Procès du 28 septembre: « 58 corps ont été reçus et gérés dans les deux morgues» (Pr Hassan Bah)

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Le procès des événements du 28 septembre 2009, s’est poursuivi ce lundi 21 janvier 2024 par devant le Tribunal de première instance de Dixinn délocalisé au bâtiment nouvellement construit dans l’enceinte de la Cour d’Appel de Conakry sise à Kaloum.

Était devant la barre de cette audience, le médecin légiste Pr Hassan Bah, qui a fait sa déposition pour la manifestation de vérité dans cette affaire qui a fait assez de dégâts.

Dans sa déposition, ce médecin légiste du pays à l’époque des faits (2009), a révélé devant le tribunal présidé par le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara, que ce sont 58 corps qui ont été déposés dans les hôpitaux de Donka et d’Ignace Deen.

« Le premier camion militaire, à son bord, il y’avaient 21 corps accompagnés par des hommes en tenues (…). Après avoir reçu ces 21 corps, je rappelle que la morgue d’Ignace Deen a une capacité de dix corps et c’est une morgue qui reçoit les décès hospitaliers et extra-hospitaliers. Donc, au moment où ces corps sont arrivés, il y’avaient naturellement d’autres corps qui étaient déjà dans la chambre froide. Il fallait faire un réaménagement pour pouvoir loger ces corps qui viennent d’arriver. Quelques minutes après, il y’a eu un deuxième camion qui avait à son bord 7 corps. Et tout de suite, j’ai informé les collègues militaires pour leur dire que j’aurai un problème de place. Pour une capacité de 10 corps j’ai déjà 28, plus les corps qui étaient là. J’ai essayé avec les préposés de la morgue de faire un réaménagement pour encore recevoir les corps, pendant que je faisais cet aménagement pour recevoir les corps, il y’a eu un 3e camion qui a déposé 15 corps, ce qui fait un total de 43 corps dans un espace de 10 places c’est très difficile pour ne pas dire impossible », a déclaré le médecin dans un premier temps.

Puis, Pr Hassan Bah, poursuit en confiant qu’il a ensuite réussi à réquisitionner la morgue du CHU Donka où d’autres corps ont été finalement transportés.

« J’ai aussitôt réquisitionné la morgue de Donka pour leur dire d’envoyer quelques-uns là-bas. Et, avec les décès qui ont suivi parce qu’il y a eu d’autres personnes hospitalisées dans les services de l’hôpital Donka, qui sont décédées les jours suivants, on a eu un total de 34 corps logés à la morgue de Donka et 24 corps à l’hôpital Ignace Deen. Alors 43 corps déposés par des militaires, on a eu 6 corps décédés aux services des urgences médico-chirurgicales de Donka. Un (1) qui est décédé en chirurgie générale, un autre malade en chirurgie thoracique et un corps déposé par les sapeurs-pompiers au lendemain des événements du 28 septembre. À J3 (troisième journée après les événements), nous avons eu 2 corps déposés par le CICR, 2 corps déposés par le service de la neuroscience. Donc, on a eu à J2, 56 corps. À J3, un corps a été déposé par le service de neurochirurgie donc on a eu 57 corps et à J5 un autre décès au service de neurochirurgie. Ce qui fait 58 corps. Ce sont les 58 corps qui ont été reçus et gérés dans les deux morgues de l’hôpital Ignace Deen et Donka », a poursuivi le médecin légiste.

Devant le tribunal, Pr Hassan a aussi mis l’accent sur la difficulté à laquelle il a été confronté pour la gestion des corps.

« Le premier problème c’est comment loger 58 corps avec une capacité de 10 (chambres froides, ndlr) à Ignace Deen et plus ou moins 14 à Donka, on avait une chambre froide de 10, plus une petite chambre de 4. Alors à Ignace Deen et à Donka. Nous avons mis en place un protocole et nous avons essayé dans un premier temps de mettre les corps 2 à 2 en fonction de la corpulence des corps. On a libéré le plus vite les décès hospitaliers. Il fallait informer les familles qui avaient des parents décédés des suites de maladies hospitalisées, on les invite à venir chercher les corps pour avoir de l’espace. Malgré ces dispositions, il restait des corps qui n’ont pas eu de places. Il fallait les mettre alors sur les paillasses, c’est là où on fait les toilettes funèbres », a expliqué Pr Hassane Bah.

Pour l’instant, le procès est suspendu pour la pause.

A la reprise, ça sera au tour de la partie civile de poser ses questions après celle du tribunal. Suivront les questions de la défense.

Al Hassan Djigué

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