Que sont-ils devenus ? : Guinéenews à la rencontre de Philippe Kourouma, auteur, chanteur-compositeur, et administrateur de direction 

il y a 2 jours 110
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Invité de ce présent numéro de la rubrique ‘’Que sont-ils devenus ?’’, du site d’information Guinéenews, Philipe Kourouma est auteur, compositeur chanteur, vedette en solo, actuel directeur général de SONOGUI (Sonorités de Guinée), direction technique, rattachée à la Radiotélévision guinéenne (RTG), chargée de la production, de l’édition, et de la promotion des œuvres musicales authentiques guinéennes.

De profession électromécanicien, Philippe Kourouma a couronné ses études supérieures à l’Ecole nationale des arts et métiers (ENAM) de Conakry, après avoir franchi le primaire, le secondaire et le lycée à Nzérékoré.

Sur le plan administratif, il fut dès sa sortie, affecté à l’imprimerie nationale Patrice Lumumba de Conakry, où il servira, au niveau de la section suivi et gestion du groupe électrogène, et des machines d’impressions, et peu après, muté à l’offset, il sera chargé de la conduite des machines d’imprimerie. Suite à la fermeture de l’Imprimerie nationale Patrice Lumumba, Philippe Kourouma, sera réaffecté au ministère de la communication et des nouvelles technologies de l’information, précisément, à la direction nationale des nouvelles technologies de l’information. C’est au sein de ce ministère, que Philippe Kourouma, va intégrer la fonction publique. De là, en tant que musicien et technicien, il bénéficiera de la confiance de M. Justin Morel Junior, directeur général de la RTG à l’époque, pour être nommé directeur général d’une nouvelle direction, dénommée SONOGUI (Sonorités de Guinée), chargée de la production, de l’édition, et de la promotion des œuvres musicales authentiques guinéennes.

Prédisposé à la musique depuis le bas âge, Philippe Kourouma, aiguisera ses armes au chant, dans les troupes scolaires, et celles de la section et de la fédération de Nzérékoré pendant les quinzaines artistiques, et festivals nationaux à Conakry.

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Guinéenews : Merci encore une fois d’accepter notre invitation. A l’entame, pouvez-vous nous dire, quand et comment, vous êtes arrivé dans la musique ?

Philippe Kourouma : Je me suis accroché à la musique depuis l’école primaire. Vous savez au primaire, l’élève avait le choix entre les récitations ou les chants, qui faisaient partie des notes d’évaluation. Au début j’avais opté pour les récitations. Subitement un jour, j’ai changé de direction, et j’ai chanté au lieu de réciter. Ma voix avait plu au maitre, et il m’a repéré. C’est ainsi, que je représentais l’école dans toutes les compétitions, dans plusieurs disciplines notamment le chœur, le chant. Ma popularité, devenait sans cesse grandissante, j’étais invité un peu partout pour me produire en spectacles au chant. J’ai même été surnommé un moment ‘’l’enfant à la voix d’or’’. Arrivé au collège, je chantais le chœur, et je posais ma voix aussi au niveau de l’ensemble instrumental. Je me rappelle, un jour j’ai été copté, pour faire le chœur de l’orchestre ‘’Zaly Band’’ de la section d’arrondissement, qui était en pleine phase, dans les préparatifs d’une quinzaine artistique. J’ai été même choisi lors d’un festival national, et je suis venu à Conakry au compte de la fédération de Nzérékoré, en tant que chanteur soliste au niveau du chœur et de l’ensemble instrumental. A noter, que mon père était responsable politique, membre du bureau fédéral, et toute son inquiétude était, axée sur mon voyage. Etant très petit à l’époque, il m’a fait voyagé avec l’orchestre, pour encore plus de sécurité, car s’étaient de pénibles voyages Nzérékoré-Conakry. Je suis donc venu très tôt à la musique, surtout au chant, que j’ai beaucoup aimé.

Guinéenews : Aviez-vous eu une idole à vos débuts d’apprentissage ?

Philippe Kourouma : Prédestiné à la musique, je ne peux pas le confirmer. A la question de savoir, si j’avais une idole, je vous dirais du coup, que feu Elhadj Sory Kandia Kouyaté, avec sa belle voix, fut mon idole. J’ai beaucoup aimé les Sofas de Camayenne, le Syli authentique avec la belle voix de Yaya Bangoura dans les titres ‘’Yèrèwolo’’, ‘’Andrée’’, ‘’Sènèro’’. Ce sont des voix qui m’ont fascinée, et à chaque fois, je reprenais tous ces morceaux. En tant que chrétien, la chorale nous inspirait aussi, et j’écoutais avec attention les chorales dans les églises, la musique en un mot, est passionnelle.

Guinéenews : Aviez-vous rencontré des difficultés pendant vos débuts d’apprentissage ?

Philippe Kourouma : Vous savez, mon père était un responsable politique, et membre du bureau fédéral de N’Zérékoré, il n’était pas question pour lui, ou un autre membre de la famille de m’empêcher, surtout au temps de la Révolution, où toutes ces disciplines, le sport, le théâtre étaient incluses dans l’éducation. En plus, je savais m’organiser, partager mon temps entre les études et les répétitions. Pratiquement, je n’ai pas eu d’oppositions, venant de n’importe où, pour empêcher la pratique de la musique

Guinéenews : Votre ascension est intimement liée à ce duo Philippe Kourouma-Malick Condé. Comment a eu lieu cette fusion ?

Philippe Kourouma : Une intéressante question. J’ai été collègue de service à Malick Condé à l’imprimerie Patrice Lumumba. C’est à partir de là, que notre amitié a commencé à voir jour. Malick Condé est un ancien musicien du Dirou band de Kindia (batteur ensuite guitariste et chanteur). J’allais souvent le voir en répétition avec un de ses amis du nom de David, et ça m’intéressait. Un jour à l’écoute de la radio, on a écouté un communiqué, qui annonçait un concours de chant, à l’occasion de la célébration, du 2ème anniversaire de l’émission ‘’Parade’’, animé à l’époque par le journaliste Louis auguste le Roy. Aussitôt, j’ai saisi l’occasion, et je suis venu rencontrer Malick Condé, et lui exposé mon intention de présenter à ce concours, une chanson, que je fredonnais déjà. Ma proposition acceptée par Malick, nous avions consacré 2 jours de répétitions, pour finalement enregistré sur support le morceau en question. C’est au dernier jour de la fermeture du dépôt des supports de candidatures, que je me suis présenté au musée national avec le produit fini. A la porte de sortie, je rencontre Louis Auguste le ROY, en partance pour son domicile, et qui me dira ceci : « … je suis au regret de vous signaler, que la fermeture est déjà faite, et il n ya plus de candidatures à accepter, ce sont les règlements du concours… ». De tractations en supplications, finalement Louis Auguste le Roy, a pris le temps d’écouter la chanson, qui l’avait émerveillé, et il a retenu ma candidature parmi tant d’autres, et m’a programmé pour la compétition.

Guinéenews : Pouvez-vous nous identifiez quelques autres artistes, concurrents, qui étaient aussi retenus pour cette compétition ?

Philippe Kourouma : Tout d’abord, la compétition a eu lieu dans un réceptif de la place, situé à l’époque près du cinéma 8 novembre. Réunis autour de ce concours, il y avait tous les jeunes émergents du moment, quelques jeunes orchestres, nommément, je peux citer ‘’Boul Diallo’’, ‘’Gaspari’’, le groupe ‘’Les Kamass’’ et tant d’autres.

Guinéenews : Alors à l’issue finale, quel a été votre classement dans ce concours  ?

Philippe Kourouma : Au finish, après toutes les prestations devant des membres du jury, aussi compétents en la matière, le duo ‘’Philippe Kourouma-Malick Condé’’, avait remporté le troisième prix, le deuxième prix était revenu à Gaspari, et le premier prix fit raflé, par l’orchestre Atlantique Mélodie.

Guinéenews : Etiez-vous à votre première expérience scénique dans ce genre de compétition, et quel était votre état d’âme, en face de tout ce grand public ?

Philippe Kourouma : Effectivement, c’était ma première fois, étant majeur, de chanter dans un lieu public dans la capitale, à part le moment où, très gosse, j’étais venu assister au festival national, au compte de la fédération de N’Zérékoré. J’avoue que l’émotion était grande, bien qu’auparavant, on était répété sans cesse, et Malick Condé, n’a cessé de m’encourager. Ce jour, je me suis correctement exprimé, j’ai séduit tout ce monde à travers ma voix, qui était éblouissante.

Guinéenews : Pouvez-vous nous donner le titre de ce morceau, qui vous avait fait monter sur la place 3, du podium de ce concours ‘’Parade’’ ?

Philippe Kourouma : Le morceau avait pour titre ‘’Muso diyanan ko’’ (littéralement traduit en français ‘’Ce que la femme aime, ou le plaisir de la femme’’).

Guinéenews : Peut-on connaitre, les raisons de votre choix d’évoluer en solo, pendant que la capitale était bondée de jeunes formations orchestrales ?

Philippe Kourouma : C’est un choix personnel, une orientation à l’avance, un goût qui ne se discute pas. Je pense, que je m’exprime mieux en acoustique, qu’en orchestre. Donc, c’est une préférence, et j’ai choisi l’instrumental, et c’est pourquoi, je jouais seul avec mon ami Malick Condé, qui répondait exactement à mes aspirations. Je n’ai jamais joué à un instrument de musique, mais je parviens toujours à donner de ma manière, les notes d’accompagnements à mes instrumentistes, et généralement tout coule aisément.

Guinéenews : Parlez-nous de votre discographie ?

Philippe Kourouma : Non, nous n’avions jamais fait d’albums. A la place, nous avions réalisé des enregistrements à la RTG, du moment à Boulbinet, qui ont émerveillé, et réveillé tout le monde à l’écoute. Je peux citer ‘’ Muso diyanan ko’’, ‘’Aduna wèla fi’’, ‘’ N’na fanin tunun na’’ entre autres, qui ont fait du succès, et ce fut nos premiers morceaux. Après, il y en a eu d’autres, et même Malick Condé, était finalement revenu au chant et à la guitare, et c’est en ce moment, qu’il avait interprété ‘’Témuré’’ et ‘’Salaya’’ à la place de Seydouba. A titre individuel, j’ai été produit par la structure ‘’JMJ Music’’, de Justin Morel Junior. Cet album qui comporte 8 morceaux, a eu pour titre ‘’Nu liba’’ en Guerzé, (littéralement traduit en français ‘’le plaisir’’).

Guinéenews : Dans le parcours, nous pensons, qu’il y a eu d’autres compositions musicales que vous aviez eues à proposer un moment ?

Philippe Kourouma : oui bien sûr, n’oubliez pas qu’à l’époque, notre duo valait plus que certains orchestres, compte tenu de nos compositions musicales. Je me rappelle, entre 1988-1989, il y a l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), qui avait demandé à Louis Auguste le Roy, de trouver un groupe qui pouvait donner une composition sur le SIDA. A propos, le choix était tombé sur nous. Et quand il était question de soutenir, et de vulgariser la loi fondamentale en République de Guinée, nous avions été choisis pour participer à cette caravane de campagne de sensibilisation, et nous avions effectué le tour de la Guinée. Nous étions souvent sollicités pour les campagnes de sensibilisation, à cause de la fertilité qui résidait en nous, en matière d’inspiration. Nous avions réalisé des compositions musicales autour des sujets, tels : ‘’l’excision’’, les ‘’droits de l’enfant’’, ‘l’environnement’’, ‘’ Paix et réconciliation’’ avec l’USAID-GUINEE, ‘’lutte contre Ebola’’, et nous avions même réalisé une chanson, et un clip, sur l’anniversaire de la radio nationale (RTG).

Guinéenews : A court terme, qu’avez-vous à proposer au public guinéen ?

Philippe Kourouma : Certes, que je ne suis pas tellement en activités, mais je viens de faire une composition musicale, dans un studio de la place. Je suis en train de réunir les moyens humain, technique, matériel et financier, afin de réaliser le clip, que vous apprécierez bientôt. Le titre c’est ‘’Nènè’’, un prénom, une chanson d’amour.

Guinéenews : En matière de chant, de compositions musicales, quelles sont vos sources d’inspirations ?

Philippe Kourouma : La vie est pleine, n’est-ce pas de sources d’inspirations. Il y a le côté social, le coté naturel, tout ce qui me tombe dessus, qui me frappe, qui m’attire, et qui touche mon état d’âme, suscite en moi des compositions musicales.

Guinéenews : Parlons de cette autre casquette de Directeur Général de SONOGUI (Sonorités de Guinée), que vous portez depuis. Dites-nous comment vous êtes arrivé à la tête de cette structure ?

Philippe Kourouma : Je suis technicien de profession, musicien à l’appui, et la direction de la RTG avait besoin de quelqu’un, qui avait ce profil. Je répondais exactement à ces critères, et c’est ainsi que le choix, par la grâce de Dieu, s’est porté sur ma modeste personne, à travers la confiance de Justin Morel Junior, Directeur de la RTG d’alors.

Guinéenews : Présentez-nous brièvement, cette structure ?

Philippe Kourouma : La SONOGUI, qui signifie sonorités de Guinée, est composée de deux sections : la première chargée de la production et de l’édition, la seconde est chargée de la promotion et de la commercialisation. La SONOGUI, inclue en son sein, un studio d’enregistrement des œuvres musicales. La SONOGUI, participe aussi à la conception, et à la réalisation des sons appropriés pour l’habillage des émissions de la radio et de la télévision. Nous participons surtout, à la revalorisation du folklore national. Notre mission, est de relever, d’encourager ces musiciens, qui n’ont pas les moyens, de faire face à leurs enregistrements au niveau des studios privés. C’est à l’image de la maison Syliphone, qui existait, et qui a efficacement contribué à la promotion de la musique guinéenne. Notre mission, concerne aussi la réhabilitation de nos produits, jadis enregistrés et non diffusés. Il y a des enregistrements dont la sauvegarde fait défaut, à cause de la conservation, ainsi, nous avons le droit et le devoir, de reprendre ces morceaux en relevant leurs niveaux, pour leur apporter une amélioration, pourquoi pas, une interprétation de ces grandes œuvres. Voilà en bref, quelques objectifs et missions qui sont dévolues à la SONOGUI.

Guinéenews : Depuis la création de la SONOGUI, pouvez-vous nous faire un bref tour d’horizon, sur quelques résultats obtenus sur le terrain ?

Philippe Kourouma : Tout au début, plusieurs artistes, groupes de théâtre, musiciens et ensembles, sont passés pour des enregistrements dans notre studio. Sur liste, je peux citer ‘’Lewru dyérè’’, les ‘’Zawagui’’, ‘’Kèlètigui et ses tambourinis’’, ‘’l’ensemble instrumental national’’. Nous avions enregistré le premier album de ‘’Rizo Bangoura’’, et réalisé beaucoup de ‘’spots publicitaires’’.

Guinéenews : Quelles sont actuellement les difficultés rencontrées au sein de votre service ?

Philippe Kourouma : Sans se voiler la face, nous traversons présentement des moments difficiles, qui rendent nos activités assez instables. Il y a eu tout d’abord, le problème de climatisation, qui avait pris du temps, et qui est maintenant résolu. Nous avons aussi des difficultés au niveau des équipements et un manque de personnel.

Guinéenews : Des dispositions sont-elles prises, pour résoudre tous ces problèmes ?

Philippe Kourouma : Dieu merci, nous saluons d’ailleurs, l’arrivée de cette nouvelle équipe du ministère de tutelle, qui à travers la direction de la RTG a fait le tour de tous les services, pour une prise de contact, et recenser à la fois, toutes les difficultés présentes, afin d’apporter des solutions. Nous sommes optimistes, et attendons la prompte réaction de la direction générale.

Guinéenews: Avez-vous des projets en vue, dans le cadre du maintien et de la relance de SONOGUI ?

Philippe Kourouma : Nous avons des projets, et tous tournent autour des moyens. A notre arrivée, nous avions préconisé en relation avec la direction du BGDA, le projet de récupération de toutes les œuvres musicales déclarées, puisque nous sommes aussi responsables de la gestion de cette musique, et cela nous permet, d’avoir l’œil sur tous ceux qui évolue dans ce cadre. Nous avions rencontrés des difficultés à ce niveau. Nous avons projeté, l’organisation d’une campagne d’enregistrement des œuvres folkloriques, au niveau de toute la république. Cette campagne pourrait s’étaler sur une durée de 2 à 4 ans. C’est une campagne qui va permettre de recenser, d’enregistrer les groupes folkloriques. La diffusion de ces œuvres, encourageraient les artistes, et les groupes folkloriques. Si ce projet est accepté et réalisé, je crois que nous allons ajouter un plus, à notre patrimoine. Nous avions projeté aussi, la mise en place d’un orchestre de la RTG. Sauf que cela nécessite un budget de fonctionnement, pour la prise en charge des musiciens. Nous possédons un lot d’instruments de musique, qui nous avait été offert par la LONAGUI.

Guinéenews : Un parcours musical, truffé un moment de succès, de sollicitations ou de programmations sur diverses scènes de la capitale. Relatez-nous quelques beaux et mauvais souvenirs, que vous aviez vécus sur le parcours ?

Philippe Kourouma : C’est vrai que sur ce parcours, de beaux et mauvais souvenirs se sont chevauchés à des moments. Je me rappelle d’un beau souvenir, quand un jour, nous étions programmés et dans l’émission parade avec Louis Auguste le Roy, et dans la salle des spectacles du cinéma 8 novembre, avec le regretté feu Aly Badara Diakité. La représentation finie dans l’émission Parade, et prêt pour le 8 novembre, ma moto Yamaha, nous lâches en cours de chemin. Un taxi déplacé, nous conduit au 8 novembre avec un retard considérable. Notre chanteur Seydouba du Ballet Djoliba, qui avait fait notre succès avec le titre ‘’Témouré’’, nous avait fauché finalement compagnie. En un temps record, et sur la scène, nous avions pu colmater la brèche, et Malick Condé a repris avec maestria ce titre à succès de notre groupe. C’est un inoubliable souvenir pour moi. Un deuxième beau souvenir, c’était lors de la campagne de sensibilisation autour de la loi fondamentale à Nzérékoré. J’ai vu le public m’envahir sur scène, quand j’ai entonné cette chanson populaire appelé ‘’Zégbé Tutu’’ (C’est le nom d’un oiseau), le spectacle fut interrompu à cause de cette invasion du podiu

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