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À N’Zérékoré, chef-lieu de la région forestière, une pénurie persistante de farine et de sucre met à rude épreuve les commerçants et les ménages. Depuis plusieurs semaines, ces produits de première nécessité se font rares, provoquant une envolée des prix sur les marchés.
Au grand marché de la commune urbaine, les étals se vident, les visages se ferment et les plaintes se multiplient.
« C’est la rareté du sucre et de la farine qui a fait flamber les prix. D’habitude, je vends entre cinq et dix camions de farine par mois. Ce mois-ci, je n’ai pas reçu un seul camion », témoigne Elhadj Ibrahima Kolon Baldé, grossiste.
Selon lui, la pénurie trouve son origine dans des retards d’acheminement du blé vers l’usine de transformation. Il précise toutefois qu’une cargaison serait en route, ce qui pourrait temporairement atténuer la crise.
« L’usine est en rupture de blé. Mais j’ai appris que la production a repris. Si le stock arrive, cela pourrait stabiliser les prix pendant une semaine. Il n’y a pas eu d’augmentation à la source : la hausse vient de la pénurie, pas de nous. »
Cependant, certains profitent de la situation pour spéculer.
« Des sacs de farine ou de sucre se vendent ici à 600.000 GNF. Je ne sais pas d’où ils viennent, mais sûrement pas de nos circuits », déplore-t-il.
Les commerçants soulignent que les circuits parallèles, notamment ceux venant de Kolé ou Lola, échappent souvent au contrôle. Ils dénoncent une hausse injustifiée par rapport aux prix d’usine.
« Nous achetons la farine entre 340.000 et 350.000 GNF. Avec le transport, cela monte de 5.000 à 15.000 GNF. On peut donc vendre autour de 395.000 GNF. Mais la crise est arrivée au pire moment. »
Une situation encore plus complexe pour le sucre
Le sucre, importé, est encore plus difficile à obtenir.
« Avant, un sac se vendait entre 395.000 et 400.000 GNF. Aujourd’hui, il atteint 600.000 voire 650.000 GNF. Même à Conakry, il y a eu une rupture. Et comme nous sommes loin, la capitale est toujours prioritaire », explique un commerçant.
Pour les détaillants, c’est un véritable casse-tête économique.
« Le kilo de sucre était à 10.000 GNF. Quand le sac est monté à 650.000, on le revendait à 15.000. Hier, j’ai trouvé un sac à 480.000, donc aujourd’hui je vends à 14.000 GNF. Mais ce n’est pas rentable », confie une vendeuse.
Elle déplore également les pertes de volume à la revente : un sac ne donne que 44 à 45 kilos au lieu des 50 prévus.
« Avant, je vendais deux à trois sacs par jour. Maintenant, je n’écoule même pas un seul. Je demande aux autorités de plafonner le prix du sac à 300.000 GNF. Ce serait raisonnable pour nous et pour les clients. »
Les boulangers en grande difficulté
La pénurie de farine affecte gravement les boulangers, impactant ainsi l’approvisionnement en pain. Pour tenter de contenir la crise, la chambre préfectorale de commerce a initié une distribution ciblée de sacs de farine réservés aux boulangers.
« Il fallait s’inscrire avec nom et numéro. On nous a ensuite appelés pour nous remettre cinq sacs chacun, à 410.000 GNF l’unité », raconte Satenen Barry, boulanger.
Il lance un appel à l’aide aux autorités pour faciliter l’accès à la matière première.
Issiaga Bérété, trésorier de la chambre de commerce, confirme l’ampleur de la crise : « cela fait deux semaines qu’il n’y avait plus de farine à N’Zérékoré. Heureusement, la société Tafagui a acheminé hier soir 1.000 sacs. Nous les distribuons aux boulangers à raison de cinq sacs par personne. Il n’y en a toujours pas. Certains vont jusqu’à Kissidougou pour s’approvisionner, ce qui accentue la hausse. On nous promet une nouvelle cargaison, peut-être dès lundi », a-t-il déclaré avant de rappeler que la crise est d’ampleur nationale.
« Elle vient de Conakry. Même les marchandises qui arrivent sont stockées directement dans les magasins de Madina. Le gouvernement avait pourtant fixé les prix : 394.500 GNF pour la farine et 385.000 GNF pour le sucre. Mais pour l’instant, il n’y a rien à vendre. »
Une réponse urgente attendue
Face à cette situation alarmante, commerçants et consommateurs appellent à une intervention rapide des autorités. Sans mesures concrètes, la crise pourrait s’aggraver dans les jours à venir, compromettant l’accès aux denrées de base pour de nombreuses familles.