Monénembo ferme : « Il est temps de faire comprendre à ceux qui nous gouvernent que les Guinéens sont des humains et non des … »

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Le célèbre écrivain Guinéen, Tierno Monénembo, qui suit de près le déroulement de la transition, ne décolère pas contre ce qu’il qualifie de dérives de la junte militaire.

Dans un entretien accordé à notre rédaction ce jeudi 05 septembre 2024, date anniversaire de la prise du pouvoir par les forces spéciales guinéennes, l’écrivain de renom a fait part des ses inquiétudes vis-à-vis de l’enlèvement des leaders du FNDC, mais aussi d’une éventuelle candidature du président de la transition.

Selon l’auteur du roman les crapauds-brousse, il n’y a aucune garantie qui pourrait empêcher Mamadi Doumbouya, de vouloir participer à la prochaine présidentielle.

« Ce projet de constitution n’a qu’un seul et unique objectif : permettre au putschiste Mamadi Doumbouya de conserver le pouvoir par le truchement d’une élection déguisée. Il n’y a plus aucun obstacle l’empêchant de postuler à un mandat présidentiel. », fait-il remarquer d’entrée, avant d’ajouter que la charte de la transition a été littéralement foulée au pied et que les Guinéens doivent rejeter cette nouvelle loi fondamentale.

« C’est encore une fois la consécration du chef, le parachèvement du pouvoir personnel avec les dramatiques conséquences qui en découlent. Décidément, nous sommes incorrigibles ! L’escalier qui mène au totalitarisme est toujours là depuis Sékou Touré et ce sont les mêmes matériaux qui nous servent à en façonner les marches : la lassitude du peuple et la lâcheté de nos élites, de toutes nos élites qu’elles soient universitaires, militaires ou religieuses. Nous devons massivement rejeter ce texte, nous devons enfin prouver au monde que nous sommes un peuple, un vrai et non comme nos ennemis le disent souvent un ramassis de chenilles. », poursuit-il.

Pour aider le président de la transition à rester au pouvoir, l’on constate déjà la prolifération des mouvements de soutien initiés par des jeunes dans le pays. A cet effet, Monénembo rappelle que cette mauvaise pratique existe depuis l’indépendance.

« Les jeunes n’ont rien décidé du tout et vous le savez très bien. C’est le même ignoble procédé depuis 1958. On puise dans les fonds de l’État pour financer de faux mouvements de soutien. On parle d’un carnaval à Faranah, d’un tournoi de football à Labé etc. Ça a toujours été comme ça et malheureusement la misère ambiante et l’inconscience politique savamment entretenue de notre jeunesse favorisent ce genre de manipulation. Pauvre Guinée ! », a-t-il fustigé.

Pendant que des mouvements de soutien continuent de s’implanter, deux acteurs de la société civile restent introuvables depuis près de 60 jours. D’où l’inquiétude de l’écrivain.

« Comment ne pas s’inquiéter quand des citoyens disparaissent du jour au lendemain sans laisser de traces ? Soit, nos deux compatriotes ont été kidnappés par des brigands ou par des terroristes, soit ils sont dans les mains des services secrets guinéens puisque le procureur général affirme que la justice guinéenne ses prisons comme ses tribunaux, n’a rien à voir avec leur disparition. », a-t-il déclaré.

Pour cette disparition forcée de Foniké Menguè et de Mamadou Bilo Bah, Tierno Monénembo exgige une enquête sérieuse et des explications claires, de la part des autorités.

« Dans les deux cas, nous avons le droit de demander des comptes à Mamadi Doumbouya. Dans le premier cas, nous exigeons une enquête officielle et transparente. Dans le second, notre Général doit nous dire clairement si nos compatriotes sont morts ou vifs, et s’ils vivent encore, le lieu et les conditions de leur détention. Il est temps de faire comprendre à ceux qui nous gouvernent que les Guinéens sont des êtres humains et non des moutons de Tabaski. », a-t-il exigé.

Hadja Kadé Barry

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