Procès du 28 septembre : Me Jocamey s’attaque aux politiciens « moralement malsains » et « intellectuellement constipés »

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Lors de sa plaidoirie ce 12 juin 2024, Me Jean Baptiste Haba dit « Jocamey », a vivement attaqué Bah Oury, non pas en tant que Premier ministre, mais en tant que partie civile dans le procès en cours au tribunal criminel de Dixinn. L’actuel Premier ministre qui parle de prolongement de la transition, était un des organisateurs de la manifestation du 28 septembre 2009, contre une éventuelle candidature de Moussa Dadis Camara. Bah Oury, victime lors de cette manifestation sanglante, avait comparu devant le tribunal criminel. A ce moment, faut-il le préciser, il n’était pas Premier ministre.

Dans cette plaidoirie, Me Jocamey a dépeint Bah Oury et ses collègues politiciens comme étant « sans programme », les accusant de chercher le pouvoir à tout prix. Il a qualifié certains d’entre eux de « moralement malsains » et « intellectuellement constipés », soulignant que c’est ce genre de personnes qui ont été impliquées dans l’organisation du meeting du 28 septembre 2009. Selon lui, le président Dadis Camara est une victime de cette manifestation : « Les politiciens à la quête et à la conquête du pouvoir. Ils sont généralement sans programme. Les compagnons jaloux et frustrés. Le président Dadis devrait donc faire face à ces personnes-là parfois moralement malsaines et intellectuellement constipées. »

L’avocat a critiqué Bah Oury pour avoir mobilisé 50 000 personnes dans un stade qui ne pouvait en contenir que 25 000, créant ainsi une situation chaotique. Il a aussi accusé Bah Oury d’avoir été contre une transition de deux ans et d’avoir semé le désordre pendant les dix mois de la transition. Maintenant Premier ministre, Bah Oury fait campagne pour prolonger la transition de trois ans et quatre mois, un contraste frappant, selon Me Haba : « Celui-là qui a mobilisé 50 000 personnes dans un stade qui ne peut contenir que 20 à 25 000 personnes. Celui-là qui était contre une transition de deux ans, celui-là qui a créé toute la merde dans les dix mois de la transition, cette partie civile aujourd’hui, parce qu’elle a changé de position, est en train de faire campagne partout dans le monde pour que la transition de 3 ans 4 mois soit prolongée. Quel contraste ? Quelle leçon pour une telle partie civile ? »

Me Jean Baptiste Haba a souligné l’incohérence de Bah Oury, accusant ce dernier de vouloir simplement le départ de Dadis Camara et du CNDD, tout en soutenant des prolongations de transition lorsqu’il y trouve un avantage. Il a posé la question de savoir si Bah Oury aurait agi de la même manière si une autre personne que Dadis Camara avait été au pouvoir, insinuant que son opposition était personnelle plutôt que basée sur des principes : « Est-ce que cela ne signifie pas qu’en réalité, c’est le départ du président Dadis qu’il voulait simplement ? C’est le départ du CNDD tout simplement. Mais est-ce que c’est Dadis que c’est possible ? Et que si ce sont d’autres cela n’est pas possible. Est-ce que c’est parce que c’est cet homme dont je parlais que cela est possible alors que pour les autres non ? »

L’avocat a aussi insinué que Bah Oury, malgré son statut de partie civile, manipule la situation pour ses propres gains politiques. Il a décrit l’actuel Premier ministre comme un « champion » qui se sert de sa position pour influencer l’opinion publique et le tribunal, tout en menant une campagne mondiale pour prolonger la transition. Il ensuite a mis en garde le tribunal contre les motivations de la partie civile Bah Oury, affirmant que suivre ses recommandations serait un suicide pour l’image et l’histoire de la Guinée. Selon lui, Bah Oury cherche à induire le tribunal en erreur pour servir ses propres intérêts politiques. L’avocat a souligné que chaque époque a son temps et que les actions de Bah Oury ne sont pas aussi innocentes qu’elles pourraient paraître : « Monsieur le président, chaque chose en son temps. Chaque époque en son temps. Parfois ce qui peut vous aider vient de là où vous n’avez jamais pensé. Nous avons une partie civile dans ce procès qui est venue faire le récit de ce qu’elle a considéré comme mauvais, mais qui aujourd’hui, est le champion. D’aucuns pensent même que c’est l’arme qu’on utilise. C’est le civil que ces militaires utilisent parce qu’il est plus facile de dire que ‘c’est quelqu’un de vous’. Un civil, un politicien qui demande la prolongation. Entre un an de transition et trois ans de transition, qu’est-ce qui est plus long ? Si on devait demander ce qui devrait être prorogé c’était bien la transition gérée par le président Moussa Dadis Camara. Un homme qui a fait l’unanimité. De qui Bah Oury veut-il se moquer ? La défense ? Non. La partie civile ? Non. Le parquet ? Non. Du tribunal ? J’y crois fermement, parce que le but c’est de vous induire en erreur. »

Il conclu en disant que « faire ce que Bah Oury veut ici alors qu’il fait le contraire dehors, le suivre, ce serait du suicide non pas pour le tribunal, mais ce serait du suicide pour l’image, pour l’histoire de la Guinée. »

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