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Les acteurs impliqués dans la pré-collecte des déchets solides en Guinée, réunis autour de la CONAAG (Coordination Nationale des Acteurs de l’Assainissement en Guinée), étaient ce vendredi 7 février 2025 face à la presse pour évoquer la problématique liée à la gestion de la pré-collecte des déchets solides en Guinée, attirant ainsi l’attention des autorités sur la violation manifeste de la loi régissant ce secteur. Actuellement, avec une population estimée à 1 984 767 habitants (selon le recensement de la population de 2014), la ville de Conakry produit, selon les données de l’ANASP, environ 1 800 tonnes de déchets par jour, dont 1 200 tonnes sont collectées et transférées à la décharge, tandis que les 600 tonnes restantes demeurent dans la nature.
Ces acteurs dénoncent, entre autres: le non-respect du code des collectivités, qui fait de l’assainissement une compétence des communes ; le non-respect des contrats de concession de la pré-collecte avec les acteurs privés, à savoir : le déploiement de nouvelles PME sur des zones contractées sans appel d’offres ; les menaces de résiliation de contrats au profit des proches ; le déploiement des bennes tasseuses à l’intérieur des quartiers ; l’hostilité des conseils de quartiers vis-à-vis des PME/GIE concessionnaires ; et l’implication des mairies dans l’opérationnel.
Dans sa communication, Sekou Keïta, président de la Coordination nationale des acteurs d’assainissement de Guinée, a porté à la connaissance des autorités qu’ils sont engagés dans un système qu’ils ont initié depuis longtemps pour professionnaliser leur activité de gestion des déchets en République de Guinée. Mais malheureusement, ils rencontrent des obstacles sur leur chemin. C’est pour cette raison qu’ils ont souhaité attirer l’attention des autorités de haut niveau afin d’obtenir un meilleur accompagnement dans leur noble combat. «Nous sommes là depuis 1997 depuis que cette conglomération a été créée. Mais malheureusement, nous partons de difficultés en difficultés à chaque fois. Mais chaque fois aussi, c’est nous qui sommes accusés. Récemment, nous avons mené des études. Nous sommes allés prendre de l’expérience ailleurs, notamment au Sénégal, au Rwanda, au Ghana, au Bénin, au Togo, en Côte d’Ivoire tout près. C’est difficile d’appliquer ce qu’ils appliquent là-bas, c’est difficile pour nous d’appliquer ça ici. Parce que nous sommes empêchés par les autorités à la base, soit c’est les maires, soit c’est les présidents de délégations spéciales, soit c’est le conseil des quartiers soit c’est l’ANASP» déconne-t-il.
Parlant de l’Agence Nationale de la Salubrité Publique (ANASP), le président de cette faîtière de préciser : «Ils ont eu un très mauvais comportement dans l’application des textes, eux qui sont censés réglementer le secteur. Ils ont eu un très mauvais rôle dedans. Quand vous prenez un agriculteur, vous le mettez à la tête de l’assainissement, ça ne peut pas fonctionner, ça c’est naturel»
Pour une meilleure gestion des ordures à Conakry, ces responsables chargés de la pré-collecte des déchets dans les ménages pour les zones de collecte interpellent les autorités et des décideurs en ces termes : «Nous demandons l’application des textes. Tous les autres maillons sont subventionnés, l’État paye le transfert des déchets à la décharge, l’État paye la gestion de la décharge, mais l’État ne débourse aucun franc pour la pré-collète porte-à-porte avec les PME dans les quartiers. Et après, on demande la performance des PME. Avec une chaîne de trois maillons, les deux maillons sont subventionnés, l’autre maillon n’est pas subventionné, mais c’est ce maillon-là qu’on accuse toujours. Ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionne pas. Malgré tout, avec nos maigres moyens, on a réussi à mettre un très bon système solide en place. Si on n’était pas solide, on serait renversé à l’heure actuelle, là où je vous parle»
Pour ailleurs, Sekou Keïta dénonce l’attitude malsaine de certains présidents de délégations spéciales de vouloir remplacer leurs PME de pré-collecte légalement constituées par d’autres proches. «Il y a des présidents de délégations spéciales aujourd’hui qui veulent à notre place, mettre leurs neveux, leurs cousins, leurs petits dans les quartiers pour faire la pré-collète. Alors qu’ils n’ont pas les capacités de faire le travail. Nous avons reçu 13 modules de formation pour faire cette activité, l’assainissement, et nous ne l’avons pas reçu. Nous avons reçu de l’aide de l’Union Européenne à travers Enabel, avec le programme Sanita-Ville-Propre», déplore le président de la CONAAG.
Madame Barry Fatoumata Binta, secrétaire générale de la CONAAG a pour sa part sollicité à l’endroit des autorités une meilleure assistance qui sans doute contribuera à valoriser le secteur en appuyant les PME de pré-collecte et de booster l’employabilité des jeunes. «Avant, si vous voyez pour la plupart des gens qui étaient dans ce secteur c’était des analphabètes qui géraient les PME. Mais actuellement ce sont des jeunes diplômés qui n’ont pas postulé pour qu’ils soient employés à la fonction publique, qui ont eu le courage de créer leurs propres entreprises, de les gérer. Mais je vous assure avec ce secteur d’assainissement, c’est un casse-tête total. Au fait, on a la volonté de travailler. Nous sommes une équipe d’hommes et de femmes qui créent l’emploi, qui s’emploient et qui emploient d’autres, qu’est-ce qui manque pour encourager ces jeunes pareils à évoluer?»
Pour finir, Akoï Koïvogui, directeur exécutif de la CONAAG d’interpeller les autorités au plus haut niveau sur les dangers et les difficultés d’accéder à la décharge de Dar-es-Salam «Actuellement, il y a un problème de décharge. La décharge est saturée. On ne peut pas envoyer plus de 1000 tonnes par jour. Donc il faut que le gouvernement, le CNRD, le président de la république, trouvent une solution immédiate à ça avant l’hivernage. Sinon ça va créer des dégâts à Conakry. Nous ne voudrions pas que ces dégâts-là arrivent. Donc il faut trouver une décharge secondaire qui peut permettre à toutes les autres communes de Conakry d’envoyer les déchets dans ce lieu. Et je crois que vers les communes du Nord on peut trouver une décharge, même pour un petit temps, ça peut permettre d’envoyer une décharge transit», a-t-il recommandé.
Mamadou Yaya Barry
L’article Pré-collecte des déchets solides en Guinée: Sekou Keïta de la CONAAG monte au créneau et dénonce est apparu en premier sur Mediaguinee.com.