Régis Hounkpè, analyste en géopolitique : “le retrait des trois pays sahéliens de la CEDEAO n’est pas une surprise”

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Les Mali, le Burkina et le Niger se sont retirés officiellement de la CEDEAO accusant l’organisation de s’être éloignée des “idéaux de pères fondateurs et du panafricanisme” pour se mettre sous sous “l’influence de puissances étrangères”. Ce retrait n’est pas une surprise, selon l’analyste en géopolitique et relations internationales et directeur exécutif d’InterGlobe Conseils.

Cette décision est consécutive aux relations conflictuelles entre ces trois pays et l’organisation sous régionale depuis l’avènement des coups d’Etat. “Le Burkina Faso, le Niger et le Mali restent des membres importants de la Communauté”, a réagi la CEDEAO tout en réaffirmant son engagement à “trouver une solution négociée à l’impasse politique”.

La rupture semble déjà consommée. Les 3 États sahéliens forment désormais l’Alliance des États du Sahel (AES). “Ce retrait des trois nations n’est pas tout à fait une surprise, au regard du climat d’inimitiés et de défiance des transitions vis-à-vis de la CEDEAO. Depuis l’avènement de l’Alliance des États du Sahel et de sa validation par la Charte du Gourma, ce retrait me semble presqu’attendu. L’effet de sidération face à cette nouvelle découle davantage du caractère lapidaire, du calendrier et de la théâtralisation de l’annonce faite par les trois régimes sahéliens”, analyse Régis Hounkpè.

L’analyste en géopolitique rappelle que le retrait de toute organisation relève de la souveraineté nationale du pays. Mais il mentionne que les conditions de ce départ doivent être négociées par toutes les parties contractantes, surtout qu’en l’espèce, un délai d’un an est effectif pour valider le processus. “Les implications politiques, diplomatiques et économiques sont nombreuses à la fois pour ces trois pays, les autres pays de la communauté, l’organisation elle-même d’un point de vue administratif et institutionnel, l’Union Africaine et les relations internationales avec le monde”.

Impacts sur les populations

Cette décision des États sahéliens n’est pas sans conséquences sur les populations. “Il ne faut surtout pas oublier les impacts sur le quotidien des populations nationales, la libre circulation des biens et des personnes, la délivrance des visas, les échanges commerciaux, les coopérations culturelles ou universitaires”, a souligné le directeur du cabinet InterGlobe Conseils.

Toutefois, le géopolitologue juge les arguments des 3 pays pas trop solides. “Il y a également d’autres questions de fond qu’il ne faut pas éluder comme la légitimité et la cohérence de la CEDEAO, mais doit-on faire le procès de celle-ci au profit de trois régimes issus de putschs ? Les accusations faites à la CEDEAO sur sa complaisance vis-à-vis des coups d’État civil ou constitutionnels sont recevables, mais doit-on pour autant prononcer l’oraison funèbre de l’organisation ouest-africaine ?”.

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