Réforme budgétaire : la Guinée prépare ses cadres pour le passage au budget Programme

C’est dans un complexe hôtelier de Coyah que le ministre du Budget, Facinet Sylla, a procédé, ce lundi 5 mai 2025, au lancement officiel de l’atelier sur la migration vers le Budget Programme. Pendant douze jours, les principaux acteurs des finances publiques seront outillés pour accompagner cette réforme majeure, qui vise à transformer en profondeur la gestion budgétaire de l’État.

Introduite en 2012 avec l’adoption de la Loi organique relative aux lois de finances (LOLF), la réforme du Budget Programme a longtemps stagné, malgré son renforcement en 2014 par un décret sur la gouvernance des finances publiques. « Après plus de 13 ans, nous n’avons pas accompli de grandes avancées… Nous avons accumulé beaucoup de retard », a reconnu Facinet Sylla, qui place aujourd’hui cette relance sous le sceau de la refondation prônée par le Général Mamadi Doumbouya : « Le passage au Budget Programme intervient à un moment clé de notre histoire, celui de la transformation profonde de notre économie, impulsée par le programme Simandou 2040. »

L’atelier vise principalement à améliorer la compréhension et l’appropriation du Budget Programme par les acteurs sectoriels et institutionnels, tout en renforçant leur engagement dans la conduite de la réforme. À travers cinq modules — concepts et principes du Budget Programme, étapes de mise en œuvre, outils, gestion du changement et ateliers pratiques — les participants vont acquérir les compétences nécessaires pour piloter le changement au sein de leurs structures.

« Il ne s’agira plus simplement de ventiler des crédits par nature de dépenses, mais de gérer par objectifs, d’atteindre des performances mesurables et de rendre compte des résultats obtenus », a souligné le ministre du Budget.

Dr Mamadou Saliou Diallo, directeur général du Bureau de stratégie et de développement (BSD), a présenté l’architecture de la réforme : « Nous avons travaillé sur le cadre réglementaire qui mènera à la mise en place d’un comité national du Budget Programme… Nous allons définir une feuille de route sectorielle claire. »

L’atelier se déroule en deux étapes de six jours chacune : la première phase est consacrée à la préfecture de Coyah ainsi qu’aux ministères pilotes (Budget, Finances, Agriculture), tandis que la seconde ciblera les autres départements sectoriels.

Mandaté par le gouvernement guinéen et l’UNICEF, le cabinet sud-africain Genesys Analytics apporte son expertise technique à travers l’animation des sessions. Yacine Biotchane, économiste au sein du cabinet, précise : « Nous allons partager des études de cas d’autres pays africains pour illustrer les réussites et les défis rencontrés dans la mise en œuvre du Budget Programme. » L’accent est mis sur la pratique, la co-construction de la feuille de route, mais aussi sur l’approche individuelle de la réforme : « Cela exige une responsabilité tant personnelle qu’organisationnelle », insiste-t-elle.

Le secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de Coyah, Mohamed Lamine Camara, salue l’initiative : « Le Budget Programme est un outil de gestion des finances publiques qui regroupe les crédits autour d’actions cohérentes, avec des objectifs précis et des résultats mesurables. Cet atelier s’inscrit dans la dynamique de la réforme de l’État prônée par le CNRD. »

Pour le ministre Facinet Sylla, cette réforme n’est pas une option, mais une nécessité pour rendre les politiques publiques plus efficaces, plus transparentes et mieux orientées vers les résultats : « Ce changement est une opportunité, non une contrainte. C’est un tremplin pour rendre nos institutions plus crédibles et notre gouvernance plus performante. »

Concluant sur une note d’engagement, il a invité tous les participants — directeurs des BSD, DAF, cadres des ministères — à s’approprier les outils et les principes de cette transformation : « C’est à vous de construire les bases d’un nouveau modèle de gestion publique, plus juste et plus efficace, au service de la vision de Son Excellence, le Général Mamadi Doumbouya. »