Mutilations génitales féminines : la CERREGUI dévoile les résultats de la recherche menée en Guinée, au Kenya et en Somalie

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La cellule de recherche en santé de la reproduction en Guinée (CERREGUI) a présenté à Conakry hier, mercredi 31 mai 2023, les résultats de la recherche effectuée dans plusieurs régions de la Guinée, du Kenya et de la Somalie sur les mutilations génitales féminines. Cette étude s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle approche des systèmes de santé pour la prévention des mutilations génitales féminines utilisant un système de communication centrée sur les personnes dans les 3 pays. L’atelier de dissémination des résultats de la recherche a réuni les acteurs de la santé desdits pays, les membres de la CERREGUI, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’ambassade du Royaume-Uni, a constaté un des reporters de Guineematin.com qui a assisté à cette présentation.

La recherche de cette nouvelle approche dans la prévention des mutilations génitales a été faite dans deux régions de chacun des pays concernés par cette méthode. Elle a consisté à utiliser les agents de santé pour sensibiliser les femmes et filles qui vont dans les structures sanitaires pour les consultations prénatales sur les MGF.

Pr Mamadou Diouldé Baldé, coordinateur de la cellule de recherche en santé de la reproduction en Guinée

« C’est la deuxième étape que nous voulons restituer aujourd’hui, parce que ça c’est l’évaluation des interventions qui sont issues de la première étape que nous avons réalisée exclusivement en Guinée en 2018, restituée en 2018. À partir de ces résultats, l’OMS Genève a initié avec les ministères de la Santé des différents pays une nouvelle recherche qui va tester les instruments pour voir comment participer à la réduction du risque d’excision, que l’on appelle communément aussi mutilation génitale féminine. Malheureusement notre pays fait partie des pays en tête de liste pour la fréquence très élevée des mutilations génitales féminines avec la Somalie. À ce titre, nous avons testé les nouvelles approches en disant qu’on va s’adresser aux femmes enceintes qui viennent pour la consultation prénatale. Dès ce moment on les sensibilise, on a formé donc les prestataires de santé dans ce sens, on a utilisé 2 régions (Faranah et Conakry) pour tester cette approche en Guinée, 2 régions au Kenya et la même chose en Somalie. On a testé la méthode pour voir si ensemble en sensibilisant très tôt les futures mamans pour que quand elles vont donner naissance à des enfants si c’est des filles qu’elles ne soient pas excisées. Et l’approche a très bien porté ses fruits parce qu’effectivement on a eu un groupe où on a testé la méthode et un 2ème groupe de contrôle où on a pas testé la méthode. À la fin on évalué les 2 groupes et celui qui a testé la méthode était 6 fois plus enclin à abandonner l’excision que le groupe qui n’a pas été testé », a expliqué Pr Mamadou Diouldé Baldé, coordinateur de la cellule de recherche en santé de la reproduction en Guinée.

Après l’utilisation de cette nouvelle approche, il s’avère que les prestataires de santé sont un vecteur très efficace pour la promotion de la lutte contre les mutilations génitales féminines car ils sont en contact direct avec les femmes et filles enceintes.

Christina Pallitto, département de la santé sexuelle et reproductive OMS Genève

« On a trouvé que les prestataires de santé peuvent être des gens du changement pendant les consultations routinières prénatales. Les prestataires de la santé ayant reçu la formation qui ont communiqué avec les clientes prénatales pendant les visites, et celles qui ont reçu la communication étaient plus favorables à résister aux MGF et plus impliquées pour la lutte contre les MGF. C’est très important d’incorporer un élément de prévention dans le secteur de la santé avec des programmes multisectoriels en Guinée et dans les autres pays qui sont touchés par la pratique des MGF », a rappelé Christina Pallitto, département de la santé sexuelle et reproductive OMS Genève.

Et pour Dr Dieney Fadima Kaba, directrice nationale de la santé familiale et de la Nutrition au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, ce changement vient à point nommé car depuis plusieurs années la lutte contre les MGF est menée en Guinée mais le résultat n’est pas à hauteur des attentes.

Dr Dieney Fadima Kaba, directrice nationale de la santé familiale et de la Nutrition au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique

« Si il y a 20 ans nous luttons contre une pratique, on arrive pas encore à la réduire de façon significative, il y a lieu de s’interroger sur ce qu’on est en train de faire pour voir s’il n’ y a une autre façon d’envisager la lutte. Et donc, c’est en cela que la recherche constitue un élément essentiel permettant de comprendre les comportements et normes sociales qui favorisent cette pratique en vue de mieux agir sur ces normes pour produire le changement souhaité afin de réduire cette pratique néfaste pour la santé des femmes et filles dans notre pays », a-t-elle indiqué.

En Guinée comme ailleurs dans le monde, les mutilations génitales féminines continuent de se faire, alors il est important d’intensifier les efforts pour y mettre fin. C’est qu’à fait l’organisation mondiale de la santé qui a soutenu cette nouvelle approche.

Dr Cécé Vieux Kolié, conseiller pharmaceutique OMS en Guinée

« Les mutilations génitales féminines sont une pratique traditionnelle néfaste qui touche 200 000 000 de femmes et de filles dans le monde entier. Cette pratique est une violation flagrante des droits de la femme et de la fille, notamment leur droit à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique. Cette pratique conduit parfois à des tragédies dont les décès prématurés. En Guinée selon l’EDS, 95% des filles et femmes de 15 à 49 ans ont été victimes de mutilation génitale féminine…Ce sont en effet 390 000 filles de moins de 15 ans qui subissent encore cette pratique chaque année. Cela nous interpelle à accélérer les efforts et les investissements en faveur des enfants et des jeunes filles pour parvenir à un abandon total de cette pratique. Bien qu’il s’agisse d’une pratique millénaire, il y a des raisons de penser que nous pouvons mettre fin aux MGF en une seule génération », a fait savoir Dr Cécé Vieux Kolié, conseiller pharmaceutique OMS en Guinée.

De son côté, Alishba Khaliq, première conseillère de l’ambassade du Royaume-Uni, a rappelé la ferme volonté de son pays de lutter contre cette pratique néfaste pour la santé des femmes et filles.

Alishba Khaliq, première conseillère de l’ambassade du Royaume-Uni

« Le gouvernement britannique est fermement déterminé à mettre fin à la violence basée sur le genre, et la mutilation génitale féminine est l’une des manifestations la plus extrême de la violence: cela cause des dommages physiques et émotionnels considérables aux personnes et exerce une pression énorme sur le système de soins de santé. Le traitement des complications liées aux MGF coûte aux 27 pays les plus touchés la somme astronomique d’1, 4 milliards de dollars par an…Le Royaume-Uni a eu le plaisir de soutenir la nouvelle étude que nous examinerons en détail aujourd’hui et le Royaume-Uni est bien connu pour son rôle de la lutte contre les MGF », a-t-elle dit.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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