. Nous sommes angoissés à chaque fois que nous voyons ces intempéries et nous entendons parler de Coronthie autrement sans nous consulter ou nous associer. Nous vivons avec cette solidarité que nous expriment tous les Guinéens », a-t-il laissé entendre.
De l’avis de Cifo, « ce qui s’est passé est un drame qui a dévasté la population laborieuse de Coronthie ».
Mais à la place de la compassion et d’une véritable consolation, « l’Etat a laissé cette population dans l’amertume et un malaise profond. Nous prenons notre mal en patience et continuons à travailler ».
« Quand il menace à pleuvoir, nous cherchons à secourir les plus petits, les femmes enceintes, les plus vulnérables. Aujourd’hui, dans toutes les concessions, nous avons réussi à refaire beaucoup de choses. Nous n’avons pas terminé, mais la plupart des travaux sont faits, en tout cas pour permettre à ces concessions d’être habitées. Les gens réussissent à dormir, par moments, à même le sol. Même la mosquée de Coronthie n’est pas épargnée. Quand il pleut, on est obligé de mettre les récipients pour éviter que l’eau envahissent la mosquée. Pourtant, c’est la maison de Dieu. Ceux qui étaient censés venir à notre secours ne sont pas venus même au secours de la mosquée », a ajouté Kètouré.
Pour lui, la gestion du sinistre à Coronthie a été biaisée depuis le départ. Il dénonce un manque de concertation avec les autorités.
« Depuis le départ, il n’y a jamais eu de concertation véritable entre les populations de Coronthie et ceux qui sont censés trouver solution à leurs problèmes. Pourtant, on ne peut pas trouver solution à un problème sans associer celui qui est concerné par le problème. C’est pourquoi, parfois, quand il y a des décisions, elles peinent pas aboutir. Nous avons aussi appris, comme vous, qu’on est en train de remettre 7 millions aux gens. Mais la question fondamentale est de savoir s’il est juste ou adéquat de remettre à tout le monde, le même montant. À Coronthie aujourd’hui, nous n’avons de soutien que la Loi. Et c’est cette loi qui dit que nous devons être dédommagés. Nous remettre ces dons n’est pas que dans notre intérêt. Ça permet aussi de rassurer les donateurs quand à savoir, désormais, en Guinée, quand il y a des dons, ça va aux ayant-droits et non dans la poche des individus. Nous ne sommes pas en mesure de dire si ces dons mobilisés sont disponibles ou pas. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que nous n’avons rien reçu de tout cela. Aucune victime de Coronthie n’a reçu même une feuille de tôle pour la reconstruction des maisons de la part de l’Etat. Pourtant, on a fait don de tout ça. Il nous appartient de dire à ceux qui ont reçu ces dons de dire là où il les ont envoyés », a-t-il dit.
L’autre chose qui fâche dans l’affaire de Kaloum, c’est que les résultats de l’enquête ouverte depuis le lendemain du drame ne sont toujours pas rendus publics. Les autorités ne font même plus cas de cette enquête.
MohamedNana Bangoura